Billet dédié à la Mère Castor
N'importe quoi. Qu'on n'était pas là, qu'on n'avait pas le temps, qu'on était occupé à écluser des inondations d'urgences familiales ou professionnelles, qu'on a pris un troisième amant fort exigeant, qu'on a fait un bébé pour recommencer le monde ou adopté un chien pour le parcourir, qu'on était las des blogs et de leur inutilité, qu'on se sentait stupide à parler de l'utilité des choses, à vieillir sans s'assagir et puis et puis...
Qu'on lit des livres ?
Qu'on se promène avec son vieux chien, en jouissant du petit miracle des lumières de février, des ciels d'opale, des tableaux qu'offre la nature, le plus banal des chemins, la courbe d'une colline où penchent les pommiers, les nuages roses, le givre à l'ombre et l'abeille hébétée sur une fleur d'ajonc au soleil ?
Raconter quelque chose ?
Ma très vieille voisine a manqué son rendez-vous chez le coiffeur, pour cause de frimas et de routes verglacées. Qu'à cela ne tienne, elle a ressorti du fond d'un tiroir un kit de teinture "spécial cheveux blancs" et m'a nommée coiffeur personnel. Serviette spéciale autour d'un cou qui semble celui d'un oiseau déplumé, crème Nivéa sur les oreilles et sur le pourtour du visage pour ne pas tacher la peau, chevelure étique mouillée juste ce qu'il faut, nous voilà à pied d'oeuvre. Le produit sent mauvais. Avant d'enfiler les gants de plastique fournis dans le carton, je lui dis que je vais mettre un peu de musique. Des chants de marins (ma voisine adore les chants de marins) ou Mozart, pour accompagner la métamorphose ?
- Fais péter Mozart, me répond-elle vigoureusement.
Comment ça, fais péter Mozart ? Mais d'où que vous me parlez comme ça, Maryvonne ? Hein ? C'est quoi ce langage ?
- Ce langage d'où que je vous parle, c'est la mode, c'est aujourd'hui. C'est comme les cheveux blancs, si on les garde, on fait vieux.
Qu'on lit des livres ?
Qu'on se promène avec son vieux chien, en jouissant du petit miracle des lumières de février, des ciels d'opale, des tableaux qu'offre la nature, le plus banal des chemins, la courbe d'une colline où penchent les pommiers, les nuages roses, le givre à l'ombre et l'abeille hébétée sur une fleur d'ajonc au soleil ?
Raconter quelque chose ?
Ma très vieille voisine a manqué son rendez-vous chez le coiffeur, pour cause de frimas et de routes verglacées. Qu'à cela ne tienne, elle a ressorti du fond d'un tiroir un kit de teinture "spécial cheveux blancs" et m'a nommée coiffeur personnel. Serviette spéciale autour d'un cou qui semble celui d'un oiseau déplumé, crème Nivéa sur les oreilles et sur le pourtour du visage pour ne pas tacher la peau, chevelure étique mouillée juste ce qu'il faut, nous voilà à pied d'oeuvre. Le produit sent mauvais. Avant d'enfiler les gants de plastique fournis dans le carton, je lui dis que je vais mettre un peu de musique. Des chants de marins (ma voisine adore les chants de marins) ou Mozart, pour accompagner la métamorphose ?
- Fais péter Mozart, me répond-elle vigoureusement.
Comment ça, fais péter Mozart ? Mais d'où que vous me parlez comme ça, Maryvonne ? Hein ? C'est quoi ce langage ?
- Ce langage d'où que je vous parle, c'est la mode, c'est aujourd'hui. C'est comme les cheveux blancs, si on les garde, on fait vieux.
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Faites péter les commentaires !
RépondreSupprimerDoucement, on se calme, ho !
RépondreSupprimerEntre une qui fait péter Mozart et l'autre qu'était fan de Bach, on est bien loti, j'vous jure !
RépondreSupprimerJ'adore ces petites histoires de proximité.
RépondreSupprimerVous avez de sacrées voisines, dans l'ensemble, j'ai remarqué.
Mais celle là a raison : les cheveux blancs, ça fait vieux. J'espère juste qu'elle ne les a pas bleus ??
Je suis sobrement content. (c'est pour pas me faire réprimander moi aussi comme Nicolas).
RépondreSupprimerEn plus, je ne suis pas FAN de Mozart, c'est trop sucré bien souvent. M'enfin, c'est pas pire que Haydn...
Fait péter Mozart!
RépondreSupprimerElle n'a pas tort Maryvonne. C'est exactement le genre de phrase qui aurait de suite inspiré le génie.
Lisez ses correspondances...
et écoutez la symphonie N°25 Allegro con brio, ça décoiffe!
http://www.youtube.com/watch?v=nLuoqQAqPVw
Audine: je vis dans un pays de voisines. Les moins de soixante ans n'ont aucun intérêt particulier, les jeunes ont une vie banale (comme on en lit dans le journal comme on en voit le soir chez soi), mais les vieilles, les veuves... à croire que la mort de l'homme du ménage les a boostées, raffermies, sublimées. (Parfaitement, Didier, sublimées, l'homme n'est pas tout pour la femme !)
RépondreSupprimerLucie, bienvenue et merci, je me l'écoute tout de suite, tiens !
RépondreSupprimerC'est bien aussi vieillir sans s'assagir... comme Maryvonne !
RépondreSupprimerAvec l'allegro de la symphonie 25 dans le casque, on peut monter n'importe quelle côte à bicyclette.
RépondreSupprimerDidier, Dorham,
RépondreSupprimerMoi, je me fais engueuler mais vous, elle ne répond même pas à vos commentaires, la taulière.
Nicolas,
RépondreSupprimerouais...je me demande bien pourquoi...ça doit être de la faute à Didier Goux...
Merci Suzanne, un billet avec vieille dame et shampooing rien ne pouvait me plaire plus.
RépondreSupprimerCet été j'ai lavé les cheveux de ma maman âgée pour la première et la dernière fois. Elle était une grande fan de Bach, ses cheveux étaient gris et blancs. Comme moi.
Vous voyez, quand vous voulez !
Zavez fait péter le bobillé, c'est chouette.
RépondreSupprimer@Suzanne
RépondreSupprimerMonter une côte avec la symphonie
n°25 de Mozart, c'est une très bonne idée ! Moi, c'est plutôt pour tuer l'inertie d'une longue journée d'hiver qui commence.
Merci pour l'accueil. J'aime beaucoup votre salon!
Joli billet Suzanne. Merci .
RépondreSupprimerNicolas & Dorham : désolé de vous contredire, mais relisez mieux : j'ai droit à une petite apostrophe dans un coin, MOI !
RépondreSupprimerSuzanne : vous prêchez un converti, j'ai toujours dit que le plus beau rôle de la femme, celui où elle se réalisait enfin pleinement, celui auquel elle aspirait au fond, c'était celui de veuve.
Didier,
RépondreSupprimerc'est vrai, il ne dit vraiment que des conneries ce Nicolas...
Merci pour ces aimables commentaires!
RépondreSupprimer(Dorham et Nicolas ne sont que des galopins)
De rien. Cette réponse comme ça, ça fait vraiment fosse commune. Lecteur de seconde division. Je demande un remboursement de mon compliment (sincère de surcroit, pour une fois). Je fais bien de faire pareil chez moi.
RépondreSupprimerBalmeyer: Fosse commune, comme vous y allez! (enfin, non, n'y allez pas). Z'avez qu'à faire des remarques caustiques plutôt que des compliments sincères. C'est vrai, quoi, c'est gênant.
RépondreSupprimerExcellent billet.
RépondreSupprimerUn plaisir pour les yeux à lire, un plaisir pour les doigts à commenter.
RépondreSupprimer... mais kilsontcons !
RépondreSupprimerJ'suis d'accord... Quilsontcons !
RépondreSupprimerBalmeyer,
RépondreSupprimerun plaisir pour les doigts. Tu pousses, le contrebassiste, avoue, "un plaisir pour l'index"...
Dorham,
RépondreSupprimerNous sommes dans les commentaires du blog d'une dame. Alors ce que tu fais de ton index...
Mais quilestcon ce Didier.
RépondreSupprimerEt moi je trouve qu'une dame âgée aux cheveux teints fait plus vieille qu'une aux cheveux blancs !
Contente de vous retrouver, Suzanne.
Tra la la, Suzanne est là !
RépondreSupprimerUn grande salade de baisers, bien doux, bien frais, pour vous et pour vos joyeux correspondants !
Catherine et Emma:
RépondreSupprimeryes !(women power...)
Nicolas: tout à fait ! (Et je servirai l'orangeade le soir, sur la terrasse...)
RépondreSupprimerSuzanne a un chien !
RépondreSupprimerChieuvrou: j'ai même un vieux chat (enfin, c'est une chatte, mais je ne vais pas dire "une vieille chatte", pour ne pas choquer les jeunes filles chastes et les séminaristes bretons)
RépondreSupprimerMe voilà en partie rassuré.
RépondreSupprimerSuzanne, MDR ! Effectivement dire qu'on a une vieille chatte pourrait prêter à confusion ! Mais chaste, moi ? Encore plus MDR....
RépondreSupprimer« j'ai toujours dit que le plus beau rôle de la femme, celui où elle se réalisait enfin pleinement, celui auquel elle aspirait au fond, c'était celui de veuve » :
RépondreSupprimerPas tout à fait prémonitoire mais presque...
Didier: arrêtez de dire des bêtises. Vous n'avez même pas vu la grande lumière blanche, et la Sainte Vierge n'a pas l'air d'avoir envie de faire votre connaissance, votre femme est bien plus cool.
RépondreSupprimerComment faites-vous pour avoir tant de commentaires si vous n'avez rien à dire quand d'autres s'échinent à pisser de la copie sans rien récolter? Pas juste, na!
RépondreSupprimerReste que la question est bonne et que, comme d'autres ici, j'y réponds sans cesse sans me la poser trop souvent!
Hermès: pourquoi des billets parfaits, ou de très bons billets n'ont-ils pas beaucoup de commentaires? Parce qu'ils sont parfaits, justement. Il n'y a rien à ajouter, rien à en redire. Bien formulés, explicites, on comprend tout. C'est un peu le cas des vôtres: je vous lis le plus souvent sans marquer mon passage, puisque je suis d'accord.
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