lundi 7 septembre 2009

Lettre ouverte aux présentateurs de journaux radiophoniques ou télévisés






Je vais vous confier un ptit scret : quand j'entends skrétaire, ça m'énerve. J'ai les skrétions biliaires qui s'affolent. Qui est le responsable, qui a commencé ? Se-cré-taire. Ce n'est pas si difficile à prononcer, bon sang. Moins difficile qu'infractus et aréoport.
Alors, pourquoi, pourquoi ?

***

29 commentaires:

  1. On pourrait demander à Frédéric Mitrand.

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  2. Quand je dis au serveur "Y a qu'à r'met" il comprend très bien que je veux dire "Il n'y a qu'à remettre", sous-entendu "Il n'y a qu'à remettre une tournée" ce qui veut dire "cher ami, vous serait-il possible de nous servir une tournée avec les mêmes consommations, s'il-vous-plait ?".

    Mais si je dis "cher ami, vous serait-il possible de nous renouveler les consommations, sur mon compte, s'il-vous-plait, j'ai le plaisir d'offrir un verre à mes amis ?", je passe pour un con. Alors je dis "Y a qu'à r'met".

    C'est p'têt' pareil avec skrétaire ?

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  3. ...et alors, on vous r'mettra la même scrétaire aux prochaines élections ?

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  4. Ché pas d'quoi vous causez là.

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  5. Moi, c'est "empoi" qui m'énerve, dans la bouche des présentateurs et -trices...

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  6. Je me suis demandé ce que je peux dire et je dois avouer effectuer deux prononciations différentes.
    Laskrétèr, sans pause.
    La_sekrétèr, avec pause et accent pour indiquer que c'est la seule que l'on connaisse. Je ne prononce pas le e caduc final, parce que je ne suis pas méridional, mais je suis un parfait bilingue en français.

    Tout dépend des circonstances, dans le fil d'une discussion entre amis ou vagues connaissance, l'absence du e caduc devant une syllabe pleine ne me choque pas. C'est même la prononciation des milieux parisiens bourgeois et cultivés. Dans un discours plus formel et officiel, cela devient plus embarrassant. C'est un signe de relâchement.

    En fin de compte, on touche là le paradoxe du journal télévisé ou radiophonique. Il doit être à la fois proche, familier et puis posséder une sorte d'autorité, un semblant de sérieux. Il navigue entre les deux sans pouvoir satisfaire tout le monde tout en voulant le faire. Si la prononciation était plus assurée et maîtrisée, on dirait que cela sonne Comédie Française des années 30 (il suffit de se plonger dans les archives des JT des années 60 pour voir que le langage était en décalage avec la société de l'époque). Si l'on fait comme au bistrot, c'est la levée de boucliers devant le laxisme. En fait, s'adresser à un ensemble indéfini revient à s'exposer à tous les reproches.

    C'est un peu comme nos écrits qui sont en fait teintés d'oralité selon les sujets ou les interlocuteurs privilégiés.

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  7. Et infarctus, c'est dur à écrire ? MDR

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  8. Catherine, pas plus qu'aéroport ! On dit souvent "infractus", peut-être parce que le son arct est rare et difficile à dire, et que le mot transformé évoque une fracture (comme un coeur cassé ?)

    Dominique : dire "secrétaire", ce ne serait pas si précieux que ça...

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  9. Je n'avais pas vu que c'était fait exprès ! Shame on me.

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  10. Dire un secrétaire avec le e caduc ? Non, ce n'eet pas difficile, je le fais si je m'applique comme en cours, mais je le répète les JT jouent aussi sur une image de proximité qui fait imiter la langue parlée dans une discussion décousue ou entre familiers. Maintenant, les présentatrices (et non les journalistes) du JT sont tenues de porter le jean afin de montrer encore qu'elles sont the girl next door. Le jean obligatoire et la prononciation plus relâchée ont la même origine sémantique. Faire signe à d'autres auditeurs que vous.

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  11. Dominique : j'ai compris, c'est sans espoir.

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  12. Sinon, on fait des reportages sur les secrétaires...et ça ne vous étonne même pas...

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  13. Des reportages sur les secrétaires ?

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  14. Ah, je viens de comprendre ! Non, il n'y avait pas de reportages sur les scrétaires, mais mille fois par jour on parle de la scrétaire du parti socialiste.

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  15. Ce qui est surtout remarquable, c'est que l'on parle de Martine Aubry comme seulement la secrétaire du PS et non la dirigeante ou la cheffe ou la responsable ou la patronne du PS. Or quand on parlait de ses homologues masculins, ils avaient droit à des synonymes qui les mettaient un peu plus en valeur. On ne lui donne même pas du premier secrétaire ou de la première secrétaire comme on le faisait pour ses homologues masculins alors que c'est son titre exact. Il y a une sorte de mépris inconscient envers Aubry qui s'exprime dans la lexique et pas seulement par la prononciation, en la ravalant à une fonction subalterne. Cela aurait été pareil et même pire pour Royal. La secrétaire est la petite main qui dépend des vrais patrons. Je suis sidéré par la façon méprisante et hautaine dont on se comporte envers Martine Aubry à l'aide de mots choisis qui sont dénigrants sans en avoir l'air. Pourtant, je ne suis pas aubryste, plutôt un peu royaliste, mais je ne vois pas pourquoi je ne la défendrais pas puisque les faits de langage vont contre mes valeurs. Il y a une réduction de la personne assez insupportable au niveau de la petite secrétaire sans cervelle du bureau administratif et il faut que des hommes disent que les arguments contre elle sont souvent des arguments sexistes et machistes. Je crois qu'il n'y a aucun dirigeant du PS depuis Mitterrand à avoir essuyé autant de lancers de tomates et à avoir été aussi rabaissé. Parce que c'est une femme. Parce qu'elle est à la tête d'un grand parti.

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  16. la mode change...
    N'est-ce pas du dernier chic, mme la S'cretaire de... qui au fait.
    amusant

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  17. Tiens, je n'avais pas remarqué cet emploi de "secrétaire" pour Aubry et non "première secrétaire"... Il faudra que je tende l'oreille.

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  18. Je rappelle, comme je l'ai signalé autrefois chez Didier Goux (désolé, pas de lien, le blogue correspondant n'existe plus), que Marc Fumaroli lui-même, tout académicien et grand lettré qu'il est, pousse la mesquinerie jusqu'à prononcer le nom du regretté Tonton Ier de la même façon que le faisait feu Georges Marchais, soit, contre toute logique, Mitt'rand. Or, le r de Mitterrand étant doublé (encore que je ne sache pas si c'était bien le cas dans le nom berrichon d'origine, tant il est vrai que l'on trouve également en France des Mitterand), cette prononciation semble bien plus fautive que celle qui consiste à dire s'crétaire (laquelle ne me heurte pas plus que ça quant à moi dans le langage parlé, pour les raisons qu'a indiquées Dominique – et un peu plus, il est vrai, lorsque je l'entends dans la bouche de ceux qui causent dans le poste).

    Quoi qu'il en soit, cette élision (qui n'en est pas vraiment une, je sais bien, mais merde, je ne suis pas linguiste) un peu disgracieuse est toujours préférable à l'excès inverse, qui consiste à prononcer des e là où il n'en faut pas (comme dans cet exemple entendu il y a deux jours sur Radio Plantigrade : « Après leur matcheu nul au Parcqueu des Princes contre les grizzlis de Berckeu-Plage, les ourseux blancs d'Aixeu-les-Bains ont assisté avec un calme ma foi inhabituel au prix de l'Arcqueu de Triomphe »).

    Cela étant, moi-même qui vous parle, je reconnais avoir noté une certaine incompréhension de la part d'une collègue originaire de quelque lointaine contrée sub-ligérienne après que je lui ai indiqué avoir récemment passé dix jours chez nos amis les Bértons, à Douarnenez...

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  19. Chieuvrou: oui mais les eu des peuchèreu sont dus à l'accent, on ne peut pas comparer. Dire scrétaire dans un journal d'information, c'est comme dire "j'peux pas j'oind'la régie" ou "ya cinq jours que j'vous avais parlé de c'sujet"

    Bon, si tout le monde dit scrétaire, (et commence à l'écrire, si l'on gougueule, on voit des exemples de CV de scrétaire ) après tout, si c'est la norme, je m'incline. (enfin, je fais semblant, mais au moins je ne radote plus)

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  20. Vous savez Suzanne, les gens un peu gourmands mange tout, même voyelles et consonnes si nécessaire...

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  21. Oui, mais non, Suzanne, Chieuvriou (quel pseudo compliqué !) dénonce un tic très parisien en fait qui consiste à rajouter des e à la fin des mots qui n'en comportent pas, cela n'a rien à voir avec la prononciation provençale calquée sur l'écrit.

    Le phénomène porte un nom savant que je connais en bon langageur, c'est une paragoge. (Ce qu'elle nomme élision s'appelle syncope de manière aussi scientifique). Il est particulièrement remarquable qu'elle ou il a choisi son exemple à partir d'une situation sportive, ce sont les journalistes sportifs (une antithèse totalement contradictoire et un paradoxe confinant à l'absurdité à mon avis) qui en sont les spécialistes.

    Maintenant, que dire du glissement de secrétaire à sectaire ? Cela a pu être favorisé par la prononciation. (Attention ! vidéo qui fait mal...)
    http://www.dailymotion.com/video/xaf3ly_jean-sarkozy-a-breuillevert-dans-lo_news

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  22. Ah, bravo pour la vidéo ! Je vois que la relève est assurée...
    Dominique : Chieuvrou, c'est avec un seul i . Et un chieuvrou, c'est un petit biquiau, non ?

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  23. Pour confirmer à mon tour ce qu'écrit Dominique, il n'est pas nécessaire d'être du Midi (pardon, du Sud, où avais-je la tête ?) pour prononcer ourseu blanc. Écoutez autour de vous, et vous verrez que, contre toute logique, cela semble être devenu la norme.

    J'aurais même tendance à penser pour ma part que, sur ce point précis tout au moins, les Méridionaux prononcent plutôt mieux les mots que les gens du nord de la Loire. Certes, il y a bien l'ineffable Jean-Claude Gaudin qui s'évertue à prononcer Uhèmeupée, mais, en général, les gens d'Occitanie (pour faire court), s'ils prononcent effectivement les e muets, n'en rajoutent pas inconsidérément, me semble-t-il, à arc-boutant ou parc des Princes.

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Modération parfois, hélas, mais toujours provisoire, ouf.