mercredi 21 décembre 2011

Mes nuits ne sont pas plus belles que vos jours

   Il faut parfois passer une nuit à l'hôtel. Vous je ne sais pas, mais moi je ne suis pas riche. Je ne fréquente donc pas les établissements huppés, et quand je lis ce que Renaud Camus écrit dans son journal sur la qualité de sommeil des hôtels pour riches, je me dis que la plupart de mes hôtels pour pauvres ne démérite pas, loin de là. J'ai même connu des  hôtels bon marché qui frôlaient le paradisiaque, dont un à Limoges dans le quartier de la gare, tenu et animé par une aimable rousse.   On passait derrière l'accueil, et on rejoignait les chambres sobres et proprettes disposées autour d'une cour carrée fleurie, tapissée de passiflores. L'endroit était bondé de gens qui ne hurlaient pas, ne claquaient pas les portes la nuit et petidéjeunaient sans mâcher la bouche ouverte.  Il y eut une autre chambre, à Saint-Nectaire, dont les fenêtres ouvraient sur la  cathédrale romane qui est une des plus belles cathédrales romanes au monde, n'ayons pas peur de l'affirmer. On y mangeait (on y mange peut-être encore, mes souvenirs se rapportant à ce lieu ont dix ans) une excellente truffade dans une salle de restaurant si kitsch qu'elle aurait pu figurer tel quel dans un musée du kitsch, en tant que performance artistique inégalable. L'aubergiste ressemblait d'une façon hallucinante à Patrick Timsit, la chambre sentait la cire, le feu de bois et l'orange, et tout vibrait quand les cloches de la cathédrale résonnaient.  Il y eut cette chambre d'hôte en face de la cathédrale Sainte-Foy de Conques. Je regardais par la fenêtre  les foules de touristes qui mangeaient des glaces et prenaient en photo le tympan, j'entendais ceux qui braillaient le plus fort  commenter  les vitraux de Soulage - comme c'est moche, comme c'est admirable - et je voyais les pèlerins s'abattre, épuisés, devant la maison des pèlerins en attendant l'ouverture des portes. Et, la nuit, le silence magnifique.
L'hôtel où j'ai passé une nuit le mois dernier  se tenait dans une petite moyenne, assez basse la moyenne. La douche fuyait en chuintant et toussait parfois, même quand on ne l'utilisait pas. Le lit avait un matelas neuf, mais la moquette alopécique formait des cloques qui pschittaient sous le pied.  J'ai failli m'endormir, quand les voisins sont arrivés. Là, j'ai commencé à penser de très vilaines choses à propos de l'isolation phonique des cloisons, puis à propos du couple voisin. Le type s'est mis  à chanter, ce n'était presque pas désagréable car il avait une belle voix de baryton, bien juste et bien posée, mais "je suis malade" de Serge Lama à minuit, c'est moyen. Chante moins fort, Freddy, susurrait une voix fluette, tu vas déranger la  dame dans la chambre d'à côté, je viens de l'entendre soupirer et tourner les pages de son livre.  Bon, elle a juste dit la première partie de la phrase qui s'arrête à "déranger", mais elle aurait pu dire le reste, on entendait tout, vraiment TOUT. Freddy, pas mauvais bougre au fond, a fredonné autre chose sur un ton plus bas.  Puis j’ai entendu leur douche à eux, raclements de tuyaux, chute de flacons, rots de lavabo, et ce qui devait arriver arriva, ils ont commencé à gémir, elle sur le mode tourterelle, lui sur le mode taureau de Camargue, mords pas si fort Freddy, laisse-toi faire Caroline, putain laisse-toi faire.  Vu comme les choses s’engageaient, je me suis dit qu’ils en avaient pour cinq minutes au maximum, et que Freddy et Caroline s’endormiraient ensuite dans les bras l’un de l’autre, pour leur plus grand bonheur et pour le mien, qui m’importait alors davantage.
Malheureusement, on ne peut pas faire confiance aux hommes. Tous des sales types violents, égoïstes et impératifs. D’irrécupérables ennemis de classe, comme nous le serinent  les féministes absolues.  Quand la mâle voix du Freddy s’est adoucie et enrichie de trémolos « mais pourquoi tu veux plus me sucer ? Ça fait combien de temps que tu m’as pas sucé, hein, Caroline ? Allez, fais moi plaisir, suce-moi… » j’ai eu l’intuition que l’affaire allait durer plus longtemps que les cinq minutes espérées. Allez,  suce-le, Caroline, vite fait bien fait, qu’on en finisse et que je dorme, pensai-je de toutes mes forces. J’entendais les draps bouger, les coups dans le mur. Puis Caroline : « pose ce gun, Freddy, POSE CE GUN, je ferai ce que tu voudras, TOUT CE QUE TU VOUDRAS mais pose ce gun. »
Aïe aïe aïe… J’aurais bien crié un truc du genre « eh, ça va pas là dedans ? Arrêtez ou je préviens les flics, hein ! » Mais j’avais peur que Freddy, de dépit, ne file une tarte à Caroline ou pire encore. Et un coup de gun à moi pour effacer le témoin. J’ai attendu deux secondes. Puis Caroline, sur un ton suraigu  « t’es dégueulasse, Freddy, j’te l’aurais fait quand même, j’vais t’le faire, mais pose ton gun ! ». 
Je suis allée à l’accueil. Le couloir était dans le noir, et, au bout, un écran d’ordinateur éclairait la dame de l’hôtel, rousse quinquagénaire aux yeux brillants qui tchattait sur un site « rencontres moins de trente ans ».  C’est pour la douche ? m’a-t-elle demandé. Je lui ai expliqué l’affaire et l’urgence de l’affaire. Elle m’a adressé un regard de Mado maquerelle puis quelques paroles apaisantes dans le style chacun chez soi et on ne se mêle pas de la sexualité des autres. Oui, mais quand même, ai-je objecté, sous la menace d’une arme… Ouais, a-t-elle répondu, mais je les connais. Ils viennent tous les ans, ils font le salon de l’habitat, ils restent ici trois nuits.  Le plus chiant, c’est qu’y vous empêchent de dormir, mais vous inquiétez pas  pour la p’tite, c’est leur façon à eux de s’amuser.
On a discuté cinq minutes du salon de l’habitat et de la TVA hôtelière.
De temps en temps la terre penche.  J’avais cette impression courante de vivre des époques mélangées et de réagir à contre temps, quoi que je fasse. Je suis retournée me coucher. Caroline avait fini ses œuvres ou bien elle était morte, Freddy ronflotait.
Le lendemain matin je les ai vus à l’accueil de l’hôtel.
Caroline mesurait près de deux mètres, avait un corps de nageuse Est-Allemande, un cou de bœuf, une tête de boxeur posée dessus et des cheveux drus et noirs coiffés en brosse. Freddy le baryton ressemblait à un ange de Fra Angelico, atteignait la taille d’un enfant de douze ans, et démêlait ses boucles blondes en les étirant avec ses doigts longs, fins, blancs et roses.

vendredi 4 novembre 2011

Charlie-Hebdo est d'extrême droite

 Charlie-Hebdo l'a bien cherché.
C'est ce qui ressort de la lecture des blogs ou comptes twitters  de blogueurs tels Les Entrailles de Mlle S, CSP, Crêpe Georgette, etc .
Sur le site officiel du NPA   on garde un silence en béton sur  l'affaire Charlie. 
"Je considère que certaines choses publiées par CH sont illégales (haine raciale). Je ne les défends donc pas." dit Valérie ( Crêpe Georgette)"Charlie Hebdo, journal qui, paraît-il, a été de gauche mais qui est aujourd'hui franchement du côté de l'extrême-droite." lit-on dans le Courrier International, qui cite K.Sélim, éditorialiste du quotidien d'Oran.
Et l'on tape et retape sur ceux qui osent toute critique de l'Islam. Ce n'est pas qu'on ne puisse critiquer les religions, assurent-ils tous, mais on si on critique l'Islam comme ci ou comme ça, ou plus qu'une autre religion, c'est du racisme.
Quelle que soit la façon dont tu critiques l'Islam, même si tu avances en plantant les préalables habituels (toujours déconsidérés, toujours dénoncés comme procédés) selon lesquels  tu ne t'en prends pas aux étrangers, immigrés, Noirs et Arabes mais à tout ce qui dépasse ce que toi tu trouves admissible en matière d''inégalité hommes-femmes, séparation des sexes dans l'espace public, islam politique, etc, quoi que tu dises et quelle que soit la manière dont tu le dis, tu es islamophobiquement raciste, donc tu rejoins l'extrême-droite.
Bon sang, qu'est-ce qu'elle est foisonnante et hypertrophiée, pour eux, l'extrême-droite !
Sont islamophobes ceux qui ont légiféré sur le voile à l'école, la burqa dans la rue. Sont islamophobes et racistes ceux qui ont défendu la crèche Baby-loup contre  une intégriste qui prétendait travailler voilée de la tête aux pieds, sont islamophobes ceux qui se sont sincèrement réjouis d'un espoir de démocratie pendant les printemps arabes et s'attristent de choix islamistes maintenant. Sont islamophobes ceux dont le premier mouvement a été de dire sur son blog "solidarité avec un journal brûlé".
Ils jouent sur la honte qu'on aurait à se faire taxer de racisme alors qu'on sait bien, grosso modo,  quand  le racisme est le fond du problème ou pas,  et ça fonctionne au poil ! ça fonctionne tellement bien que les Arabes athées, ou les musulmans  non islamistes et laïques se retrouvent isolés,  coincés entre le vrai racisme de certains Français  de souche (de toute façon, "ils" se valent tous, les crouilles sont tous comme ça, celui-là est un menteur juste plus habile que les autres,  faut tous les virer) et les islamistes qui les traitent de traitre à leur communauté, sans qu'il y ait grand-monde à gauche pour les soutenir et les défendre. Quelle incohérence et quel dommage! 
Je pense en ce moment à Nadia el Fani pour la Tunisie et  à Hassen Chalghoumi, l'imam de Drancy  qui nous demande d'arrêter de soutenir les islamistes chez nous. Ils sont courageux.

mardi 25 octobre 2011

Islamisme modéré mon cul

J'écoute les matins de France Culture où pérorent les islamistes tunisiens. Total désarroi. Je me connecte pour  lire ce qu'en disent nos grands quotidiens. Ils se félicitent de "la grande démocratie du scrutin." Et les politiques ? "Ce scrutin est un exemple pour la région et le monde".( Hilary Clinton.) Chouette.

Et les blogs de gauche, qu'en disent les blogs de gauche ?

Rien.Y causent de Sarko. Et pis de leur petit moi et pis de la Crise. Remarque, qu'est-ce qu'on en a à cirer qu'un pays étranger choisisse ses dirigeants ?  On ne s'intrusera pas.  Romain Blachier a présenté hier la candidate de gauche des Tunisiens résidant en France.  Je suis tellement à l'ouest, dans mon wild wide Ouest, que je ne savais même pas qu'on pouvait voter autrement que dans les ambassades ou par correspondance. C'est fait: les Tunisiens de France ont voté majoritairement islamiste. Catastrophe.
Je croyais vraiment qu'il y avait, chez les maghrébins vivant en France, le même panorama politique que pour les Français en général. Qu'il ne fallait pas confondre les islamistes avec la majorité des musulmans modérés, forcément modérés. Modérés, ça veut dire solubles dans la démocratie, conciliants avec les lois républicaines, laïques, etc, etc. En tout cas, pas islamistes, pas islamistes du tout. Les islamistes sont des ennemis politiques qu'il faut combattre, tout le monde est d'accord, et il ne faut pas faire l'amalgame entre les islamistes et l'immense majorité des musulmans de France dont on ne parle pas puisqu'ils ne font pas parler d'eux, et qui sont des modérés intégrés ou en voie d'intégration. C'est ce qu'on disait encore avant-hier matin.
 La majorité des Tunisiens vivant en France vient de voter islamiste. Qu'est-ce qui empêche d'imaginer que la majorité des autres musulmans voterait aussi islamiste si l'occasion se présentait ?  
Qu'est- ce qui empêche d'imaginer que si les étrangers avaient le droit de vote pour les municipales, par exemple, il y aurait un plusieurs partis islamistes en lice ? Gageons alors qu'il y aurait une certaine gauche se réjouissant de la chose, mais la gauche normale, la gauche majoritaire, le centre gauche, les républicains, les démocrates, qu'en diraient-ils, que feraient-ils ? Qu'en disent-ils maintenant ?

Alors, on en est où ?

jeudi 20 octobre 2011

Se promener






...

jeudi 13 octobre 2011

Enfin la fin.







C'est bientôt le bug du 11/11/11, avec fin du monde à la clé.  On aurait tort de se préoccuper  de vétilles. Il reste 29 jours avant la fin du monde et j'ai précisément 29 bouteilles de Bourgogne dans ma cave.
Si ce n'est pas un signe....

vendredi 7 octobre 2011

Bravo, Odette Christienne !

à Malavita

On s'amuse bien parfois au Conseil de Paris.

Il y a quelques jours, deux élus écologistes de la ville de Paris ont  accusé de prosélytisme religieux les soldats du 1er Régiment d'infanterie de marine (Rima) basés à Angoulême.
Le journal Sud-Ouest relate la chose d'une façon amusante, et propose la vidéo de l'intervention de Sylvain Garel EELV (Europe Ecologie Les Verts), à qui répond Odette Christienne, PSRGA (Parti socialiste, Radicaux de gauche et apparentés)

Le discours réquisitoire de l'écologiste m'a fait éclater de rire. Je n'arrive pas  à comprendre si ce type d'argumentaire est sincère, si celui qui l'utilise y croit, ou s'il prend seulement les auditeurs pour des cons qui, eux, vont y croire. Est-ce qu'il y a juste un jeu politique, ou bien un aveuglement authentique mais bizarre quant au sens des mots, au bon sens tout simplement et à la culture élémentaire  qu'on savoure dans  la réplique  de la vieille maîtresse d'école ? C'est elle qui a récolté les applaudissements, en tout cas.
Là, au moins, le bonnet d'âne n'a pas été perdu pour tout le monde, et l'écolo caricatural devra réviser sa leçon.
Allez voir cette video, que je n'arrive pas à mettre en ligne.

mercredi 5 octobre 2011

Comment participer à la connerisation des électeurs


   J'ai lu Politis, que je cite dans mon dernier billet. (Soutenons notre camarade Houria, qui   prédit un avenir racialisé et plutôt sombre aux souchiens). J'ai lu l'article qui accuse Elisabeth Badinter de se rallier au blond panache de Marine Le Pen. Vive la citation tronquée, et le pari sur la paresse intellectuelle des [e]lecteurs. J'ai failli en faire un billet, mais je me dis de plus en plus "à quoi bon"...
Et Polluxe en a fait un,  explicite et judicieux: Badinter est fasciste et puis c'est tout.
Rien à ajouter.

lundi 3 octobre 2011

Appel à la haine (ou soutenons Houria Boutelja)

Qui a dit:

Il faut légiférer sur la diversité parce que bientôt, les blancs, vous serez une minorité, alors vous serez bien contents d'être respectés en tant que minorité. C'est dans votre intérêt. (1)

ou :
[...] Bientôt il sera trop tard : les Blancs ne pourront plus entrer dans un quartier comme c’est déjà le cas des organisations de gauche. Ils devront faire leurs preuves et seront toujours suspects de paternalisme. Aujourd’hui, il y a encore des gens comme nous qui vous parlons encore. Mais demain, il n’est pas dit que la génération qui suit acceptera la présence des Blancs. »[...]N’importe quel Blanc, le plus antiraciste des antiracistes, le moins paternaliste des paternalistes, le plus sympa des sympas, devra subir comme les autres. (2)

Cette courageuse porte-parole  du groupe révolutionnaire Les Indigènes de la République va subir injustement les foudres de la justice colonialiste à la solde des souchiens.
Il faut la défendre ! 
Allez signer la pétition avec nos frères et sœurs musulmanistes,  nos amis de la charia, nos sociologues voilées, Solidarité avec Houria Bouteldja, sur Politis, relayée par le NPA.


(1)Houria Boutelja, dans l'émission de Taddei, Cultures et dépendances

(2) Entretien avec Houria Boutelja réalisé par Christelle Hamel et Christine Delphy, juin 2005.
***
Mes billets précédents à la gloire de l'héroïque féministe islamiste se trouvent en tapant sur le libellé "islam et bonheur du monde."

mercredi 21 septembre 2011

Tout est la faute à l'Islam.

 J'ai fait ma tournée de presse et de blogs ce matin. J'ai l'impression que le blogueur se fatigue, ou alors ce sont les commentateurs. Oui, mais comme les commentateurs sont aussi des blogueurs, ça vaut pour tout le monde. Les vieux blogs s'useraient-ils ?
Je regarde ma bloguerolle. Un coup de barre chez Nicolas, mais lire les dessous de la campagne électorale et les commentaires qu'ils inspirent, bof. Sa bloguerolle a lui est pleine de titres évoquant malheurs et catastrophes. Un coup de barre chez Didier Goux , son dernier billet cause de l'Islam au Canada. Merde à l'Islam, d'accord, mais aujourd'hui je fais relâche. Un coup de barre chez Mtislav, dont la bloguerolle abrite le fleuron des leftblogs comme celui de nos amis les Rrums qui me font parfois rire. Avant, j'allais chez le Coucou pour cela mais bien que son blog lui survive et que sa bloguerolle soit à flot, je n'y vais plus. Tiens, l'écureuil a écrit un billet : le site internet de la ville de Tours hacké. Dans les commentaires, Mike Hammer Papatam Andropov indique que celui de Rennes aussi. Diantre, pensai-je aussitôt, encore un coup des islamistes. Je me suis moqué de moi au moment où je l'ai pensé, bien entendu. Si ça se trouve, c'est juste un coup des Juifs et des Francs-maçons. Je clique sur le lien offert par Patatam Andropov, qui mène au site Rennes ma ville. Et là, qu'est-ce que je lis ? Je vous le donne en cent, je vous le donne en mille ?

Depuis ce matin, un message indique que le site internet de la ville de Rennes est en maintenance. Selon nos informations, le site internet de la ville aurait été la cible d’une attaque. Cette dernière a été revendiquée par TeaMpOisoN hackers, sur le réseau social Twitter avec le message suivant : « Offical Website Of The City Of Rennes (France) Hacked. - http://www.rennes.fr - reason : against the banning of prayer in public #TeaMp0isoN ».

Attaque politique ?
Selon ce message, « l’interdiction de prières dans la rue », mise en vigueur par le ministère de l’Intérieur le vendredi 16 septembre, serait à l’origine de ce piratage....

Je vais ramasser quelques cèpes et bolets pour agrémenter l'omelette du diner.  J'espère qu'il n'y a pas de hackers de sous-bois qui injectent du poison dans les champignons pour mener le djihad en zone rurale. Si je ne donne pas signe de vie d'ici 24h, je vous demande, lecteurs chéris, de mener une action pour que le bolet de Satan et le bolet bleuissant (vénéneux) soient renommés  "bolet Mahommet"  et "bolet burka", pour que je n'aie pas mouru pour rien..

***
Le Monde en parle aussi.

mardi 20 septembre 2011

Il y a au moins une banque qui ne craint pas la crise



  Les banques Cryos ont atteint leur capacité de pointe avec 70 litres de sperme, rapporte le Telegraph anglais, et leur liste d'attente atteint les 600 donneurs (source: Le Point)

Encore un bon plan qui s'engorge. Le moindre dépôt dans ces banques vous rapportait cinq cents dollars. Vous pouvez toujours patienter dans les listes d'attente, mais inutile de tenter votre chance si vous êtes roux: sauf en Irlande, le bébé roux n'a pas la cote. 

vendredi 16 septembre 2011

J'en ai trouvé un beau

J'ai découvert un joli blog:
 
"Les néos-réacs ont trouvé leurs héros: Elizabeth, Finkie, Zemmour... Pour être tout à fait honnête, ils ne les ont pas trouvé, on les leur a offert.
Il est arrivé, en effet, un jour où l'on a ouvert des colonnes médiatiques à ces grands patriotes, très discrets sur leur amour de la France jusque là, pour une raison que ne se permettent même pas d'interroger nos fiers néo-conservateurs pourtant férus de complotisme et habituellement grands amateurs d'analyses aussi profondes que subtiles. 
[...] 
Comme, en plus, il sera toujours moins dangereux de chier sur une mosquée du 9.3 que d'interpeller le rôle d'une communauté en col blanc dans le naufrage du pays (comme peut en témoigner le pédé vénérable Renaud Camus qui a bien vite préféré diriger ses flèches contre un autre cible que celle qui lui avait valu ses premiers – et seuls vrais – déboires...), il y a incontestablement là un boulevard populiste promis à un lumineux avenir que nos amis si avides de reconnaissance sociale auraient bien tort de ne pas exploiter. "

Ces extraits sont à replacer dans leur contexte sur ce merveilleux blog, eure-et-cas, tenu par une certaine Sonia, qui commente ainsi chez Dxdiag:

"Mettre un frein à la natalité suppose evidemment le recours à la contraception, la sterilisation et l'avortement: ces actes sont incompatibles avec le respect de la dignité humaine. On ne gere pas des hommes comme des animaux, lesquels peuvent effectivement etre nuisibles a trop haute concentration, alors que l'homme possede une ame de valeur infinie que Dieu seul peut controler, c'est lui l'auteur de la vie et le decideur de la mort."

(amies féministes, bonjour!)

Pas d'souci

  La première fois que j'ai vu Staloune, c'était dans un petit restaurant où j'avais mes habitudes.  Le patron l'avait accepté en stage  d'insertion et le rétribuait en piécettes et en restes de plat du jour. Staloune était un petit manouche analphabète de seize ans très laid, obèse, avec un visage grêlé d'acné, au regard sournois et vicelard. Le juge des enfants, les gendarmes, les éducateurs, avaient fini par baisser les bras: tout ce qui pouvait être tenté en matière de protection de l'enfance et de sanctions éducatives avait été tenté, Staloune enchaînait les délits depuis qu'il savait marcher.  Même pour ses parents, c'était trop, ils lui avaient fermé la porte de leur caravane et ne répondaient plus aux flics.
Le patron de la gargotte était un ancien de l'Assistance dont le parcours de vie torrentueux  s'était calmé à cinquante ans, quand une infirmière philippine l'avait épousé puis était devenue la fleur d'automne de son joli bistro.
  Staloune, petit à petit, s'est découvert une vocation de serveur hors du commun et continue à gravir les échelons de la profession, puisqu'il est employé au Buffalo Grill, ce qui n'est pas rien. Le garçon est méconnaissable. Il a perdu trente kilos, il a la démarche  rapide, agile et dansante de Montand dans Garçon. Cet adolescent mutique est devenu le roi de l'accueil. Dès qu'un client se pointe, Staloune accourt, le sourire en avant. Ouiiiiii ? Trois personnes ? Pas d'souci.  Si vous voulez bien me suiiiivre ?  Je vous mets là, pas d'souci ?  Vous préférez le coin banquette ? Mais naturellement tout à fait, installez-vous, pas d'souci, je reviens tout de suite.
Et il revient vraiment tout de suite. Il a un carnet de notes. Il ne sait toujours pas lire, mais il a mémorisé des mots sur la carte, et il prend les commandes en écrivant des signes bien à lui qui ressemblent un peu à de la sténo, il se débrouille. Son surnom dans la boite, c'est "Padsouci". C'est incroyable comme il est poli, dit le manager de Buffalo.  Même nous qu'on recommande la politesse et la chaleur pour la clientèle, on a jamais vu un serveur poli comme ça.
En effet. Après une dizaine de sourires et de "n'hésitez pas à me faire signe, pas d'souci", Staloune revient avec un bol de  salade et un dynamique "bon appétit msieurs dames". Trente secondes après, il repasse. Tout va bien ? pas d'souci ? Bonne continuation alors. Il débarrasse la salade: ça a été ? Je vous apporte la suite, pas d'souci. Il l'apporte. Bon appétit. Il repasse. Tout se passe comme vous voulez ? Pad'souci ? Puis il enchaîne: "Excellente continuation d'appétit !"

Au dessert, il me dit qu'il vit avec la même copine depuis un an, qu'elle est enceinte et qu'ils vont prendre un appart, un vrai appart. Qu'il faudra que je passe les voir.

Pas d'souci, je lui réponds. Et tous mes vœux de superbe  continuation.

dimanche 11 septembre 2011

J'ai la mémoire qui flanche

Help, help,  help me!

Je ne sais pas  s'il vous arrive, amis lecteurs, de  chercher désespérément où, dans quoi, vous avez lu ce passage, cette phrase, cette bribe de phrase, que vous n'arrivez pas à remettre dans son contexte, c'est à dire dans son livre. Qui  a écrit ça, bon Dieu, qui, qui ? On laisse la phrase, on se dit que la mémoire vous reviendra quand vous n'y penserez plus, ou quand vous y penserez légèrement, sans insister, mais la phrase obsédante rapplique dès qu'on baisse la garde.
Dans quel livre est-il question d'un petit garçon  que sa mère envoie chercher de l'huile à l'épicerie ? La famille est pauvre, très pauvre, aussi l'enfant n'emporte pas sa bouteille vide, il n'y va même pas avec un verre, mais avec une cuiller. L'épicier lui dit quelque chose comme "et la prochaine fois, tu viendras juste pour que je te mette une tache d'huile sur ta chemise ?"

jeudi 8 septembre 2011

Tout le monde a droit à un diplôme

"La réalité de ce qui se passe en matière de réformes universitaires est tellement caricaturale que les gens non informés refusent d'y croire ! Un peu comme les communistes ont refusé de croire à la réalité de ce qui se passait en URSS pendant des décennies." ( Pierre Jourde, sur son blog )




"Vous êtes étudiants en première année de Lettres, mettons. Vous avez eu deux ou trois de moyenne à peu près dans toutes les matières? Peu importe. Il vous suffira d’un petit quelque chose, mettons un 15 en initiation à l’informatique (tout le monde a 17) et en «découverte du système éducatif» (vous pondez un petit rapport de quatre pages et vous avez forcément au-dessus de 14), voire en sport, pour passer en deuxième année. Là, rebelote pour passer en troisième année. Jusque là, tout cela n’a pas exigé trop d’efforts de votre part. Problème: à la fin de la troisième année, votre moyenne générale est tout de même quasi nulle. Les matières littéraires vous ont plombé.

Qu’à cela ne tienne: Si vous avez réussi à obtenir la moyenne dans la moitié des enseignements, quand bien même vous auriez des 4 partout ailleurs, vous avez la licence. Et vous serez titulaire d’une licence de lettres avec du sport, de l’informatique rudimentaire et toutes sortes d’options rigolotes. D’UNE LICENCE DE LETTRES. Vous avez donc le droit de vous inscrire au master, puis à vous présenter aux concours. Vous échouez? Peu importe. L’éducation nationale a besoin de vacataires mal payés et sous-diplômés (les titulaires diplômés coûtent cher). Vous voilà prof. De Lettres. Le tour est joué. Merci UNEF, merci M. le Ministre. Voilà une réforme adoptée par un ministre de droite et un syndicat paraît-il de gauche. Inutile de dire que si la droite s’est efficacement employée, depuis l’élection de Sarkozy, à démolir l’université, il n’y a aucun recours à attendre de la gauche sur ce sujet."

Ce long  extrait provient du blog de Pierre Jourde.  Je vous conseille vivement d'aller lire l'intégralité du billet : la licence dans une pochette surprise.  
Je vais arrêter de me plaindre du niveau des jeunes professeurs de mes enfants, car le pire est à venir, et il est certain !

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Arplastyc

  La petite Sarah, onze ans, nattes rousses et nez en trompette, est venue me montrer son agenda de rentrée scolaire. C'est histoire-géo, celui des profs que j'ai préféré, il est beau, et il est nouveau, personne le connait.  Il a dit qu'on commençait notre vie de collégien, qu'on était plus des petits, qu'on devait se concentrer et se contrôler, qu'il allait nous faire travailler dans le silence et que les profs de cette année allaient nous apprendre plein de choses qu'on n'oublierait jamais de toute notre vie. C'est bien, hein ?
Elle a écrit sur la deuxième page le nom de tous ses professeurs et la matière qu'ils enseignent en changeant de couleur à chaque ligne, avec des couleurs vives. Elle s'inquiète maintenant, ça ne fait pas trop gamin ? Non non, je lui réponds, c'est gai et joli. Elle a un professeur d'epéesse (en rouge) et un d'arplastyc (en bleu turquoise). Je lui demande si elle connait déjà le professeur d'arts plastiques. Bien sûr, répond-elle, il est méchant.

Voir ce nom écrit sur l'agenda de Sarah m'a  ramenée quelques années en arrière, quand un de mes enfants est rentré du collège et m'a raconté son premier cours d'arts plastiques avec ce même professeur . Le prof il nous a dit de prendre une feuille de papier Canson, il a engueulé ceux qui n'avaient pas de 220g, puis il nous a dit de la plier en deux. Alors, on l'a pliée en deux. Alors, il nous a dit qu'on l'avait tous pliée en deux parties égales, et qu'il nous l'avait pas demandé, ça. Que ça prouvait qu'on était formatés, tous pareils, qu'on n'avait pas d'esprit créatif et que ça montrait bien que le monde de l'art et notre vie ça faisait deux. Qu'on aurait pu plier la feuille n'importe comment, en plier un coin, la plier en huit, mais que TOUT LE MONDE l'avait pliée en deux parties pareilles, et qu'on était bien partis pour être des moutons obéissants, et que l'artiste c'était tout le contraire.

Et alors, Sarah, comment s'est passé ce premier cours d'arts plastiques ?
Oh, il ne nous a pas eus, ceux qui ont des frangins et des frangines plus vieux nous avaient bien raconté comment il casse. Il leur a fait le coup de "tracez un trait" ou "coupez la feuille" en redisant toujours les mêmes choses après, qu'ils n'étaient pas des artistes  s'ils mettaient un truc au milieu ou s'ils coupaient la feuille en deux morceaux pareils. Ce qui fait que quand il nous a dit "placez un point sur la feuille", nous on a tous écrit  en lettres "UN POINT", mais attention, hein, avec plein de couleurs, et surtout pas au milieu.

..

mardi 6 septembre 2011

Ô, amour d'une mère, amour que nul n'oublie



Tout à l'heure à la radio, Ségolène Royal disait: il faut que la justice soit la même pour les petits, les moyens et les

..., et là, j'ai  complété mentalement "les grands"

ben non
puissants !
que la justice soit la même pour les petits, les moyens et les puissants.
On dirait une institutrice de maternelle qui emploie des mots basiques pour que les moins de trois ans puissent comprendre . En maternelle, il y a les petite section, les moyenne section, les grande section et les maitresses omnipotentes et rassurantes.  Petits et puissants, l'image serait  claire, mais moyens  entre les deux, comme l'effet est  puéril, simplet !

mardi 23 août 2011

Les dents de la scie

 Ma vieille voisine favorite a hérité d'un de ses arrière-petit-fils (ou arrière-arrière-petit-fils*, je ne sais plus) cette semaine. Elle vient prendre un café chez moi pour me présenter le marmot, quatre ans, bouclé, blond et  gras comme un  rose angelot.  Il veut du jus d'orange, mais comme ce n'est pas le même que celui de maman, il change d'avis, demande du Coca, puis de la grenadine, puis un reste de gâteau  qu'il voit   dans le réfrigérateur. Ma voisine se plaint de n'avoir pas une minute de tranquillité avec ce petit diable bavard incapable de s'occuper seul.  Je suggère au jeune Anatole d'aller escalader un arbre ou deux, ou de chercher des mûres dans la haie. L'angelot veut une paille et entreprend l'ascension du buffet en traînant un petit banc, puis une chaise. J'entends s'ouvrir les tiroirs.  "Touche pas aux portes du buffet", crie la vieille, "ya un loup dedans". "Les loups vivent très loin dans les montagnes où il fait froid", rétorque le mouflet à qui on ne la fait pas.  Il ajoute: quand je serai grand, je serai chasseur de loups le dimanche et bûcheron pendant les vacances.  Pan, pan, mort le loup, blam, blam, tombé le grand arbre!
Une fois l'aïeule et l'enfant partis, je vais cueillir quelques poires, je débarrasse la table et m'aperçois que mon grand couteau à pain a disparu.  Quand j'arrive chez ma voisine, je la trouve   dans sa cuisine en train d'éplucher des carottes. Je lui explique en deux mots le motif de ma visite, et nous montons dans la chambre de   l'enfant  qui, dès qu'il me voit, rabat la couverture sur son lit. Nous soulevons la couverture, le grand couteau à pain est bien là, au milieu du lit, la pointe sur l'oreiller.  Son manche est emmailloté dans un foulard noué par un lacet, et il semble reposer comme une poupée qu'on aurait soigneusement couchée et bordée. Après un interrogatoire subtil mais néanmoins serré, Anatole finit par avouer son méfait: il a volé la scie. Nous rectifions: c'est un couteau, pas une scie. Anatole nous explique que non, c'est une jeune scie. Elle a besoin de sommeil, de beaucoup de sommeil pour devenir une grande et belle scie. Après quelques nuits au chaud dans le lit, ses dents auraient commencé à pousser.

*des arrière-petit-fils: alors là, je ne suis pas certaine de l'orthographe.

samedi 6 août 2011

Ni titre ni photo

La photo, je n'ai pas osé la faire. Le titre, je n'en ai pas trouvé. Remercions Didier Goux ?
 C'est après la lecture de son Journal que j'ai acheté le dernier tome du Journal de Renaud Camus, Parti pris. J'avais dit pourtant qu'on ne m'y reprendrait plus: replonger dans l'exercice de style "mille variations sur les thème "je passe la moitié de ma vie à l'hôtel, mais je déteste le bruit dans les hôtels, qu'on me vire tous ces rustres petit-bourgeois dès que j'en franchis le seuil", ou "si on ne me dit pas "Bonjour Monsieur" au lieu de "Bonjour (tout court)," je te  balance Saint-Simon et la marquise de Sévigné dans les gencives", plus les interminables visites de maisons d'obscurs écrivains nordiques dont je n'ai jamais lu un traître mot et qui me semblent parfaitement installés dans leur oubli nordique et légitimement indérangeables, sans parler des musées de provinces  qui, s'ils sont fréquentés, deviennent de ce fait  infréquentables, et s'ils ne le sont pas, ne gagneraient rien à le devenir, bref, BREF, j'ai replongé.
Lire le Journal de Renaud Camus n'est pas bon pour le promeneur. Pour celui qui désire visiter un monument, un quartier, soit, mais se promener après avoir lu le Journal de Renaud Camus, c'est mauvais pour le moral.   On voit tout ce qu'il ne faudrait pas voir, ce à quoi on ne fait pas attention. La moindre poubelle mal placée, le moindre parasol de couleur vivre flanquant (non, dénaturant, vandalisant) la façade d'un monument public, vous gâche le plaisir de regarder alentour. Le papier gras, la canette à côté de la poubelle vous exaspèrent dix fois plus qu'hors temps de  lecture camusienne.
Sinon, comme titre, j'avais à boire, vite, à boire
Je suis allée me promener dans un joli village où il y avait une exposition de photographies. Partout était écrit "expo photos". Ho, expo photos, c'est toujours mieux que foire aux tofs, non  ?" Les tofs sont trop  nazes, laisse tomber c'est mort,  mais le bled est trop beau, a dit un  gamin sur la place. C'est vrai que les gamins, la vérité elle leur sort de leur bouche, a répondu le père à la mère qui jetait des coups d'œil orgueilleux  à la ronde pour voir si tout le monde se rendait bien compte de la précocité de sa progéniture.
Eh bien je suis sûre que je n'aurais rien entendu, si je n'étais pas juste sortie du journal de Camus. Ou je ne l'aurais pas entendu si fort. Le père a offert des bouteilles de soda à ses fils, âgés de sept et huit ans environ et a secoué tiré la petite dernière, agrippée à sa poussette, pour la mettre devant la fontaine. Il ne voulait pas la noyer, bien qu'elle fût fort laide, mais la prendre en photo. Il a sorti son appareil de son sac à dos molletonné,  un  gros engin avec un zoom en érection, et clic, clic, a tourné autour de la fontaine et de sa fille en maudissant la lumière, le soleil, les nuages et la camionette du pâtissier en arrière-plan.  Un jeune homme, lui-même équipé d'un puissant camescope, fit remarquer au père qu'il gagnerait à enlever la tétine en plastique rose de la bouche de l'enfant. Pendant ce temps, les deux garçons s'aspergeaient de Fanta et de Coca et s'insultaient joyeusement. Le père tira fort pour déboucher l'enfant, le bruit de ventouse du caoutchouc mouillé qu'on décolle précéda d'une seconde seulement le  hurlement puissant de la pauvre têteuse. Juste avant de prendre le large, j'aperçus les lèvres de la fillette,  rougies et gonflées par une sorte  d'eczéma qui dessinait en relief le contour exact du truc en plastique. J'ai eu terriblement envie de sortir mon petit compact pour fixer l'expression de l'enfant, un mélange de colère et de désarroi, mais je n'ai pas osé, et j'avais mal pour elle.

Pourquoi ""à boire, vite, à boire" ? Ah oui, le soleil tapait dur sur la place du village, des touristes et promeneurs buvaient à l'ombre des parasols, à la terrasse des cafés. De cela, rien à redire, même Renaud Camus aurait trouvé sobres et pimpants à la fois les parasols blanc cassé, les chaises de métal ou de bois. C'était juste un joli petit village, pas un quartier médiéval classé.
Tous les jeunes gens, tous les enfants, avaient à la main qui un biberon, qui une bouteille d'eau, qui une canette de soda, comme si l'on était dans un désert, comme si une attaque de déshydratation subite menaçait de les envoyer à l'hôpital, à deux pas d'une fontaine, d'une épicerie, de terrasses de café. On voit de plus en plus de grands gars, de jeunes adultes, qui ne sortent pas sans leur bouteille de soda bien sucré qu'ils balancent à bout de bras, alors que pendant longtemps, devenir grand, c'était savoir prévoir, se retenir, attendre un peu.  C'est assez nouveau.

jeudi 4 août 2011

On a volé un parking


On a volé un parking: ce titre du journal  La Provence m'enchante. Je pense à la BD de Fred  Le petit cirque, dans laquelle on voyait la route s'enrouler comme un rouleau de papier au passage de la vieille roulotte. J'imagine un gang de voleurs de parking. On se lève le matin, le parking a été soigneusement découpé, enroulé, chargé. Peut-être en reste-t-il un petit morceau sur les bords. Les habitants descellent  le vestige en pleurant: c'était notre parking, et ils le déposent sur un coussinet dans la vitrine,   entre la poupée bretonne et la coupe de l'équipe des poussins du petit dernier. On va revendre les rouleaux  de parking ailleurs, plus loin, il y a un marché pour cela. Ces malins   savent y faire ! Les maires ont honte. Malgré les demandes incessantes de leurs citoyens lepénistes, ils n'ont pas voulu installer des caméras vidéo à dôme antivandales, et voilà, ce sont dix-sept voitures qui ont disparu, enroulées dans les parkings, voitures chéries qu'on ne retrouvera jamais, jamais plus.. Que faire ? Les municipalités font des appels d'offres discrets et illégaux, on rachète en douce et en liquide un autre  parking volé ailleurs, on le déroule ni vu ni connu, un coup de ciseau, un coup peinture et voilà  comment perdure ce commerce lucratif.

Aujourd'hui à Marseille, et où, demain ?

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Ajout de 18h30

De notre correspondant kremlinois sur place, voici une nouvelle plus qu'inquiétante: le parking de la Place de La Comète, lui aussi, a été volé.  Certaines personnalités politiques locales déplorent le désinvestissement des pouvoirs en place dans ce genre de situation, allant jusqu'à prétendre qu'il est calculé pour qu'un vote massif en faveur du Front National affaiblisse le prochain candidat de gauche. Cette tragique hémorragie de parkings amenuise notre prestige national et nuit au tourisme.


La Place de La Comète, après le vol de parking.(photo Nicolas.J)

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lundi 1 août 2011

Ramadan, poil aux dents.



Ramadan par ci, youpi l'islam par là, la blogosphère est pleine de ramadan.

La radio déborde de ramadan. Quand les antimusulmanistes, les allahsceptiques, les islamophobes primaires, secondaires, tertiaires et multicartes osent avancer qu'il y a je ne sais plus quel nombre de musulmans en France, c'est tout de suite la grande  levée de boucliers "touche pas à ma copine voilée" et les concerts de gémissements: "non, l'Islam  n'est pas ce que vous voyez, les vrais croyants pratiquants  qui suivent les enseignements du Coran, déjà, il n'y en a presque pas, quant aux intégristes, aux fondamentalistes, aux voilées intégrales, ça se nourrit surtout de vos fantasmes à la con".
Et là, aujourd'hui, les imams passent sur France Info, imams qui nous rappellent que le nombre de musulmans et  la pratique du ramadan vont croissant, que les mosquées chaque mois plus nombreuses sont belles, qu'on en aura bientôt assez pour accueillir les sept millions de musulmans pratiquants français et tous les futurs musulmans et tout  et tout. Et c'est l'imam de Montpellier, sur France Inter ce matin qui répond à une propriétaire de vergers hésitant à employer des gens qui travailleront toute la journée  en plein soleil sans boire (de quatre  heures du matin à neuf heures et demie, on ne boit pas) : c'est une question de culture, elle sait pas c'est quoi l'islam, cette patronne. Lui il sait pas c'est quoi le français, mais bon, c'est mal de se moquer des étrangers. Comment ça, étranger ? C'est un français comme les autres, comme vous et moi, d'abord. (Raciste, va)
 Faudrait savoir. Français comme les autres.... Quand on entend certains imams s'exprimer (pas tous, certains sont aussi cultivés et bons parleurs que les jésuites), il y a de quoi être inquiet de voir remonter l'islam des caves aussi violent et misogyne sur le fond que dans  la forme.
Eh bien ce n'est pas moi qui vais les  plaindre de crever de soif à côté des fontaines et des robinets d'eau fraîche, vivent les religions, avec leurs rites magnifiques, leurs cilices, leurs voiles, leurs flagellations, leurs femmes impures, et je suis bien contente que ce ramadan se déroule pendant des grandes vacances, au moins les professeurs n'en feront pas les frais à la rentrée.
C'est aussi le premier jour du Tro- Breizh, pèlerinage des Sept-Saints de Bretagne, d'une cathédrale à l'autre pendant sept jours, à pied en vélo à cheval.Les pèlerins ont le droit de boire, et ne boivent pas que de l'eau à la veillée. Ils sont plus discrets sur les ondes aussi, rapport de force oblige (pour les médias en tout cas).
Espérons que le dieu des chrétiens et le dieu des musulmans puissent se repaitre  de quantité de grasses prières pour ne pas envoyer en enfer les petits Somaliens non baptisés qui crèvent de faim, qu'ils fassent un peu pleuvoir (allez les gars, on se défonce sur les rogations, on est une équipe, on va y arriver), qu'ils rabattent un peu la superbe de ceux qui achètent des terres pour y faire pousser le combustibles de leurs trois bagnoles par foyer, et bousille les milices islamistes qui se foutent l'aide humanitaire dans les poches et trucident à tout va.
Et c'est ainsi qu'Allah , même s'il est grand, n'est vraiment pas chouette, que Jéhovah dort et que les dieux celtes pourraient me faire un petit signe, par les temps qui courent,  pourquoi pas?

vendredi 29 juillet 2011

RIP


 Trois morts dans ma bloguerolle qui n'était déjà pas très longue,  voilà qui  commence à faire beaucoup.
Le Champignacien, qui était mon commentateur fâcheux préféré, puis  le gentil Olivier P, puis avant-hier  le Coucou dont l'absence m'attriste  car nous correspondions un peu, et qui était si aimable et si honnête homme.
Je trouve ça bizarre, que les blogs des morts flottent sur la toile. Oui, mais les livres restent bien, eux. Les journaux d'écrivains. Et le journal intime de la tante Jeanne, comme oublié dans le tiroir de sa commode, alors qu'elle  se savait perdue quand elle a détruit les lettres qu'elle ne voulait pas qu'on lise quand elle ne serait plus là.
Ce n'est pas pareil, on reste en littérature, ou en famille.
Un chat vivant, même très vieux et très malade, n'a rien de commun avec ce qu'il deviendra quelques secondes après son dernier râle. Son poil ternit à vue d'œil, sa bouche grimace, on voit tout de suite qu'il est éteint pour toujours, que ce cadavre n'est plus lui. Un blog qui survit à son  créateur est mort aussi, vide. Ce qui vivait, bougeait, avec les commentaires, se fige dans ses imperfections, dans sa banalité. Il n'y a plus de conversation, de rires, de disputes, ce n'est même pas une tombe qu'on peut  fleurir ou  nettoyer.
Je verrais bien qu'on  laisse ouvert le blog le temps qu'on laissait les corps à disposition des derniers visiteurs pour leur dernier hommage au bord du lit funèbre, ou autour du cercueil. Qu'on laisse le temps de copier ce qu'on y veut, en souvenir, en mémoire. Et puis après, comme les tziganes  avec la roulotte du défunt, qu'on brûle.

mercredi 27 juillet 2011

De l'importance d'être constant

Photo Ouest-France
  Drame en Norvège, catastrophe en Somalie. On peut inverser, catastrophe en Norvège, drame en Somalie.

Alors là, je me suis dit: tiens, voilà au moins DEUX évènements à suivre dont Sarkozy ne pourra être tenu pour responsable, et encore, je ne classe pas l'affaire Strauss-Kahn dans les drames et catastrophes.  Puis je me suis dit après: allons, tu es bien naïve. Il y aura au moins un leftblogueur qui écrira, qui osera écrire que la famine en Afrique et le geste d'un dingue en Norvège sont des écrans de fumée balancés par la presse aux bottes du nabot pour nous distraire des vrais problèmes. (étant entendu qu'il n'y a qu'un seul vrai problème, LUI.)

Bon, je suis un peu médisante sur ce coup, j'ai regardé trois titres de lefteublogues et lu les articles dessous, on a laissé plus loin ou pour plus tard le traditionnel écran de fumée. N'empêche, je rends hommage à SarkoFrance dont j'ai lu pour la première fois un article en entier: On crève en Somalie, que fait Sarkozy ?  suivi de:  Norvège: Sarkozy n'avait rien à dire.

Je n'ai pas trouvé : Mort de 17 sangliers sur une plage bretonne, Sarkozy évite le sujet.
Patientons.
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Et si les Rouges nous envahissaient, maman ?

La Corée du Nord, VOILÀ  un pays qu'il est bien et bon, surtout pour les journalistes. 


Dans un grand souci de défense de la culture et de la langue coréennes, on a décidé là-bas d'appliquer  la tolérance zéro envers les fauteurs d'orthographe et les lâcheurs de coquilles. Surtout quand l'imperfection du texte porte atteinte au Chef d'État. Une coquille dans un article à lui consacré et hop, hop, c'est le camp de travail.





lundi 18 juillet 2011

Le merle pecnaud

"Et lorsqu'un vent d'orage commencera à évacuer les détritus des banlieues par delà la mer, des gens comme le "merle pecnaud" clameront plus fort que nous qu'ils ont toujours été des nôtres, la preuve, ils écrivaient des blogs nauséabonds...." (source)

J'ai failli répondre méchamment, mais  à quoi bon ?
J'ai failli expliquer que quand on est un Français défenseur de l'Histoire  et de la culture version "touche pas à mes traditions millénaires et gare à la peste de gauche" on clame "la terre ne ment pas", on ne se moque pas des gens qui vivent à la campagne et  y travaillent.
Mais à quoi bon ? Le type qui a écrit ça ne comprendrait pas. C'est qu'ils ont leurs limites, les Blogo-Croisés de la France éternelle  et chrétienne, et ces limites sont vites atteintes. Ils ne cessent  de brailler, d'écrivailler à l'unisson "il faut choisir son camp", mais bloguer les occupe à temps complet et use   leurs faibles capacités de réflexion qui s'amenuisent au fil des billets, puis  leur front s'abaisse au fur et à mesure que leur cerveau rétrécit..
  Didier Goux épingle avec talent les conneries des gauchomodernoeuds, et il n'est jamais en peine d'en trouver tant ça frétille dans les viviers . Les  réacs idiots qui grouillent dans leurs nasses ont de la chance que personne n'en fasse autant pour eux, car il y aurait matière.
Eh oui, je suis une pecnaude, une plouque. Je parle de mes vieilles voisines dans mon blog, je publie des photos de ma campagne, et j'ignore à peu près les p'tits fachos mégalos des blogs qui se moquent des paysans...
Eternel mépris de ceux qui se croient toujours au-dessus d'un bouseux; ça doit être la nouvelle mode, tout ce qui n'est pas facho des villes est bobo ou gaucho des champs, sans doute. Bref.

mardi 12 juillet 2011

France-peinture





Je décape une porte que je vais repeindre.
Je me demande si ça vaut bien le coup, la même porte neuve coûte dix-huit euros à Bricomarché, mais je continue, c'est un rituel de l'été, repeindre une porte en écoutant la radio.
Après, à chaque fois que j'ouvre la porte, me reviennent les mots de la radio. C'est donc important  de ne pas écouter n'importe quoi, comme par exemple cette  émission sur la chorée de Hungtington* qui m'a fait déborder partout et m'a filé des frissons pendant des lustres, car en plus cette maudite porte n'a cessé de grincer  en dépit des litres de graisse que buvaient et digéraient  mystérieusement ses gonds.
Là, je sens que ça va le faire, c'est la semaine Corneille, et des Horaces et des Curiaces que France-Culture me cause, et j'aurai une porte classique qui me murmurera des alexandrins, Rome l'unique objet de mon ressentiment, et tout et tout.
      J'espère qu'elle s'entendra bien avec la porte jaune, "Brouillons d'écrivains", et avec la porte crème, rétrospective de treize ans de "Les routiers sont sympas".

*oui, bon ok, Huntington.

jeudi 7 juillet 2011

Rose renie son éducation

Petite Ville est à portée de bus de Grande Ville. Jadis, Petite Ville était un village, puis le village est devenue banlieue-dortoir, et  membre de la communauté des communes, et tout et tout.
Petite Ville a voté écolo à 21% aux dernières élections, et socialo beaucoup aussi.  Petite Ville n'est pas une zone résidentielle hyperfriquée, mais on y jouit de beaux équipements sportifs et culturels, de pistes  cyclables, de ce qu'il faut comme espaces verts, festivals et salons  des nouvelles énergies et manifestations prônant  tous azimuts l'adhésion à toutes les cultures du monde entier. Petite Ville pratique la diversité, le professeur voisine l'employé qui voisine le commerçant  qui voisine le retraité qui voisine n'importe  qui n'habiterait pas dans la Zup voisine de Grande Ville qui pratique une autre diversité, celle où le chômeur voisine le Malien au neuf enfants  qui voisine la famille monoparentale qui voisine les ex-clodos qui puent   qui voisinent  le jeune en état de grande précarité qui voisine les dix-sept chinois sans papiers du F3 en face de  la petite vieille alcoolique qui gueule la nuit qu'elle tuera tout le monde le jour des allocs, ça leur apprendra.
Quentin et Nathalie ont habité la Zup de Grande Ville. Ils militaient à ATD quart-monde. Ils ont eu trois enfants, auxquels ils ont donné des noms de fleurs. Les enfants allaient dans une des maternelles publiques de la Zup; Quentin et Natalie étaient de toutes les animations, de toutes les sorties. Ils faisaient du porte à porte pour que les mamans non francophones s'impliquent dans la scolarité de leurs enfants. Ils  leurs  traduisaient  les bulletins de notes, les accompagnaient dans leurs démarches, intervenaient  dans les familles pour que les pères ou les grands frères laissent aller les filles en sortie scolaire. Insistaient à fond pour le respect des cultures, le voile et le halal à l'école. Participaient aux fêtes de voisins, retournaient avec la même bonne humeur les merguez du barbecue halal et les chipos du barbecue normal à la fête de l'école. Payaient la piscine à Brahim et Fatou si les parents ne pouvaient pas.
Je me moque juste un peu, et tendrement encore, ce sont des amis. Je les ai aidés quand ils ont déménagé de la Zup de Grande Ville pour habiter un pavillon de Petite Ville. Enfin, un jardin ! Des légumes bio, des abeilles, une petite piscine naturelle sans chlore avec des jacinthes d'eau, et des poissons dedans ! Ah, que les enfants étaient contents de leur nouvelle école communale... Il n'y avait plus de bagarres, plus de vols, moins  d'insultes dans la cour, on  allait étudier les feuilles des arbres au jardin public, on pouvait y aller tout seul, revenir en flânant  sans se faire voler son vélo, on y avait tellement plus de copains, c'était bien !
C'était tellement bien que les parents des écoliers de Petite Ville rechignaient de plus en plus à envoyer leurs enfants au collège de la Zup de Grande Ville, qui était celui de leur secteur. Ils se sont associés pour demander leur collège à eux. Dans trois ans peut-être, quatre ou cinq plutôt s'il y a toujours assez d'enfants, leur a-t-on répondu. En attendant, les écoliers de Petite Ville continueraient à fréquenter le collège-usine de Grande Ville, les budgets ne sont pas élastiques, voyons. Ils continuèrent,  en prenant bien soin de choisir allemand en première langue et toutes les options intellos possibles, latin, breton, arts plastiques renforcés, sans oublier échecs et yoga juste après la cantine, laissant à d'autres la Capoera, le Hip Hop, la boxe thaï, le foot, le rap et le djembé.

Seulement, l'année dernière, ledit collège a changé de directeur, et la nouvelle directrice a voulu mettre  à bas toutes ces ségrégations suspectes. Il n'y a plus eu de classe "allemand première langue". Les germanistes, les latinistes et les bretonnants ont été dispatchés dans les douze classes de sixième, malgré les casse-têtes d'emploi du temps. Le club d'échecs a été prié pour d'obscures raisons d'aller se chercher des locaux ailleurs,  et le projet d'établissement à venir sera garanti adapté aux réalités et problèmes du crû. (et à sa formidable force d'énergie).
Déstabilisée, la gentille petite élite (élite est un bien grand mot pour quelques dizaines d'enfants sans problèmes scolaires) s'est délitée.  Les établissements catholiques voisins ont accru leurs effectifs, et quelques laïcards obstinés ont magouillé pour mettre leurs enfants dans des collèges où il y avait moins de violences, et où le niveau était meilleur. Dans chaque discussion, on prenait bien soin d'éviter les mots de l'exclusion et du racisme. Quarante enfants environ ont changé de collège, mais c'était juste parce que le lieu de travail de la mère était plus proche, qu'on y étudiait le chinois ou  l'italien, qu'il y avait une option qu'on ne trouvait pas ailleurs, parce qu'on envisageait un déménagement en cours d'année, etc.
Mes amis ont persisté, et laissé leurs enfants dans le collège public de secteur. leur plus jeune fille dispute  la tête de classe (5ème) à des indiennes hypersérieuses. Cette enfant de douze ans que j'ai connue bébé, abreuvée de berceuses pygmées, de kirikouseries,  d'albums tiermondistes, musulmanistes, multiculturalistes, a déclaré hier, devant ses parents consternés et de gentils voisins  amusés :"moi j'ai pas trop d'ennuis, je ne cherche pas,  il suffit  de ne pas parler aux racailles, de pas aller dans les endroits où ils sont en groupe, de baisser les yeux, et d'être toujours avec ses potes, jamais toute seule." Puis elle a ajouté: "mais j'aimerais trop changer de collège, yen a bien qui le font".

Elle a eu droit à de longues remontrances, supplications culpabilisantes et mises au point, dont je ferai grâce à ceux qui ont lu ce billet jusqu'au bout.

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L'image vient de ce blog

samedi 4 juin 2011

La librairie Lello, à Porto.






J'y avais acheté un livre, comme je le fais systématiquement lorsque je tombe sur une librairie française à l'étranger (ainsi avais-je déjà fait, en mars 1985, dans celle de Porto, avec son magnifique escalier à double révolution   [...] Didier Goux, sur son blog.

samedi 14 mai 2011

Les tombes

En écho au billet de Dorham, Les tombes


























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lundi 2 mai 2011

Qui a écrit cela ?

    

    Voici   trois courts extraits de mes dernières lectures.
    Qui saura reconnaître  ou deviner les auteurs ?  J'ai remplacé les noms propres par des initiales.
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A. se rappelait avoir visité un jour avec son ami l’écrivain le couvent des bénédictins d’O. L’écrivain, toujours avare de paroles, avait tout observé avec attention pour demander finalement à un vieux moine « s’il n’avait jamais eu envie de sortir. » La question n’avait nullement embarrassé le vieillard, qui avait répondu aussitôt : « la dernière fois où j’ai éprouvé ce désir, c’était en 1929, lorsque le chauffage était en panne. »

Ils avaient ri de bon cœur, mais le religieux, en retour, avait interrogé l’écrivain : « Et vous ? Ce n’est sans doute pas votre première visite à un couvent ? N’avez-vous donc jamais souhaité d’y entrer ? »

Là encore, la réponse avait fusé avec une simplicité confondante et A. ne l’avait jamais oubliée. Mon couvent, c’est le  monde, avait dit l’écrivain ; le moine, à son tour, avait ri, et dit qu’il comprenait très bien.
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A onze  heures, quand les ouvriers revinrent de la plantation, il  les fit assembler dans son jardin, devant la véranda.  Tous les hommes valides étaient présents, y compris ceux qui aidaient à l’hôpital ; même les femmes et plusieurs négrillons étaient alignés avec les autres sur deux rangs – une horde de sauvages nus, un peu moins de deux cents personnes. Outre leurs ornements de grains, de nacre et d’os, leurs oreilles et leurs narines percées étaient surchargées d’épingles  de sûreté, de clous, d’épingles à  cheveux, de clous, de poignées rouillées de casseroles et d’ouvre-boites pour le corned beef. Certains portaient,  par précaution, des canifs dans leurs tignasses crépues. Sur la poitrine de l’un d’entre eux était suspendu un bouton de porte en porcelaine, sur celle d’un autre, la roue de cuivre d’un réveille-matin.
Face à eux, cramponné pour se soutenir, à la balustrade de la véranda, se dressait le Blanc malade. N’importe lequel d’entre eux aurait pu le renverser d’une chiquenaude de son petit doigt. En dépit de ses armes à feu, une ruée simultanée de la bande l’aurait terrassé ; ils se seraient rendus maîtres de sa tête et de sa plantation. La haine la soif du meurtre, le désir de vengeance débordaient de leurs cœurs ulcérés. Mais il leur manquait totalement ce que lui possédait : la maîtrise de soi, une flamme que rien ne pouvait éteindre, même dans ce corps dévasté par la maladie et qui, plus ardente que   jamais, était toujours prête  à jaillir pour les brûler et les marquer de son courroux.

*** 
- C’est à  V. ,que je tourne.
- Et vous allez où, après ?
- Je ne sais pas
- Vous savez pas ?
- Ben non… Pas exactement. Par là, plus où moins loin…

Il montre vaguement une direction dans le paysage, sur la gauche de la route, en avant. Ce sont des pays de demi-brume et de vieilles forêts, de champs cois et de hauts clochers pointus, par-dessus des épaississements de  haies. Elle dit :
- Vous êtes marrant, vous…
- Ah oui ?
- Non, c’est vrai. C’est la première fois qu’je rencontre un type qui ne sait pas où il va.
- Ah bon ? J’aurais cru que ça ne manquait pas, pourtant…
A. Ne répond pas et tourne la tête vers sa vitre, à droite, comme si elle regardait le paysage, mais sans rien voir du tout. Oui, d’un autre côté, il n’a pas tort, son chauffeur. Des types qui ne savent pas où ils vont, elle en connait. Mais c’est plutôt du côté mental, si on veut, pas quand ils se déplacent en vrai.

***