mardi 9 juin 2015

Billet magique



Il y a un lieu magique à Nantes. Il porte honorablement son nom, c'est un endroit où l'on donne des spectacles de magie.  Jusqu'ici tout est clair.
Quand ma voisine me raconte sa promenade dans les marais salants, près de Guérande, elle conclut: " c'était un moment magique dans un lieu magique. " Dans ma télé, tout le monde cause de lieux magiques, d'instants magiques, ou assure "c'était juste magique" (très à la mode chez les sportifs). Jacqueline de Romilly grognait contre la sale manie de ne plus dire simplement oui ou non, beau ou laid, d'abuser des superlatifs et des mots béquilles. Je suis tout à fait d'accord. Je pense exactement comme elle, je tiens absolument à le préciser.  Cette vieille dame, avec son franc-parler, aurait peut-être fait remarquer que le plus magique des lieux magiques, celui où l'on pouvait, en parfait illusionniste, instantanément faire disparaître quelque chose en moins de trois  secondes,  c'était, comment dire... celui qu'on appelait autrefois  "les lieux".

mercredi 3 juin 2015

Billet plaintif

Sans me vanter, j'ai pris l'avion et je reviens d'un pays étranger. Enfin, je suis revenue dimanche soir. Je n'avais plus rien à lire. Je n'ai pas de liseuse. J'ai voulu profiter de l'escale à Amsterdam, avant le dernier avion,  pour m'acheter un roman, une revue, n'importe quoi ou presque. Les  gros titres des revues françaises, c'était sur l'islam, les migrants, l'immigration, l'islam, les immigrés. Ce n'était pas le cas des autres publications européennes. Je n'ai  pas trouvé de livres en français, et je ne voulais plus marcher. Finalement, j'ai ramassé un exemplaire du Monde dans une poubelle . Il y avait longtemps que je n'avais pas passé autant de temps à lire Le Monde, et c'était bien mais pas festif.
Chez moi aussi , je n'avais plus de livre nouveau. Je suis donc allée lundi au rayon culture du supermarché de ma petite ville, et là, dans les dernières parutions sur les étals, j'avais le choix entre des des bouquins de types ou de nanas qui parlaient de leur dépression, ou de nanas qui parlaient de leur viol, ou de types et de nanas qui racontaient comment ils avaient été abusés par leur père leur oncle leur animateur sportif ou leur voisin quand ils étaient petits et comment ils s'étaient refait une vie, merci  la vie et vive l'écriture qui vainc tout, les lourds secrets et les monstres.  Sans déconner.  Avec des titres à l'avenant. Je hais définitivement le  genre plaintif.

 Pour finir, j'ai pris le dernier Umberto Eco, Numero zero. J'ai entendu Eco parler de son livre, il y a une dizaine de jours, et j'avais un peu envie de l'acheter . Maintenant que je  lis   ce roman à mauvaise couverture, je crois que je préférerais encore entendre   parler son vieil auteur,  que j'aime et admire beaucoup.