Mon billet aurait pu s'arrêter là.
Je comprends ce qu'a voulu dire Laurence Rossignol en parlant des nègres consentant à l'esclavage, mais elle a eu tort d'employer le mot "nègre", qui est perçu comme un terme raciste. Il ne faut pas discuter de cela: si les noirs ne veulent plus, ne veulent pas, qu'on utilise ce mot "nègre", pourquoi insister ? si même "art nègre" fait tiquer une partie des noirs, pourquoi leur refuserions-nous la politesse de ne pas l'employer, ou alors de l'employer avec précaution, avec des guillemets, avec une note en bas de page en expliquant le pourquoi de l'emploi ?
Si elle avait dit tout de suite qu'elle faisait allusion à l'Oncle Tom et aux théories sur le syndrome du nègre domestique et du nègre des champs ( Malcom X), ou à Montesquieu, ce serait passé. Mais invoquer Montesquieu après les réactions offusquées, bof bof.
Quand on est ministre, il faut faire attention à ce qu'on dit. Il n'y a pas de franc parler qui tienne quand on lance des petites phrases ambiguës. Ceux qui ont des références culturelles*, qui apprécient les degrés d'un discours, ne les trouveront pas ambiguës, mais elles le seront pour ceux à qui l'on devra des explications qui ajouteront encore quelque chose à la vexation initiale, parce qu'il y aura d'un côté ceux qui savent, qui jouent toute la partition du langage, et les ignorants qui réagissent au quart de tour en étalant leur manque de compréhension. Macron avait été bien méchant, aussi, en parlant d'ouvrières illettrées. Avait-il raison sur le fond ? On s'en fiche, ça n'apportait rien de le dire ainsi, et ça a vexé et chagriné des gens qui ne méritaient pas une telle humiliation. Le politiquement correct n'a rien à voir là dedans, c'est de la politesse. Et la politesse, c'est l'attention qu'on doit à autrui.
* les "références culturelles" ne sont pas forcément en lien avec une culture bourgeoise, mais peuvent être en relation avec l'âge, les lectures enfantines communes... La génération de Laurence Rossignol avait à disposition, dans les livres de bibliothèque au fond de la classe, La case de l'oncle Tom, et a vécu en direct la fin de l’apartheid et de la ségrégation, etc.
De l'eau a coulé sous les ponts. Billet de 2011: Cachez ce nègre que je ne saurais voir
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...et, sinon, elle a évidemment raison pour les fringues islamistes.