jeudi 13 mars 2014

Rêves de fièvre

  Je suis fatiguée. Je me demande si je n'ai pas de la fièvre. Je suis sur le canapé, la télévision est allumée, une chaine d'informations en continu balance les dernières nouvelles du monde entre des pubs bizarres. Je m'endors. Je ne m'endors jamais devant la télévision, je dois avoir de la fièvre. Il faudrait que je me lève, que j'aille chercher un thermomètre, que je boive un verre d'eau, oui mais voilà je suis fatiguée et je m'endors sans m'endormir tout à fait. Arrivent les redoutables rêves de fièvre, répétitifs, qu'on ne peut pas chasser puisqu'on ne peut pas se réveiller tout à fait. Un petit chien blanc  s'approche, il a une bouche de femme avec du rouge à lèvres. Si j'essaie d'ouvrir les yeux il recule et me regarde avec tristesse puis il revient; ça dure des heures et des heures et des heures. Je dois vraiment avoir de la fièvre, et j'ai mal à la tête. Le petit chien blanc s'en va, mais à sa place il y a un utérus. Puis deux, trois utérus. Une voix parle d'utérus qui défilent dans les rues. Du fond de mon sommeil fébrile, je m'inquiète. Qu'est-ce que c'est que ces utérus qui avancent en se dandinant, comme de grotesques personnages de film d'animation ? Ils n'ont pas de jambes mais brinquebalent, ils sont en rangs, on dirait une invasion de fourmis, sauf que ce sont des utérus qui reposent sur leur col, avec les trompes de Fallope qui balancent en mesure, comme des bras. Ou comme des ailes.  L'ONU va prendre des mesures, la situation est très sérieuse, dit la voix. J'essaie de repousser le rêve et de rappeler le petit chien blanc. Ces utérus sont dégueulasses, ils ont des couleurs qui rappellent celles du camouflage des habits militaires. Pourquoi je fais des rêves comme ça, moi ? Ah oui, la fièvre. Et un psy, qu'est-ce qu'il en dirait, de ces rêves d'utérus ? Des centaines d'utérus qui marchent au pas. Je ne suis jamais allée voir un psy. Ma tête me fait mal à m'en cogner par terre, je me force à émerger. Paracétamol, verre d'eau, non, je ne monterai pas l'escalier pour aller me coucher. Je retombe sur le canapé et cherche la télécommande pour éteindre la télévision. Des unités russes ont envahi la Crimée, dit la voix, avant que je la coupe. Ah ! des unités russes, unitérusses, utérus....

13 commentaires:

  1. Il ne faut jamais regarder les chaines d'informations en continu quand on prend du LSD...

    (Cartoon Network, à la limite)

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  2. Salut ! T'es russe ? disais un patron de bistro (l'Aéro) aux gonzesses qui rentraient dans son rade...

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    1. L'humour bistrotier français devrait être inscrit au patrimoine immatériel mondial de l'UNESCO !

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  3. Poil aux biscotaux !
    On pouvait essayer l'ovaire et la trompe et salope mais oui, sans déconner, on doit défendre au péril de sa vie l'humour bistrotier parce qu'il est absolument, résolument, typiquement français. De terroir, du patrimoine, de notre histoire, de nos traditions et même de nos gènes, qu'il est français. D'ailleurs, il n'y a pas de vrais bistrotiers ailleurs que chez nous. L'humour bistrotier est populaire, tout le monde DOIT le comprendre et s'aligner, participer, même un quart de poil de seconde. Répondre par un sourire au moins si on n'a pas le verbe à la hauteur et qu'on se la pète aristo pourfendeur d'Audiard skil est vulgaire, non mais alors. S'initier, s'accoutumer, il n'est jamais trop tard. Sinon, on a loupé sa vie.
    Non ?

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    1. Oui ! Abdel, le patron de l'époque, ne vous contredirait pas.

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    2. D'ailleurs, il avait deux trucs d'humour répétitif. Quand un client lui demandait "combien je dois ?" Il répondait "dans le cul". Ça énervait les clients. Du coup, j'ai commencé à répondre "mais pas des pieds" quand on me disait "santé".

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  4. C'est trop tentant, votre truc.

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  5. Ah ouf, ça n'était que la faute de la télé, j'ai cru que la théorie du genre vous donnait la fièvre !!

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    1. Audine, répétez après moi bien fort "la théorie du genre n'e-xis-te-pas !"
      ... et puis, allez lire tout bas cet article de Pierre Jourde qui me semble assez bien résumer la chose. Qui résume bien ce que j'en pense, plutôt.

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  6. Oui je suis d'accord avec vous, ça résume bien pour moi également !

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Modération parfois, hélas, mais toujours provisoire, ouf.