Eh bien moi je n'achèterai pas le
livre de Valérie Trierweiler et ne le téléchargerai pas, parce que
je l'ai déjà lu... Enfin, plus exactement, j'ai vu et entendu les
meilleurs passages, et les
meilleurs passages étant issus des meilleures pages ,
je m'en tiendrai là.
Je trouve amusantes les appréciations "c'est
un livre bien écrit", "c'est un livre mal écrit"...
C'est écrit comme toutes les biographies pipol, avec le style ad
hoc. C'est écrit comme les mémoires d'un sportif, d'une miss France, d'une actrice, en français
correct avec les expressions dans le vent, du larmoyant et de
l'émotion par tonneaux pour respecter la charte du produit.
Ce type de livre se vend très bien.
On se régale du récit la vie de nos rois et de nos vedettes, et les médias font une formidable promotion qui ne coûte pas un centime
à l'éditeur. Marcella Iacub, avec
le récit de ses amours Strauss-Kahniennes, avait déclenché les mêmes critiques et commentaires de médias bien vertueux pour l'occasion ; son livre était
cependant d'un autre niveau.
Et si on assistait au début d'une mode ? Il y a sans doute des hommes politiques
qui éprouvent quelques craintes actuellement : pour peu que l'on offre
pas mal de pognon à leurs conquêtes déchues, elles se mettront à table et une
flottille de nègres renflouera les épaves d'aventures embarrassantes pour l"homme public qui ne demandait pas ce type de notoriété. S'il s'y mêle en prime quelque scandale politique, le succès financier du livre sera tel qu'il motivera de plus en plus de vocations d'écrivaines ex-amantes .
Il
faudrait, pour satisfaire ce qui nous reste de morale sexuelle, que l'ancienne maîtresse, la femme trompée, l'épouse
abandonnée, soit généreuse, pudique, miséricordieuse et surtout
bien digne. On loue la complaisance des épouses d'hommes de pouvoir cavaleurs à l'extrême, pour qui on affiche la plus grande sympathie, et pour le reste, que les maîtresses soient d'une heure ou d'une vie, on ne demande à elles que l'effacement et la discrétion. On conspue celle qui parle, la méchante, l'ingrate, on fustige l'éditeur et les vendeurs, on cite en exemple les libraires au cœur pur qui ne trempent pas dans ce style de compromission. C'est peine perdue, parce que la déontologie, l'intérêt du pays, les valeurs ceci
et cela auxquelles on se réfère pour critiquer les vilaines bavardes exhibitionnistes ne
pèseront pas lourd face à l'appât du gain, qui n'a
pas de préférence sexuelle. La fautive se coltinera des masses d'antipathie, des flopées de condamnations et d'insultes vieilles comme la nuit des temps. Oui mais les scandales passent, et les belles
propriétés demeurent. La femme trompée pourra baptiser la villa de
ses rêves du prénom de son ancien amant et
y couler une retraite heureuse, loin des affaires et du pouvoir.
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L'illustration est la copie d'un tableau de Catherine de Rosa, La femme et le cochon, publié sur ce blog