mardi 31 mars 2009

La politique ce n'est pas de la daube


Dimanche, j'ai mis le pied dans un trou de taupe en allant couper des pissenlits dans la prairie. Mon panier était déjà plein; restait à blanchir et rissoler les lardons, griller les croûtons et pocher les œufs dans l'eau vinaigrée, mais ça, quelqu'un d'autre s'en est chargé parce que j'avais mal à la cheville. Je me suis affalée sur la banquette en face de la cheminée, le pied dans un seau d'eau chaude. J'ai pris mon livre commencé le matin, L'éclipse, de Rezvani, mais impossible de me replonger dans ce triste récit avec le chat qui prétendait s'allonger sur mon ventre, la maison qui bruissait autour de moi et les élancements lancinants de ma cheville qui gonflait à vue d'œil.

J'ai donc appuyé sur la télécommande et la télé s'est allumée sur la 2. Michel Drucker, Jean-Pierre Coffe, Martine Aubry, Anne Roumanoff et Claude Serillon. Il y avait une éternité que je n'avais pas regardé l'émission du dimanche de Michel Drucker. La présentation du passé de Martine Aubry était, ma foi, pas mal fichue. Photos d'enfance, de jeunesse, parcours sérieux. Cette dame, vous la croyiez austère, lourde armoire, cerveau d'acier, fille de son père allaitée aux biographies en dix tomes des grands hommes de la République ? Pas du tout, ou pas seulement: c'est une fille sympa et rigolote. Même que dans l'intimité du salon druckerien elle évoque sans détour ses relations avec Ségolène et toutes ces petites choses -là.

Ensuite, on la voit au marché de sa bonne ville de Lille. Elle achète le nécessaire pour mitonner une carbonnade flamande et on la retrouve en maître-queux avec Jean-Pierre Coffe dans une cuisine. Quand on soulève le couvercle, en fin de cuisson, le regard de la caméra nous promène sur le bel orange des carottes en rondelles, le joli vert des feuilles de laurier et des brins de thym, le brun appétissant de la viande caramélisée.

Alors là, on voit bien qu'on est à la télé. Essayez de faire la même chose en mettant autant de feuilles de laurier dans un plat composé d'un kilo de macreuse et de carottes, on ne sentira que le goût du laurier. Essayez de mettre à cuire en même temps le boeuf et les carottes: soit les carottes seront réduites en purée, soit la viande sera immangeable, la macreuse doit mijoter longtemps.

Les gens qui connaissent les secrets des daubes et autres ragoûts sauront désormais, pour peu qu'ils l'ignorassent auparavant, que la femme politique ment aussi bien que l'homme.

11 commentaires:

  1. Et aussi qu'elle n'a jamais dû faire la cuisine de sa vie.

    (Remarquez, de ce point de vue, je n'ai pas à me moquer...)

    Pour la carbonade, il y a une excellent recette chez l'Irremplaçable.

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  2. C'était un week-end politique bien nourri. De son côté, François Hollande, en réponse à Nicolas Sarkozy, qui dit avoir la banane, a répliqué que les français avaient les "peaux de banane".

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  3. Mais pourquoi vous avez regardé ça malheureuse ???

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  4. Dorham, ben, je l'ai dit plus haut!

    Madame Kevin : Pas mal ! Il parait que François Hollande est drôle dans l'intimité.
    J'ai entendu les commentaires de la déclaration de notre bien-aimé président, je me suis dit qu'il allait un peu loin (j'attribuais une signification un peu sexuelle à "j'ai la banane") mais il parait que non, tout va bien. (Juppé n'a pas les cerises, lui)

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  5. Suzanne,

    pas vraiment, pourquoi vous avez pas changé de chaîne ?

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  6. Dorham: parce que je voulais entendre Martine Aubry... Parce que je ne sais plus qui venait de dire "elle est, en fait, très rigolote" et que j'attendais de voir comme elle pouvait être rigolote. Je ne l'ai pas trouvée rigolote du tout, et je me disais que c'était affreux les pitreries que faisaient toutes les personnalités politiques sur les divans des présentateurs... Parce qu'une fois que je commence à regarder un truc débile à la télé, hélas, je n'ai pas toujours le bon réflexe d'éteindre ou de changer de chaîne.
    (z'allez me donner quoi, comme pénitence ?)

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  7. Il faut faire le bilan sur le plan politique : elle est cuite ?

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  8. Moins que ses carottes, j'espère, Mitslav. Et puis, parler de politique sans Nicolas, je n'oserais pas.

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  9. "z'allez me donner quoi, comme pénitence ?"

    Je sais pas, il paraît que je suis un bon fesseur.

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  10. J'ose, Suzanne.. un peu ... beaucoup...
    que je l'ignorasses (MDR) ou point... la daube reste de la daube, finement cuisinée ou... longuement mijotée... et ce... dans quelque domaine que ce soit mais... les carottes trop cuites, très peu pour moi...

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Modération parfois, hélas, mais toujours provisoire, ouf.