Que l'année 2014 vous soit douce et que les religions nous lâchent la grappe.
Toutes les religions ? Presque toutes.
La religion rend l'homme mauvais, la dinde obèse, l'agneau pusillanime, le sapin décapité et le Shiva multibras. L'agneau redoute les fêtes où on le mange, le lapin sauvage et le hérisson timide redoutent le ouikinde de la Toussaint bien plus que l'ouverture de la chasse. La route en bas de chez moi est inondée rien que pour me rappeler qu'on vit dans une vallée de larmes, et deux témoins de Jéhovah , entés d'une triste enfant malingre, sont venus me réveiller à l'aube pendant les vacances de Noël, ranimant des instincts de meurtre que je planque très bien d'habitude au plus profond de mon cerveau reptilien.
Partout dans le monde on s'étripe et s'entretue au nom de dieux qui s'en foutent comme de l'an quarante, occupés à cuver leurs nectars d'Ambroisie en tripotant des vierges remises à neuf tous les matins qu'ils font depuis qu'ils ont créé l'homme et la jeune fille. La dinde, l'agneau, le lapin et le hérisson n'en pensent pas moins et sanglotent autant qu'ils peuvent, mais ce falot de Saint François d'Assise ne bougera pas le petit doigt, épuisé d'avoir porté à Rome le premier pape de son nom, encore un qu'on attend au tournant vu qu'il ne parle pas avec les loups, lui, ni même avec notre sœur l'araignée qui vient boire, la nuit, la larme perlant au creux de nos paupières closes.
Que les druides et autres Celtes frappadingues la ferment un peu, déjà. Leurs jérémiades et pleurnicheries à propos du sapin de Noël dans les écoles et sur les voies publiques me tapent sur le système. Méfions nous, mes sœurs, de ces types en robe blanche, vu que c'est sûrement leur femme qui fait la lessive et que le linge tâché de glu de gui n'est pas facile à ravoir. Le druide, en plus d'être chiant pour la femme, ne connait pas Noël et nous bassine avec son antichristianisme (quand on vous dit qu'ils se bouffent entre eux, tous ces mystiques à la petite semaine) comme quoi c'est trop honteux dans un pays laïc de plaquer la fête des solstices pré- néandertaliens sur une autre qui n'a rien à voir et qui est une plaie saignante dans le cœur des hommes qui croient ailleurs ou à un autre étage et n'en sont pas moins français de racines et de radicelles comme vous et moi surtout s'ils sont celtes.
Que les loubavitchs la mettent en veilleuse, aussi. Nous avons tous en mémoire la triste histoire de la crêche Baby Loub' avec sa puéricultrice perruquée jusqu'aux pieds réclamant des sommes extravagantes après s'être fait virer pour port de perruque ostentatoire. Ces gens-là savent y faire avec le fric, au moins on peut leur reconnaître ce talent. Encore des intégristes prosélytes qui vont nous apprendre ce qu'est la laïcité, tiens.
Que les zoroastriens aillent faire un tour sur une autre planète, ça nous fera des vacances. Ces primitifs allument des grands feux de temps à autre et tournent autour comme des scouts attardés qu'ils sont , en psalmodiant qu'ils vont tuer les homosexuels et les juifs comme c'est demandé dans leur livre saint. Et de temps en temps ils s'y mettent, c'est pourquoi les homosexuels se sont réfugiés dans les marais et les juifs dans leur terre promise.
Que les chrétiens se taisent à jamais. De tous les obscurantismes, c'est vraiment le plus louche et le plus nocif. Ces obsédés sexuels prétendent qu'il faut protéger la pudeur de leurs femelles en les cachant sous des tas de chiffons, en leur accordant le moins de droits légaux possibles, voire en les mariant dès le plus jeune âge, quitte à modifier les lois édictant l'égalité des sexes à l'école et ailleurs. La dernière trouvaille de ces illuminés, c'est de faire balader les enfants des écoles par des groupes de "mômans toutes baptisées", mères voilées comme la vierge de leurs églises, parce que leurs prêtres leur ont dit "croissez, multipliez-vous, normalisez-vous et présentez la météo avec la barbe, le torchon à carreaux et la capote sur la tête au cas où on n'aurait pas compris que c'est Dieu le patron et pas cette idiote de république arrivée par erreur et maintenue par faiblesse, mais yen a plus pour longtemps si Dieu le veut." Ceux-là, ils en tiennent une sacrée couche.
Les seuls dieux qui valent le coup sont les dieux lares, connus déjà des Etrusques, et pour qui on organisait des fêtes compitales dans la Rome antique. Les dates de ces fêtes changeaient chaque année et étaient annoncées début janvier, chouette, je suis dans les temps. Ceux qui avaient loupé la date offraient des fleurs, des fruits et du biscuit de Savoie à leurs petits dieux qui le leur rendaient bien. Avant la brique d'aluminium et le réfrigérateur, les dieux lares domestiques empêchaient le lait de tourner et le jambon d'avoir une mauvaise odeur le lendemain. Depuis longue lurette ils chassent les punaises des lits, encouragent les arbres du verger à fournir de beaux fruits juteux, protégent le magnétoscope de la foudre, surveillent la toiture quand le vent gronde. Aujourd'hui encore, pour ceux qui les hébergent et les honorent, ils guident la petite souris, chauffent la couche du chat, disputent au nuage le rayon de soleil qui séchera le linge, font chanter juste la fille de la maison, encouragent l'escargot primeur à aller goûter les semis du voisin plutôt que les vôtres, copinent avec les merles siffleurs et les crocus de fin d'hiver. Et personne n'est jamais mort pour eux, ou en leur nom.