lundi 31 mai 2010

Humeur vespérale


Je hurle dans la nuit, sauf que ce n'est pas encore la nuit.

Je crois que je viens de lire le plus horrible billet de tout le mois de mai. L'orthographe est une vision du monde, dit le Petit Champignacien. (non, ce n'est pas ce billet-là.) C'est bien ronflant pour ma petite tête. Science des ânes, vision du monde, je n'ai pas envie d'en discuter. Je me méfie un peu des réformateurs de l'orthographe. Je serais pour ma part favorable à de légères simplifications des accords de participes passés et de mots composés, et pour l'abandon ou l'emploi facultatif de délicatesses anciennes, sans plus. La langue française est bien compliquée, je passe vite sur ceux qui l'écorchent par excès de vitesse dans le maniement du parlécrit, mais j'en veux à mort aux faiseurs de laideur, aux dégenreurs, aux neutrôlâtres, aux transformationnistes de tous bords.

Maudite soit l'épine de rosier qui s'est fichée dans mon talon, que j'ai du extraire avec une aiguille à coudre en me tordant dans le vieux fauteuil, après avoir laissé macérer mon pied dans un seau plein d'eau javellisée. L'épine s'est cassée. J'ai agrandi le trou. J'ai saigné et j'ai souffert, mais c'était ça ou le panaris du talon qui entraîne l'amputation, comme chacun sait.

J'ai pris mon ordinateur et j'ai regardé ce qu'il y avait de nouveau dans la blogroll de Nicolas. Nicolas a fait un excellent article sur les bistros, sur la mort des bistros, sur la Comète qui change de patron. J'aurais pu lui tapoter un commentaire complimenteur, mais il est bien assez vaniteux comme ça. Je ne me lasse pas de lire ses articles, mais je le lui dis de moins en moins, comme tout le monde. Il y a un effet d'habitude, on s'accoutume au plaisir du billet frais comme le pain quotidien. Félicite-t-on chaque jour le boulanger qu'on a choisi pour son pain, toujours aussi bon que celui de la veille ? Ses billets rapides s'améliorent, ils sont vivants. Si j'étais en exil je ne sais où, je respirerais l'air de la France des bistrots et d'ailleurs avec Nicolas et Didier Goux. D'ailleurs, Didier Goux écrit de moins en moins de petits instantanés, de descriptions-éclair qu'il trousse si bien, la fille avec trop de rouge et la minijupe bourrelant une taille dodue, au cul débordant qui donne des coups de poignards de désir, la passante qui s'évanouit comme dans la chanson de Brassens, la gamine acide et collante à la fois; j'aimais bien ces minutes de trottoir ou d'ascenseur.
Je voulais écrire un article pour me moquer d'un blog blogrollé chez Nicolas, dont le titre m'assomme, me heurte, m'effondre et me nique la race mais, zut, je n'ai plus le temps, et un peu moins envie. Faudrait pas s'attendrir. Demain, peut-être.

***
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41 commentaires:

  1. Oui, Suzanne, "demain" peut-être! Enfin la révélation! Demain le style et l'orthographe et le reste. Il faut y croire sincèrement: une éthique. Pas une convulsion.

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  2. Hermès: je crois que je ne comprends pas votre commentaire.

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  3. Suzanne, justement vous ne comprenez pas. Et c'est très bien de ne pas comprendre, ça permet d'avancer. Je voulais dire qu'il ne fallait pas rester sur des bloquages, des nostalgies, même si je peux les partager. Rappelle-toi quand tu avais, 10 ans, puis 20 ans . Et mesure ça à aujourd'hui. Es-tu sûre d'avoir raison maintenant? Tes peurs ne sont-elles pas plus fortes que celles de la gamine que tu étais?
    Je ne comprends pas la peur ni la nostalgie. Alors, c'est peut-être moi qui me trompe...

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  4. "Et c'est très bien de ne pas comprendre, ça permet d'avancer. "

    euh, je comprends de moins en moins.

    "il ne fallait pas rester sur des bloquages, des nostalgies, "

    C'est à propos de l'orthographe ?

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  5. Oui c'est vrai, je suis très hermétique - d'où mon nom!
    Mais je ne répondais pas précisément à ce texte, en ayant en tête beaucoup d'autres où tu me sembles machonner des "regrets" (au sens Du Bellay, j'espère):
    La langue, l'orthographe, les bistros... Dieu sait que j'aime tout ça! Mais il faut regarder devant, s'inventer des nostalgies pour demain. Autrement on meurt.
    C'était simple.
    Comment peut-on écrire à rebrousse-poil quand écrire c'est rouler pleins phares dans la nuit? Tu es une sorte d'énigme. La nostalgie est pour moi une énigme. L'explication te convient-elle?

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  6. C'est puissant ce que fume Nouvel Hermès, je crois que je vais me remettre à la beuh, moi...

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  7. Suzanne,

    Faites moi des compliments, bordel.

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  8. J'ai des petits élèves qui réforment l'orthographe très régulièrement...

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  9. Hermès: mais il y a des bistros. Nicolas en parle cent fois par jour. Il y en a un dans mon village, sept dans le bourg d'à coté. Il y a la langue, celle que je parle, que je lis, qui est bien vivante. Où ça, de la nostalgie ? Je trouve abominable qu'on écrive travailleurEs BretonNEs, pas par nostalgie, mais parce que c'est grotesque, ridicule, c'est tout !

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  10. Epamin: au petits, on pardonne !

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  11. "(ne pas oublier le rappel contre le tétanos, tiens, pendant que j'y pense)"

    (Suzanne, le 08/12/2009)

    (non, rien...)

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  12. Balmeyer: il ne faut pas effacer les commentaires quand ils sont drôles...("au petits" on pardonne, mais moins "au grands".)

    Malavita: c'est impressionnant. Vous vous souvenez mieux que moi de ce que j'écris. (et, bon sang, je ne l'ai pas fait, ce rappel. si je meurs dans la nuit, adieu, j'aimais bien tout le monde, mais certains un peu moins.)

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  13. Désolé de vous avoir volé Céleste. Je vous la laisse la prochaine fois, promis !

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  14. "Je vous la laisse la prochaine fois, promis !" Didier, quelle horreur, nous allons nous faire traiter d'impitoyables vautours grimaçants se déchirant une tendre agnelle.
    Je ne ferai pas de billets
    , le vôtre est parfait, mais je crois qu'Hermes l'a mal compris. Il ne s'agit pas d'épingler cette fois le côté dame patronesse vibrant d'émotion exemplaire du billet célestien, mais bien l'odieuse maltraitance envers l'orthographe et la typographie. Maltraitance faite d'exprès, comme disent les enfants. C'est abominable et ridicule, cette façon d'accorder les mots, de mettre des E majuscules qui se dressent comme d'énormes bonnes femmes menaçantes (c'est ainsi que je les vois) Ah, le masculin ne l'emportera pas, semblent-ils proclamer. De notre hauteur capitale, on vous force à l'accord. On vous plaque à terre, on vous nique la phrase. Ce qui est ainsi écrit n'est pas seulement difficile à lire (ce n'est pas dans nos habitudes), mais c'est tout l'agencement du discours qui est modifié. On écrit en fonction de ces accords, de cette graphie, et c'est un discours d'automates, une harangue en uniforme. On ne pense à rien d'autre qu'à la façon dont c'est dit, comme si l'on vous parlait en agitant une matraque.

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  15. J'ai trouvé sur le Web des propositions comme é-e-s ou é/es.
    Nous avons donc le choix dans cette modification de la grammaire entre un accolement eE ( c'est moi le gros, c'est toi le petit), les 2 traits d'union ( je t'aime, moi non plus) ou le / ( séparons-nous à l'amiable,je me barre avec le s).

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  16. Bonjour Suzanne.

    Mettre des "e" ou des "E" partout ne me gêne aucunement dans la mesure où, s'agissant de l'acte d'écrire ou de celui de lire, je n'associe jamais le genre masculin au mâle ni le genre féminin à la femelle. Je veux dire : le sexe d'une chaisE m'indiffère, comme, du reste, celui d'un(E) chirurgien(NE) puisque, comme nous sommes dans la chose écrite, il (elle) n'est couché(e) que sur papier...

    (Je précise que lorsque j'ai affaire à une dame au bloc je dis évidemment "Madame le chirurgien" pour peu, bien sûr, que je ne sois pas complètement anesthésié, idem dans mes carnets.)

    Signé : un habitant de StrasbourgE (méchant Didier Goux...)

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  17. C’est sûr que si vous dites « madame le chirurgien », et que le surfeur vous réponds d’un air agacé : « comment ça madame ? » juste avant que vous sombriez dans les vapes, et ben ça fait flipper.

    D’un autre côté, il faut toujours dire « madame le chirurgien », on attribue ça au délire du produit injecté, parce que si on dit « monsieur le chirurgien » par erreur à une activiste de l’amicale féministes des femmes soldates lesbiennes membres du mossad, et ben c’est la grosse cata.

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  18. Dites Balmeyer, vous êtes Harald ou Pat (jamais fichu de me souvenir) ?

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  19. Le plus horrible, le plus horrible, c'est vite dit. Je n'ai jamais défendu des réformes extrêmes de l'orthographe et encore moins son abandon. J'ai simplement souligné dans ce billet son caractère arbitraire, ses impostures étymologiques, ses contradictions au fil des siècles, sa fonction sociale qui peut être discriminatoire. J'ai écrit un billet bien pire lorsque j'ai repris à mon compte les propositions d'André Chervel, spécialiste de l'histoire de la grammaire scolaire, qui partent de quatre principes simples (abandon des lettres doubles et des graphies hellénisantes par exemple), comme j'ai soutenu auparavant les rectifications de 1990. Mais je n'appelle pas du tout à l'écriture phonétique ou SMS ! Les extrémistes qui défendent cela sont des inconscients.

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  20. Lucie, quel joli commentaire! (le quadrille des E)

    Christophe: vous dites "madame le chirurgien" ? D'une part, j'espère que ça va mieux après l'opération, là, et d'autre part, je vous conseille un "docteur" passe partout. (Est-ce qu'il y a des docteurs qui se font appeler docteurE?)

    Balmeyer: bouh, quel cauchemar...(vous allez vous faire traiter de phobe, je sens ça...)

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  21. Dominique: vous aurez bien compris que ce n'était pas votre billet que je qualifiais d'horrible, mais un titre avec des E majuscule comme on en met quand on veut féminister les mots masculins. Exemple: TravailleurEs oppriméEs révoltez-vous".
    Tiens, au passage, une expérience amusante: écrivez exactement comme ceci "travailleurEs" dans Google, sans les guillemets et sans faire de copié collé. Google vous propose un seul mot après, et quand on voit les deux... on entend la voix d'Arlette Laguiller. Si, si !

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  22. Billet frais !
    (et merci pour le ver, j'avais même pas vu ! La honte)

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  23. (Borhen : Harald, c'est Dorham, moi c'est Pat, pour votre information)

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  24. Autant je suis partisan de la féminisation des noms de métiers et de fonctions pourvu que l'on trouve une forme un peu logique, autant je suis réticent envers les formes pseudo-communes du type MotivéEs, Républicain(e)s,, Vert-e-s, Citoyens/ nes, etc. Diverses solutions graphiques ont été utilisées pour traduire à la fois le féminin et le masculin, mais cela a toujours été artificiel et assez moche. Mais je tiens à vous effrayer : ce n'est pas propre à la France ou à ses partis les plus à gauche. En fait, on trouve cela aussi chez nos amis suisses et nos cousins québécois à une plus grande fréquence. Trouver un Suisse gauchiste, c'est une tâche trrrès difficile !

    En cherchant la forme donnée pour "travailleurEs", je tombe sur la CNT et Rebellyon. C'est les anarchistes ! Vous ne voulez tout de même pas qu'ils respectent l'ordre établi, non ? (Je vous signale au passage qu'une recherche préalable de votre part dans Google a fait apparaître ensuite les résultats que vous n'aviez pu trouver. Il faut se méfier des hapax de Google, les occurrences se multiplient une fois qu'il y a eu une première demande. Google est trompeur.)

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  25. C’est peut-être pas inutile de rappeler (par un E majuscule ou tout autre signe) qu’une partie des « sans papiers » ce sont des « sans papières » (héhé, j’aime bien ébouriffer un peu la grammaire et l’orthographe). Qu’elles travaillent dans des ateliers clandestins esclavagistes, font des ménages avec heures sup gratuites et smig absent, et se retrouvent prostituées si elles ont la (mal)chance de pas être trop vieilles.

    Qu’elles sont moins visibles que les hommes, certes, mais n’en existent pas moins.

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  26. Dominique: ok pour Google. Et, oui, vous avez réussi à m'effrayer.

    Cultive ton jardin: bien sûr qu'il y a des sans papières parmi les sans papiers, ça tombe sous le sens. Et quand on dit "les agriculteurs, les artisans, les chiens, les Allemands, les écrivains, les tuberculeux" le masculin n'est pas mâle, tout le monde le comprend...

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  27. écrivez exactement comme ceci "travailleurEs" dans Google

    On peut se contenter d'écrire travailleures, sans l'affreuse majuscule, Google n'étant pas sensible à la casse des caractères.

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  28. Oui, Suzanne, ça tombe sous le sens. Mais tu remarqueras que quand tu entends chercheur, tu "vois" un mec, médecin, c'est pareil alors que dans les dernières promotions les femmes sont désormais majoritaires. Une amie toubib nous racontait qu'immanquablement on disait "docteur" au brancardier et "Mademoiselle, passez-moi le bassin" à elle. Ce qui l'empêchait pas de passer le bassin, hein, elle était pas snob!

    Quand on donne le pourcentage de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, on oublie d'imaginer que ce sont en grande partie des femmes avec enfants.

    Je trouve utile de le rappeler parfois par un petit (e) ou un grand E ou tout autre moyen.

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  29. Suzanne,

    Non rien, c'était juste pour dire que j'étais là...

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  30. Cultive ton Jardin: on n'y arrivera pas avec de pauvres artifices comme un E au bout d'un mot. C'est même le contraire: si l'on doit faire ça, c'est souligner quelque chose qui n'a pas à l'être. Beaucoup de chercheurs sont des femmes et l'on voit pourtant un homme quand on dit chercheur ? On ne lutte pas contre les représentations mentales. Ce ne sera plus le cas pour la génération prochaine. Le masculin en grammaire est d'une part, masculin, d'autre part super-neutre. Enfin, c'est ainsi que je vois les choses. L'important est que les femmes aient pu être chercheurs,médecins, que rien ne s'oppose maintenant et dans le futur à ce qu'elles le soient.

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  31. Le féminin chercheuse n'existe donc pas ? Il me semblait pourtant.

    Pour médecin, on a employé médecine au Moyen Âge sans aucun problème. Cela pourrait déboucher sur des boutons d'herpès chez certains, mais enfin ce ne serait pas plus illogique que doctoresse qui est lui aussi ancien.

    Le seul problème est la lourdeur du style alors si on choisit de dire séparément les noms masculins et féminins, comme dans Belges, Belges, Suisses, Suisses (Suissesse est lui péjoratif).

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  32. (Cher Dominique, auriez-vous quelque "explication brillante" - limite pléonasme... - quant au féminin de Dominique ?)

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  33. Dominique: L'utilisation que l'on a de certains féminins ne me semble pas correspondre à un désir de vocabulaire ajusté, précis, ou poli, respectueux, mais plutôt à une espèce de déclaration militante qui parasite la chose. Ces E majuscules (j'y reviens car c'est ça qui me heurte le plus), on ne les trouve que dans un certain type de discours. L'effet (sur moi en tout cas) est à la fois lourdingue et comique. ( Les députéEs débattront d'un projet de loi machinphobe concernant les travailleurEs du sexe, nous sommes tout-E-s concernéEs, etc.)

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  34. (ce n'est pas TRES important, On en lit peu, et c'est presque un argot de métier pour des gens qui se reconnaissent entre eux au premier coup d'oeil à la voilure de leurs mots)

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  35. @Chr. Bohren : vous avez des explications pour des masculins anciens comme Anne ou des féminins anciens comme Philippe ? Cela a existé et on ne trouvait pas cela idiot, c'était porté dans la noblesse.

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  36. Je crois que Dominique est le féminin de Dominic; qu'on a appelé des garçons Anne pour les mettre sous la protection de Sainte Anne, comme Marie-David ou Pierre-Marie, deux prénoms de garçons aussi. Je ne connais pas de Philippe féminine ; mais bien sur il y a Hyppolite , la reine qui rigolait pas ....

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  37. Geargies, vous croyez à tort et inventez une forme ancienne qui est en fait contemporaine et étrangère pour prouver vos dires.

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  38. Heum je ne veux rien prouver du tout; quand je dis je crois ça veut dire je crois - formule d'attenuation- mais je ne suis pas sûr, et je n'ai pas vérifié; Quand je veux prouver quelque chose, j'emploie des arguments, pas de vagues explications légèrement fumeuses et sorties de souvenirs de lectures lointaines. D'autre part l'onomastique est un champ qui me laisse froid de chez froid depuis Proust et ces étymologies aléatoires de nom de ville ( fausses pour la plupart) sur lesquelles j'ai autrefois perdu mon temps ....

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  39. Dominique est un des rares prénoms français à être autant porté par les hommes que par les femmes.

    Vous disputez pas, les gars. (ô, la Dominique des Visiteurs du soir... Zut, j'oubliais déjà souvent de fermer les parenthèses, mais là, la touche est coincée, je vais devoir éviter les parenthèses. Ou alors ne jamais les refermer. On les appellera parlentaises.

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  40. Parenthèse fermante:code clavier=Alt+041

    (caractères spéciaux)

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Modération parfois, hélas, mais toujours provisoire, ouf.