J'ai voulu laisser un commentaire à la suite des autres, sous
ce billet de CSP, et en écho
au billet que Didier Goux lui consacre, mais "
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Donc, CSP prend le métro à Toulouse, et constate en regardant autour de lui qu'il est le seul blanc. ( ô Toulouseuuuuu).
Il chasse vite quelques vilaines pensées qui l'effleurent sans le griffer. Non, il n'était pas en danger. Non, il ne s'est pas senti envahi.
Il écrit un billet pour dire à quel point toutes les complaintes "mon Dieu, je vais me faire phagocyter et ma culture avec" sont de la pure connerie genre délire fantasme peur du noir et du grand méchant loup étranger qui n'existe pas, planqué la nuit sous le lit aux draps blancs où le mouvoir des peaux blanches s'accorde avec le pouvoir des mots blancs.
Quelques années plus tôt, cinq ou six, j'allais aussi dans un quartier sensible de cette ville (ha ha, quartier sensible), pour rendre visite à une institutrice y demeurant et y travaillant. Elle tenait un stand pour l'amicale laïque de son école, c'était jour de kermesse.
Tout pareil. Que des noirzéarabes dans le wagon. Des jolies filles noires avec de gros culs et un ventre chocolat, une perle ou un anneau d'or brillant au creux du nombril découvert, des silhouettes tassées voilées de sombre à côté d'hommes barbus en pantashort et chemise Lacoste, des garçons Nike et Adidas avec écouteurs sous la capuche malgré la chaleur, des enfants s'interpellant et glissant de leur siège pour se poursuivre en riant ou s'échanger leurs cartes Pokémon, une petite fille au cheveux crépus coiffés en pompons noués de rubans multicolores. Je n'ai pas eu peur, pas le moins du monde. Je n'ai pas senti peser sur moi le moindre regard menaçant, rejetant, rien de ce style. Je l'écris maintenant mais je n'y ai pas pensé alors, je regardais les enfants jouer, et discutais avec le bébé du siège d'à côté qui me faisait mille sourires plus enchanteurs les uns que les autres, en agitant ses menottes paume rose et dessus noir.
Fête de l'école. J'ai rejoint mon amie. Les mamans avaient fait des gâteaux. Les fils amenaient les gâteaux dans la tente-chapiteau pour les hommes, les filles dans la tente chapiteau pour les femmes. Tout le monde avait l'air de se réjouir de la bonne ambiance. Moi pas. Je n'aurais rien dit si j'avais été dans un pays étranger où se pratique la séparation des sexes.
Je n'ai pas voulu entrer dans la tente des femmes, je suis restée dix minutes, le temps de dire bonjour, d'avoir un peu le cafard en voyant parents et enseignants jouer le jeu, et je suis partie.
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