mercredi 22 juillet 2015

Et la tolérance fraternelle, alors ?


 J'attendais tranquillement que le feu passe au vert. Je regardais au loin les petits nuages, les saules trempant leurs branches dans le fleuve, les camions sur le pont, et BANG ! Une voiture a heurté la mienne, à l'arrière. Le conducteur a tout de suite bondi sur la route et s'est précipité vers moi. Les premiers coups de klaxon retentissaient dans la file derrière nous.
- Je suis atteint de cécité monoculaire, qu'il m'a dit, et j'ai pas la notion des distances, j'm'excuse.
Allons nous garer un peu plus loin, lui ai-je proposé. Nous franchîmes le pont, nous garâmes  et allâmes dans un bistro, munis de nos papiers bleus et de nos cartes d'assurance, en personnes urbaines. La canicule nous faisait économiser les paroles et les gestes. Après deux Perrier, mon emboutisseur se dirigea vers les toilettes. Il ne vit pas la marche, ni la poutre. Il régla les consommations en épongeant le sang qui coulait de son front et repartit en boitant. La patronne du bistro émit un commentaire désobligeant envers les clients qui pissaient à côté de la cuvette.

Au royaume des personnes en situation de handicap visuel entrainant une cécité binoculaire, les personnes atteintes de monophtalmie irréversible sont reines, mais bon...