jeudi 23 juillet 2009

Toi blogueur, toi pas journaliste

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[...] il se croit connu. Et important. Et journaliste. Il ne fait pas trop la différence entre journaliste et blogueur : il n'est pas le seul, Dieu sait, mais, lui, il devrait.
C'est chez Didier Goux


[...]-un journaliste est professionnel, payé pour écrire, un blogueur écrit en général pour son plaisir et parfois paie pour bloguer
-un journaliste suit des consignes éditoriales, un blogueur écrit en général ce qu'il veut et quand il veut
-un journaliste est lu et corrigé avant d'être publié, un blogueur est souvent corrigé après la publication de l'article, par ses lecteurs dans les commentaires
-un journaliste écrit en général pour une marque et pas toujours sous son nom, un blogueur écrit soit sous son nom, soit de manière anonyme
-un journaliste dit rarement "je", un blogueur parle souvent à la première personne
-un journaliste dispose d'un espace limité pour s'exprimer, un blogueur peut écrire autant qu'il le souhaite
-un journaliste écrit ce qu'il sait ou le résultat de son travail, un blogueur a plus tendance à partager des expériences et démarrer des conversations
-un journaliste est soucieux de la qualité de son écriture, un blogueur écrit comme il parle, est très spontané
-un journaliste bénéficie de la "protection" de son éditeur en cas de litige

Pour conclure, en général les blogueurs ne se prennent pas pour des journalistes, ils ont tout à fait conscience de ces différences."

C'est chez Loïc Le Meur



"La carte de blogueur officiel conçue comme une carte de presse a été lancée bien avant les Leftblogueurs par les initiatives de LLM lors de la présidentielle. On l'a vue lors des métingues pour l'élection de notre grandiose président. Ils se sont juste engouffrés dans le vide qui a été créé par son départ pour une ville à fort potentiel Seesmic. Ils ont repris le truc et se définissent maintenant comme reporters de Marianne ou de Courrier international, tout en ne menant aucune enquête de terrain, aucun entretien préparé, aucun dossier lu, mais avec un beau logo sur leur page d'accueil et leur classement Wikio ou le lien vers Vendredi. Auparavant, les pseudos reporters d'AgoraVox bâtonnaient des dépêches AFP et Reuters comme des journalistes de la PQR ou de la presse gratuite, tout en déclarant que le journalisme non citoyen était mort et qu'ils exprimaient la voix de la rue forcément citoyenne..."
C'est chez Le Petit Champignacien Illustré

J'ai eu du mal a trouver un titre à ce billet :
Option blogage au bac pro
Le blogueur, le journaliste et le petit tapin
Dis, maman, c'est quoi un journaliste ?
Parle à mon blog, ma presse est malade
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24 commentaires:

  1. J'ai un peu honte de le dire mais depuis que la première chose que je fais le matin c'est d'allumer mon PC pour faire un tour d'horizon de la Presse sur le Web, je n'achète plus aucun journal.

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  2. Entièrement d'accord avec le Champignacien. Quant à Le Meur, il dit n'importe quoi, dans la mesure où il oublie soigneusement l'essentiel : un journaliste est payé (en principe) pour TROUVER l'information. Un blogueur se contente le plus souvent de GLOSER sur elle – et c'est le plus souvent sans le moindre intérêt (y compris quand c'est moi).

    C'est d'ailleurs ce qui me gêne dans le cas de gens comme Olivier Bonnet, qui naviguent à la frontière de ces deux univers qui, en aucun cas, ne devraient se mélanger.

    Au mieux, les blogueurs ne sont que des éditorialistes. Le plus souvent sans talent, parce que sans sanction véritable.

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  3. Christine : vous n'êtes pas la seule.

    Didier : "Au mieux, les blogueurs ne sont que des éditorialistes. Le plus souvent sans talent, parce que sans sanction véritable"

    "Un blogueur se contente le plus souvent de GLOSER sur l'information – et c'est le plus souvent sans le moindre intérêt"

    Ceux qui écrivent bien sont parfois de bons chroniqueurs, c'est aussi un point d'intersection avec la presse écrite. C'est intéressant quand le style l'est, ce qui est rare.

    Le summum de l'ennui, c'est quand le blogueur se déclare d'emblée journaliste free-lance (aïe) ou romancier (aïe aïe aïe) et écrit comme il pense qu'on doit écrire si l'on veut avoir une chance d'avoir un article retenu par Elle (plus rarement par Chiens 2000 ou par Rustica).

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  4. Suzanne ; Ceux qui écrivent bien sont parfois de bons chroniqueurs, c'est aussi un point d'intersection avec la presse écrite.

    Un chroniqueur écrit en fonction des attentes présupposées de son public et des humeurs que ce public préjuge de lui. Cela finit par créer un univers de complaisance, de signes de reconnaissance et cela peut conduire au pire (on sait d'avance ce qu'il y a à lire chez Val ou Riouffol ou Bouvard) qu'au meilleur (on ne peut jamais connaître la suite d'une chronique d'Allais ou de Vialatte ou de Desproges, malgré leurs tics). Beaucoup de blogueurs, comme beaucoup de chroniqueurs de la presse écrite, se laissent enfermer par l'image que leur public attend d'eux.

    Une fois que l'on a obtenu ses commentateurs réguliers, on s'enferme dans un doux ronron pour leur servir leur pâture quotidienne et chacun des commentateurs-blogueurs va répondre à ceux qui font partie de son cercle et de son horizon de lecture. La surprise est bannie et la trouvaille se mue en gimmick avec rires obligatoires comme dans les bêtisiers ou les sitcoms.

    Je ne dis rien là de très original. On s'épuise fort vite à la chronique, je ne connais plus le nombre de blogues fort intéressants au départ qui ont fermé à cause de la pression due du lectorat ou de l'impression de tourner comme un hamster dans sa cage. Alimenter la bête (le blogue), oui, mais pour quoi ? Il est possible de faire un excellent billet ou même une série de bons billets, et puis de radoter pendant un long moment. La chronique journalistique est un exercice encore plus exigeant que les autres, il y faut de l'originalité mais pas trop d'un coup afin de ne pas déranger les habitudes. En général, on atteint vite la limite de sa culture ou de ses expériences ou de ses idées géniales, et il faut tricher après. Mais alors autant se faire payer pour le même travail si ce n'est plus un plaisir ou un défoulement !

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  5. Suzanne : finalement, on s'en fout, qu'un journaliste écrive BIEN ou MAL : son travail consiste à mettre au jour une information qui, sans lui, resterait ignorée. Cela demande souvent beaucoup de travail Qui n'a rien à voir avec la branlette de nos petits blogueurs qui, presque tous, et surtout ceux "de gauche", se contentent de donner leur avis sur une information qu'ils n'ont pas trouvée eux-mêmes, et encore moins VÉRIFIÉE.

    Des petits cons qui glosent, vous dis-je...

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  6. Je veux dire que je sais ce qu'est le travail d'un journaliste (même si je ne le fais pas moi-même) : rien à voir avec le touche-pipi des blogueurs.

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  7. merle moqueur, merle moqueur, jt'en foutrais moi. Merle tueur plutôt.

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  8. Dominique : alors un blog c'est comme l'amour ? Passées les chaudes fiançailles, quel est le secret des histoires qui durent ?
    Vous n'avez pas tort, mais vous citez des grands. Allais, Vialatte... Je pensais plutôt à des vivants un peu plus modestes.

    Didier: d'accord, oui, mais c'est tellement mieux quand le journaliste écrit bien. Le compte rendu du procès Dominici par Giono enterre tous les autres.

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  9. Pierre R..R : allons bon ! me vl'a criminelle, du coup.

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  10. Suzanne : Le compte rendu du procès Dominici par Giono enterre tous les autres.

    Il enterre surtout la famille Dominici. Ce qui est un tout petit peu plus grave.
    http://s.huet.free.fr/kairos/doxai/mallon/logoi.htm
    C'est beau de faire de la littérature sur la peau des plus pauvres.

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  11. Giono tenait Dominici pour un homme sans mots, noyé d'avance dans le flot de vocabulaire de la cour d'Assise. Par ailleurs il a fait, dans cette affaire, un vrai travail de journaliste d'investigation. Possible qu'il se soit trompé mais de toute façon la vérité, on ne la connaît pas.

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  12. En plus, pendant ce temps-là, on occulte les vrais problèmes...

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  13. ils partagent en revanche les mêmes responsabilités en matière de diffamation !

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  14. Disparitus: comme n'importe quel citoyen.

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  15. Disparitus : ils partagent en revanche les mêmes responsabilités en matière de diffamation

    Suzanne: comme n'importe quel citoyen.

    Pas vraiment. Les publications de presse, auxquelles sont assimilés par la jurisprudence, les blogues ne font pas l'objet de qualifications pénales (même si c'est jugé en correctionnelle) et cela exclut donc les condamnations à de la prison ou à des peine de TIG alors que la diffamation par le quidam dans les bistrots ou par lettres de corbeau déposées dans les boîtes aux lettres de pavillons peut conduire en prison. Heureusement, il y a eu des journalistes pour se battre contre le délit de presse (et les blogueurs de cracher sur les journalistes qui leur ont procuré leur statut actuel).


    Cela fait, je crois une grosse différence avec les citoyens ordinaires qui veulent médire sur les autres. L'assimilation des blogues à des publications de presse (délai de trois mois pour la plainte après publication, absence de sanction pénale) est une bonne chose, car un blogueur même anonyme est presque toujours bien identifiable.

    Il reste des zones de non-droit comme le fait que le blogueur est responsable de la diffamation même si l'auteur du fait est en réalité un commentateur (considéré alors comme complice). Ce n'est pas tenable quand on voit le nombre de propos insensés qui sont écrits dans les réactions aux articles de journaux fort en vue et ouverts à tout vent. Joffrin, Mougeotte, Szaffran devraient depuis longtemps avoir été condamné de multiples fois à des sommes astronomiques. Mais cela échappe aux plaintes tellement il y a de paroles partout.

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  16. Alors si je dis au bistro devant deux personnes que mon voisin vend des voitures volées sur Ebay je risque des ennuis plus graves que si je le dis sur mon blog au monde entier ?

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  17. Oui, Suzanne, c'est cela le paradoxe de l'alignement du droit des blogueurs ou des sites internet sur celui de la presse. Mais un propos de bistrot peut être difficilement poursuivi parce que l'on manque en général de témoins, de preuves et surtout du fait de l'atteinte à la réputation d'une personne. Dans ma bonne ville, tout le monde commère avec des sourires entendus sur les mœurs de notre maire, y compris dans les commerces qui lui sont acquis. Il ne porte pas du tout plainte, car la plainte serait pire que le mal et répandrait encore plus la rumeur. En revanche, si quelqu'un éditait un tract anonyme diffusé dans les boîtes aux lettres ou s'il faisait des appels téléphoniques aussi anonymes ou s'il écrivait sur les murs de la ville, et s'il était convaincu de diffamation il serait susceptible d'un an de prison. Le blogueur et le journaliste échappent à ce triste sort, car ils peuvent permettre un droit de réponse, la publication du jugement et le retrait des propos incriminés (dans le cas des archives internet). Ce n'est pas non plus pour eux une sanction inscrite au casier judiciaire (enfin si, mais pas dans le volet le plus important). La sanction est pénale sans l'être vraiment : il y a une amende, des frais au dépens et pour le civil des dommages et intérêts, mais on peut éviter le principal, la prison. Avant la loi de 1889, les journalistes pouvaient être emprisonnés. Avant la jurisprudence fort récente de la Cour de cassation, les blogueurs aussi.

    Mais enfin... si on veut diffamer hors des blogues, il faut vraiment y mettre les moyens. On ne va pas emprisonner tous les gens qui hurlent Pasqua ou Dray (noms pris totalement au hasard) escrocs ! au bar de la Comète. Il n'y aurait plus de place. D'ailleurs, ce serait requalifié en injure publique ou bien classé faute de qualification suffisante.

    Les peines de prison pour diffamation venant de simples quidams sont plus que rarissimes et il faut remonter à des temps anciens, les condamnations à des amendes sont plus fréquentes et surtout c'est une condamnation pénale pour laquelle il faut ensuite débattre devant un autre juge si on ne veut pas de l'inscription dans le casier judiciaire.

    La diffamation est un délit très difficile à cerner, car la victime n'a pas besoin de prouver la fausseté des faits imputés, il lui suffit de dire que cela lui porte tort. On peut diffamer quelqu'un même si les faits sont réels et prouvables ! Si j'apporte demain des preuves de détournement de fonds de la part de mon chef d'établissement (cas imaginaire) avec des documents comptables à l'appui, cela entre dans le champ de la diffamation si je livre cela dans le domaine public. C'est une notion floue qui permet aussi toutes les poursuites judiciaires de la part de personnes qui ont parfois quelque chose à se reprocher. Voir Eolas sur diffamation et injure.

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  18. "On peut diffamer quelqu'un même si les faits sont réels et prouvables ! Si j'apporte demain des preuves de détournement de fonds de la part de mon chef d'établissement (cas imaginaire) avec des documents comptables à l'appui, cela entre dans le champ de la diffamation si je livre cela dans le domaine public."

    Je croyais que le mot diffamation ne s'appliquait qu'au mensonge en but de faire du tort.

    Merci pour ces précisions.

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  19. Très intéressant merci

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  20. Je viens après les débats et sans lire les commentaires pour revenir sur un détail.

    Les leftblogueurs n'ont jamais demandé de carte "officielle" de blogueur même si certains d'entre eux se sont bien posés la question. Je m'étais d'ailleurs foutu de leurs gueules (ce n'est pas parce que je suis numéro un d'un bazar que ça me donne une position officielle).

    En outre, certains leftblogueurs, notamment Juan (taulier de Sarkofrance) et moi, nous interrogeons continuellement sur la différence entre blogueur et journaliste, sans jamais revendiquer un statut de journaliste, bien au contraire, y compris Juan !

    Par contre, c'est vrai, certains ont tendance à confondre, voire à vouloir donner des leçons...

    Vu d'un autre côté, à propos de la "carte de blogueur", les interrogations sont parfois légitimes dans la mesure où certains ministres nous regardent "de travers" et invitent certains d'entre nous à diverses réunions, nous donnant une position "privilégiée" par rapport à d'autres blogueurs (j'ai bien sûr refusé ces invitations et seule la curiosité pourrait me faire changer d'avis !).

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  21. Nicolas : pas de contradiction, donc, entre ce que vous dites et les citations que je fais de ce qu'écrit le Champignacien (Dominique).
    Accepter des invitations à des débats ou à des réunions en tant que blogueur engagé ou simplement curieux, mais pourquoi pas ? On ne vend quand même pas son âme et son blog en allant voir ce qui se dit ci ou là et en en faisant le compte rendu si on a envie, et comme on a envie.

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  22. Très bon l'image carte de blogueur professionnel !

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  23. Guillaume, donne à Suzanne l'adresse de ton billet à propos de la charte des blogs.

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Modération parfois, hélas, mais toujours provisoire, ouf.