samedi 3 octobre 2009

Cette auteur a-t-elle l'heur de vous plaire ?


Le meilleur dictionnaire du ouèbe, le TLF, ne propose pas de e à auteur, ni à écrivain, même quand les écrivains sont des femmes. Masculin, masculin. Colette et Marguerite Duras sont des auteurs et des écrivains.

Peu de femmes écrivains se qualifient, se substantivent, se vêtent du mot écrivaine. On entend vaine, c'est bof bof. Par contre, auteure est souvent utilisé. (Au moment où j'écris auteure, le correcteur orthographique me le souligne, alors qu'il n'a pas souligné écrivaine).

Je n'ai pas envie d'écrire une auteure. Il y a beaucoup de mots féminins qui se terminent par eur.
Pour moi, ce sera une auteur, une professeur, même si je dois chagriner les jardiniers et les maîtres-queux de la langue française.

***

.

41 commentaires:

  1. Et vous allez dire UN sentinelle, aussi ? UN fine gueule ?

    RépondreSupprimer
  2. cette auteur a l'heur en effet de me plaire, et j'aime ce flou qui permet d'écrire la même chose de plusieurs façons, chacune révélant un peu de celui (de celle) qui écrit.

    RépondreSupprimer
  3. C'est quoi le féminin de "maitres-queues" ?

    RépondreSupprimer
  4. Non. La sentinelle était fine gueule mais belle ordure, tout le monde comprend. (Evidemment, si la sentinelle est une femme, il y a du flou)
    La ministre, la maire du village, la commissaire de police, ça passe bien. (Enfin, pour moi, oui)

    RépondreSupprimer
  5. Mère Castor, serrons-nous les coudes!

    RépondreSupprimer
  6. sauf que c'est toujours dans le même sens, et que hormis sage-femme je ne vois aucun nom de métier qui ne se mette pas facilement au masculin même lorsqu'ils sont massivement féminisés

    RépondreSupprimer
  7. Olympe, je crois qu'il faut prendre le mot "écrivain" ou "auteur" comme une sorte de neutre, dérivé historiquement du masculin, du fait, effectivement, de la relégation au second plan des femmes pour tout ce qui est des "trucs sérieux".

    Dans les faits, on peut certes dire qu'il est odieux qu'"auteur" soit considéré comme un métier d'homme, et on peut lutter pour que cela change à l'avenir, mais personne ne va chercher à réécrire le passé, à dire par exemple que pendant des siècles les femmes ont bénéficié tranquillement de l'égalité, ça serait ubuesque, absurde.

    Modifier la langue dans ce sens, ça me donne un peu l'impression de vouloir réécrire l'Histoire, c'est un peu... bizarre et un peu forcé, même si je comprends bien le symbole que cela implique.

    (j'ai écrit des commentaires plus clairs dans le passé il me semble, mais bon).

    RépondreSupprimer
  8. Dans "écrivaine" on entend "vaine" mais dans "écrivain" on entend "vain".
    France-Hélène

    RépondreSupprimer
  9. Bon, cette semaine, j'ai demandé spontanément à une collègue "Où est-elle l'écrivaine ?" Il faut dire que j'ai trop fréquenté les sites québécois... Je ne la connaissais pas, je ne l'avais jamais rencontrée et le terme est celui que j'emploie spontanément. Celle-ci s'est montrée, parce qu'elle était cachée par des rangées de livres. Elle ne s'est pas offusquée du terme et elle a confessé ensuite, dans le détail d'une phrase complexe, aux élèves qu'elle préférait se faire appeler ainsi, mais sans insister plus, aucun ne l'a repris pour la corriger. Ils admettront écrivaine parce qu'ils en auront vu une et l'auront entendu parler de son travail. Et c'est ainsi que l'usage change ! parce que les choses nous semblent naturelles et simples. Il nous faut juste faire en sorte que les mots soient nôtres et pas la propriété d'on ne sait quelle caste supérieure ou l'objet d'un tabou irrationnel. C'est notre langue, nous la construisons petit à petit comme nos ancêtres. Et on verra bien ce qui dominera entre la langue avec proscription comme dans les dictatures et la langue qui se fait réellement. La liberté est un long chemin...

    RépondreSupprimer
  10. France-Hélène : bonjour et bienvenue. Oui, vous avez raison.

    Balmeyer: oui, mais l'usage modifie la langue, aussi. Dans mon village, il y a eu pendant très longtemps un maire femme. (Déjà, je ne sais même plus si l'on dit une femme maire ou une maire femme.) Tout le monde l'a toujours appelée la maire.
    On a rectifié longtemps pour les ministres, corrigé les la ministre (madame LE ministre, s'il vous plait!) quand il n'y avait que très peu de femmes au gouvernement.
    Le changement de genre dans les mots ne fait que coller à l'évolution des choses.

    Je pensais surtout aux mots féminins en eur, il y en a beaucoup dans la langue française, il n'y a pas besoin de féminiser les masculins qui n'ont pas de féminin en euse ou en trice, pourquoi ne pas juste mettre un une devant ?

    RépondreSupprimer
  11. Dominique : je n'avais pas vu votre commentaire avant de poster le mien.

    Il y a autre chose aussi, qui m'empêche d'utiliser écrivaine. C'est que, généralement, je n'aime pas du tout ce qu'écrivent les écrivaines.

    RépondreSupprimer
  12. "l'usage modifie la langue", Suzanne, oui, mais est-ce l'usage ici, ou plutôt une décision ?

    Si l'usage s'impose, pourquoi pas, après tout. Pour nous cela semble bizarre, dans 100 ans, peut-être, ce débat sera ridicule.

    RépondreSupprimer
  13. Suzanne : C'est que, généralement, je n'aime pas du tout ce qu'écrivent les écrivaines.

    Je vous assure que les filles avaient les larmes aux yeux et que le perturbateur de la classe était totalement séduit par l'écrivaine qui se disait écrivaine au point de vouloir la séduire à son tour. Il n'y a eu aucun élève dans cette classe faible composée à moitié d'élèves de la diversité (comme on dit dans le sabir sarkozyste) pour déclarer "Vous parlez mal le français", d'autant qu'elle est elle aussi d'origine populaire. Il faut que les choses se passent naturellement, pas en étant imposées, mais il faut aussi les vouloir. Ecrivaine s'imposera parce que cela viendra du peuple. Cela monte, mais les élites anciennes ne veulent pas comprendre.

    RépondreSupprimer
  14. Le masculin en français est en réalité un genre neutre, ou non marqué si vous préférez. En disant « écrivaine » ou « auteure » comme on ne cesse de le faire au Québec, on confond la fonction avec le sexe de la personne occupant cette fonction. Comme Didier Goux le dit, on continue de dire une sentinelle, une vedette, une ordonnance, une estafette, une vigie, etc., même quand, et c'est 9,99 fois sur 10 le cas, c'est un homme bien viril qui occupe cette FONCTION, et ceux-là ne se sentent pas vexés d'être traités au féminin, parce que c'est la fonction qui est au féminin, quel que soit le sexe de la personne l'occupant.

    Ainsi, on peut écrire : « L'écrivain français Marguerite Duras s'est prononcÉE en défaveur de la féminisation des noms de métier. ». De la fonction (« l'écrivain français »), naturellement du genre masculin, on passe au sexe (« ... s'est prononcée... ») de la personne concernée.

    Dominique va sûrement, là-dessus, me tomber sur le casaquin et suggérer que je suis pour l'élimination physique des femmes.

    RépondreSupprimer
  15. Rien à ajouter au commentaire de Yanka.

    Dominique : il me semble que vous vous trompez : cette féminisation des mots n'a rien à voir avec une quelconque "volonté du peuple", lequel, je pense, n'en a rien à battre de savoir s'il convient d'écrire auteur ou auteure. C'est une décision qui descend de l'Olympe, c'est-à-dire des Olympes...

    Ça nous tombe du plafond de verre, si vous préférez.

    RépondreSupprimer
  16. Yanka, cette idée du neutre sous la forme du masculin est totalement absurde et c'est une construction mentale du XIXe s. après que les femmes eurent été éliminées de bien des emplois durant l'époque moderne. Le féminin ne pouvait être réservé alors qu'à l'épouse du titulaire de la fonction, puisque madame était seulement l'appendice de monsieur. La présidente de Tourvel ne tenait pas la fonction de juge, mais était femme mariée à un juge de parlement.

    On féminisait tous les noms de profession au Moyen Âge et il y a même mention de médecines qui sont des femmes. C'est à l'âge classique, lors de la formation de notre langue actuelle et de l'expansion de la bourgeoisie, que le travail des femmes recule et que l'on féminise moins. Il y a une notion de classe sociale dans ce trait langagier. On peut être une secrétaire d'administration, mais on sera le secrétaire de l'Académie française. Les fonctions subalternes se sont toutes féminisées aisément, sauf bien sûr celles de nature mirlitaire ((vigie, sentinelle, ordonnance). Mais l'on n'a pas besoin de se mettre au garde à vous pour parler la langue d'aujourd'hui qui reprend simplement son cours interrompu. Les Québécois(es) sont moins aux ordres que les habitants d'un pays resté colbertiste, jacobin et bonapartiste.

    RépondreSupprimer
  17. quoi qu'il en soit les mots ont un sens et le langage forme la pensée.la féminisation des mots est importante.

    RépondreSupprimer
  18. Et pourquoi pas autrice, tant qu'on y est?

    RépondreSupprimer
  19. Balmeyer: oui, on verra bien

    Dominique (pour l'écrivaine): on verra bien aussi, mais qui sont les élites anciennes ? Les vieux profs ? Les vieux écrivains sévères, les barbons ?

    Olympe : je crois que ça ne se décrète pas, même si c'est pour une bonne cause.

    Olivier P : et si cette auteur écrit des livres tristes, ce sera une autriste ?

    RépondreSupprimer
  20. s'il s'agit de Angot (native de Châteauroux) on dit autiste

    RépondreSupprimer
  21. Que des auteurs alors ? Mais quid des lectrices, faut-il les masculiniser à l'inverse ?
    Pour ma part, je dis auteure mais pas écrivaine qui est assez laid sous la langue, simple goût esthétique.
    Par contre, dans cette grande mode de la féminisation forcée, j'ai vu passer quelque Docteure qui m'ont bien fait rire !
    :-))

    [Et d'abord, un sage-homme, est ce que ça se peut ? :-)) ].

    RépondreSupprimer
  22. Monsieur Poireau: lecteur-lectrice, on a déjà tout ce qu'il faut.

    En fait, je constate que le masculin-neutre devient féminin-neutre par l'article, dans beaucoup de cas. On dit de plus en plus une professeur, une gardien de la paix, une ministre, une gynécologue, ainsi d'ailleurs qu'une amateur de vins fins ou une coureur cycliste. C'est un compromis qui me va.

    RépondreSupprimer
  23. .Olympe parle aussi de la féminisation des noms de métier.

    RépondreSupprimer
  24. Je suis contre la féminisation des noms de métier...c'est d'un laid...

    Tout comme je suis contre la masculinisation des noms de métiers féminins.

    L'important, c'est qu'hommes et femmes accèdent à ces métiers de manière objectivement égale, pas de commettre un crime contre l'estéthique et l'étymologie.

    RépondreSupprimer
  25. Nemo : assurément. Mais il y a une professeur de français d'accord avec moi, et ce n'est pas une officier de police comme ma cousine qui nous contrediront.

    RépondreSupprimer
  26. @ Dominique: Intéressant témoignage. Ou comment les lectures en ligne modifient nos références...

    @ Balmeyer: Ce n'est pas vraiment l'histoire ni la littérature que l'on réécrit en féminisant ces noms, c'est la langue française *actuelle*, celle qui est parlée aujourd'hui.

    Hélas, je crois que le TLF n'est plus mis à jour depuis des années, non? Mais on voit de plus en plus des féminins comme "auteure" dans des publications sérieuses, y compris Le Monde.

    La fréquentation d'autres langues peut aussi conduire à accepter mieux (ou moins bien) le féminin des noms de métier en français. L'italien et l'allemand féminisent beaucoup plus que nous, par exemple. (Ayant appris "professora" dans cette langue, il m'a été naturel d'employer ensuite "professeure" en français.)

    Quand j'ai fait un billet il y a quelques mois pour expliquer que je revendiquais l'appellation "auteure" (ainsi qu'écrivaine, au passage), j'ai eu deux types de réaction:

    - pas mal d'incompréhension, voire d'agressivité anti-féminisation (venant surtout d'hommes, mais aussi de quelques femmes);

    - et pas mal aussi de voix (surtout féminines, il faut l'avouer!) pour dire que ça leur semblait bien naturel de parler d'écrivaines ou de professeures.

    http://www.irenedelse.com/2009/05/23/une-auteure-si-je-veux/

    RépondreSupprimer
  27. Irène, je remets votre lien. Je n'avais pas lu cette discussion sur votre blog, et j'ai l'impression que celle-ci est la même, toujours recommencée.

    RépondreSupprimer
  28. Et un homme sage-femme, c'est un sage-femme ou une sage-femme ?

    Le comble de l'horreur, c'est un syndicat duquel pourtant je me sens assez proche "syndicalement" qui nous balance des tracs ou il est systématiquement écrit employé-es.

    RépondreSupprimer
  29. Franssoit: oui mais là on touche à l'exception, pour les sages femmes.

    Je dirais: Bernard est une sage-femme homme.

    Pour le "employé-es", je trouve ça bête, mais moins pire que la nouvelle orthographe (d'où vient-elle celle-là ?) féministe qui consiste à mettre les e en capitales, style "les employéEs de chez Trucmuches sont des travailleurEs sous-payéEs."

    RépondreSupprimer
  30. Nanard est maïeuticien !

    ♫ combien le maïeuticien dans la vitrine ? ♫

    RépondreSupprimer
  31. Malavita: contente de vous revoir !

    Et bravo pour les deux petites notes...

    Evidemment, si vous appelez la Grèce à la rescousse, ce n'est plus du jeu.

    RépondreSupprimer
  32. Malavita : comment faites-vous, pour les petites notes ?

    RépondreSupprimer
  33. Didier Goux : cherchez caractères spéciaux sur Google (entités html, code ascii etc).

    Sinon, avec un PC : appuyez sur la touche Alt et tapez esperluette dièse 9835 point-virgule .

    RépondreSupprimer
  34. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  35. Balmeyer:

    ♬♩♨ ♧ ♤ ♡ ☞ ☎ ☏ ☆ ★ ♣ A $ £ ¤ #! ✒ ☯ ✣ ☮ ✿ ♖ ♘ ♗ ♕ ♔ ♗ ♘ ♖ ♙

    RépondreSupprimer

Modération parfois, hélas, mais toujours provisoire, ouf.