Hier, je suis allée au supermarché, et pas dans n'importe quel supermarché, je suis allée au LIDL. Dans la ville où je vais faire mes courses, LiDL est le supermarché des français pauvres et des manouches qui se sont sédentarisés dans le quartier. Il y a un autre supermarché à trois pas, un grand Intermarché, où la clientèle est variée. À trois pas aussi dans l'autre sens, il y a un DIA, qui est le supermarché des Turcs. Je coursicote à DIA quand j'ai besoin de fruits et légumes méditerranéens, d'amandes, d'olives bon marché. L'avantage du LiDL c'est qu'on n'y reste pas des heures. Il n'y a pas de
longue galerie marchande qu'on est obligé d'arpenter jusqu'au dernier
mètre pour franchir un accueil encadré par un vigile style "dogue de son maître" et une hôtesse mâchant agressivement son chewing-gum. Il y a juste une entrée et une sortie,
cinq rayons, quelques bons produits qu'on a repérés depuis longtemps
quand on connait la maison. Et là, j'ai vu un truc que je n'avais jamais vu dans ma vie de femme supermarcheteuse.
Je ne vais pas ironiser sur le caddy sans fruits et légumes des pauvres pauvres, chargé de sodas fluorescents, de desserts vaguement lactés mais vachement sucrés, de paquets de vingt croissants qu'on devine spongieux à l'extrême, de biscuits chimiques aux pépites de chocolat, de pizzas et de hamburgers moins cher au kilo que la farine ordinaire, de frites et lasagnes surgelées, de nuggetss étranges issus du recyclage de peau, viscères et cartilages nettoyés en Chine et garantis revalorisés en France, bref.
Il y avait une famille au rayon des produits frais qui choisissait des sandwiches. J'ai constaté que le rayon des sandwiches avait pris de l'importance. Y aurait-il une nouvelle usine dans le secteur, sans cantine le midi ? Ou bien une déviation d'itinéraire touristique entrainant une flopée de voyageurs se disant "tiens, j'ai un petit creux, j'irais bien m'acheter un bon sandwiche sous plastique dans ce sympathique LiDL opportunément sis au bord de mon itinéraire découverte ? Point.
Cette famille achetait des sandwiches pour ses trois prochains repas. Pas pour le quatrième, parce qu'on était invité chez Mémé.