Cherchez dans Google "déchets école primaire". Le nombre d'écoles qui invitent les parents à visiter l'exposition du Ce1 de Jacques Prévert ou Jules Ferry sur le thème des déchets est proprement hallucinant. Je viens d'en visiter une, dans la salle d'une mairie "partenaire de projet".
L'instituteur a obtenu le label eco-ecole.
On voit que les élèves y ont passé beaucoup d'heures. Tableaux, graphiques, collages, bricolages. Pas besoin d'expliquer que ce projet a phagocyté le temps d'expression écrite, d'art plastique, de sciences, à son seul profit. Sauvons la planète de la pollution, lit-on sur les dessins d'enfants. Ne tuez pas notre Terre. La Terre est malade, il faut la soigner. Apprenons les bons gestes, c'est l'affaire de tous.
Je n'ai pas vu "éduquons nos ignorants de parents ", mais il y a un peu de ça qui ressort des textes et des BD enfantines. "je construis un composteur pour mettre sur le balcon avec l'aide de papa" "même Mamie utilise la douche solaire dans le jardin", jusqu'à un énigmatique "Nous faisons une fête des déchets dans notre immeuble pour les voisins qui n'ont pas d'enfants ".
Les émissions de télévision se joignent à la sensibilisation et l'amplifient. Tu sais, petit garçon, qu'il n'y aura bientôt plus de pétrole ? Alors toi aussi sauve la Terre et prends ton vélo pour aller à l'école. Tu sais, petite fille, qu'on pourrait nourrir dix familles avec les céréales qu'a englouti le boeuf dont tu manges le steak ? Alors toi aussi sauve la Terre en expliquant à maman que tu préfères le riz du commerce équitable et les carottes du maraîcher bio du coin.
On veut fabriquer des citoyens responsables, soi-disant. On fabrique surtout de l'angoisse. On suggère aux enfants qu'ils ont un pouvoir présent, là, maintenant, pour sauver la Terre d'un désastre dont sont responsables leurs parents, les adultes inconstants qui n'ont œuvré que pour le malheur, qui font des guerres, coupent les arbres et tuent les baleines. On oublie que les enfants sont petits, qu'ils ont une petite tête, qu'ils n'ont pas demandé à naître et qu'on doit les rendre heureux. Le traitement des déchets, c'est un problème d'adultes. Les parents doivent apprendre aux enfants à ne pas jeter les papiers par terre, à ne pas gaspiller ce qu'on leur offre, de la nourriture au papier à dessin, à utiliser la bonne poubelle, en expliquant le pourquoi de la chose en fonction de leur âge. Nous ne devrions pas demander à nos enfants de porter le poids de nos préoccupations et de nos péchés écologiques.
Si mon marmot m'explique doctement que je ne dois pas aller au village en voiture pour acheter le pain, alors que j'ai un vélo et qu'un kilomètre de pédalage me fera bouger, brûlera mon cholestérol, économisera le pétrole pour lui quand il sera grand et ne lui mettra pas la honte d'avoir un parent indigne, soit je l'envoie lui-même en vélo même s'il fait nuit , qu'il gèle ou qu'il pleut de la neige fondue, soit je vais déverser cent kilos de déchets non triés devant la porte de l'institutrice.
Je dis ça, mais bon, je ne le ferai pas. Le pouvoir de la maîtresse est grand, et du coup, c'est moi qui fais le pain. Pas encore dans un four solaire, mais je sens que ça ne va pas traîner, si je ne veux pas courir le risque d'une dénonciation citoyenne de la part des jeunesses écologiennes.
L'instituteur a obtenu le label eco-ecole.
On voit que les élèves y ont passé beaucoup d'heures. Tableaux, graphiques, collages, bricolages. Pas besoin d'expliquer que ce projet a phagocyté le temps d'expression écrite, d'art plastique, de sciences, à son seul profit. Sauvons la planète de la pollution, lit-on sur les dessins d'enfants. Ne tuez pas notre Terre. La Terre est malade, il faut la soigner. Apprenons les bons gestes, c'est l'affaire de tous.
Je n'ai pas vu "éduquons nos ignorants de parents ", mais il y a un peu de ça qui ressort des textes et des BD enfantines. "je construis un composteur pour mettre sur le balcon avec l'aide de papa" "même Mamie utilise la douche solaire dans le jardin", jusqu'à un énigmatique "Nous faisons une fête des déchets dans notre immeuble pour les voisins qui n'ont pas d'enfants ".
Les émissions de télévision se joignent à la sensibilisation et l'amplifient. Tu sais, petit garçon, qu'il n'y aura bientôt plus de pétrole ? Alors toi aussi sauve la Terre et prends ton vélo pour aller à l'école. Tu sais, petite fille, qu'on pourrait nourrir dix familles avec les céréales qu'a englouti le boeuf dont tu manges le steak ? Alors toi aussi sauve la Terre en expliquant à maman que tu préfères le riz du commerce équitable et les carottes du maraîcher bio du coin.
On veut fabriquer des citoyens responsables, soi-disant. On fabrique surtout de l'angoisse. On suggère aux enfants qu'ils ont un pouvoir présent, là, maintenant, pour sauver la Terre d'un désastre dont sont responsables leurs parents, les adultes inconstants qui n'ont œuvré que pour le malheur, qui font des guerres, coupent les arbres et tuent les baleines. On oublie que les enfants sont petits, qu'ils ont une petite tête, qu'ils n'ont pas demandé à naître et qu'on doit les rendre heureux. Le traitement des déchets, c'est un problème d'adultes. Les parents doivent apprendre aux enfants à ne pas jeter les papiers par terre, à ne pas gaspiller ce qu'on leur offre, de la nourriture au papier à dessin, à utiliser la bonne poubelle, en expliquant le pourquoi de la chose en fonction de leur âge. Nous ne devrions pas demander à nos enfants de porter le poids de nos préoccupations et de nos péchés écologiques.
Si mon marmot m'explique doctement que je ne dois pas aller au village en voiture pour acheter le pain, alors que j'ai un vélo et qu'un kilomètre de pédalage me fera bouger, brûlera mon cholestérol, économisera le pétrole pour lui quand il sera grand et ne lui mettra pas la honte d'avoir un parent indigne, soit je l'envoie lui-même en vélo même s'il fait nuit , qu'il gèle ou qu'il pleut de la neige fondue, soit je vais déverser cent kilos de déchets non triés devant la porte de l'institutrice.
Je dis ça, mais bon, je ne le ferai pas. Le pouvoir de la maîtresse est grand, et du coup, c'est moi qui fais le pain. Pas encore dans un four solaire, mais je sens que ça ne va pas traîner, si je ne veux pas courir le risque d'une dénonciation citoyenne de la part des jeunesses écologiennes.
***
Tiens ! On est d'accord.
RépondreSupprimerOui, ça devient dingue ces histoires. Je propose que tous les nouveaux-nés portent désormais quatre informations : 1 - le nom ; 2 - le prénom ; 3 - le sexe ; 4 - la mention coupable né de parents coupables.
RépondreSupprimerLe premier morveux qui s'avise de me faire la moindre remarque, eh bien...
RépondreSupprimerNon, rien, laissez finalement.
La pointe de votre papier, fort juste, c’est évidemment cette angoisse inculquée aux mouflets qu’on persuade dès l’aube de la vie que : 1° tout dépend d’eux et qu’il y a urgence 2° ils ne peuvent pas faire confiance à leurs parents. Ecole du pessimisme et du ressentiment. Bonjour les névroses…
RépondreSupprimerVotre autre constat, c’est "…a phagocyté le temps d'expression écrite, d'art plastique, de sciences…"
Mais c’est cohérent et on fait d’une pierre deux coups ! Quand j’étais môme, en s’activait en classe à préparer la fête des mères : faire de jolis dessins et calligraphier en tirant la langue quelques lignes de petits poèmes qu’on décorait ensuite pour notre maman qui était la plus belle du monde… Derrière ça, outre la reconnaissance filiale désormais obsolète, il y avait du travail d’expression écrite, de l’approche de "l’art plastique", voire de l’ébauche de prémisse d’apprentissage de la rédaction…
Dès avec les plus jeunes de mes enfants (aujourd’hui largement adultes…) j’ai observé ce glissement progressif vers la fabrication d’écrins à bijoux par collage aléatoire de nouilles sur boîtes de camembert. Plus de stress pour les derniers de la classe ne maîtrisant pas leur main avec un crayon ou un pinceau ! Moins de boulot pour l’institutrice ! Restait encore que cette histoire de fête des mères, ça fait un peu décalé au vu des dogmes appris à l’IUFM : "L’enfant doit très tôt apprendre à faire preuve d’esprit critique devant ses parents" Alors zou ! Les déchets ça tombe à pic !
Le déchet humain, on verra plus tard…
Oui, Plouc-émissaire le projet permet de travailler toutes les matières. On a effectivement lu, écrit, dessiné, calculé avant d'exposer les travaux. Mais c'est le sujet que je mets en cause. Si on emmène les enfants visiter une station d'épuration ou une déchetterie, normal d'en tirer un écrit. Mais leur asséner et leur faire apprendre qu'ils ont un rôle important à jouer dans la réduction des déchets et eaux usées avec en prime le sauvetage de la planète, travailler là-dessus pendant trois mois ou une année, c'est trop triste! D'ailleurs, la tête des parents quand ils voient les sculptures artistiques faites avec les flacons de Paic de récup, les cannettes de soda et les rouleaux de PQ. Il y a des enfants qui ont conscience d'avoir fait des trucs pas beaux et qui regardent leurs parents avec l'air de dire "oui, je sais, excuse moi, mais j'étais un peu obligé..."
RépondreSupprimer""Nous faisons une fête des déchets dans notre immeuble pour les voisins qui n'ont pas d'enfants "
RépondreSupprimerSoupirs.....
Et une fête des enfants pour les voisins qui n'ont pas de déchets, ça vous branche, les gens ?
RépondreSupprimerDidier, on ne MANGE pas les petits enfants quand on est invité à une fête.
RépondreSupprimerAprès ça, allez expliquer que la propagande c'est toujours pour la bonne cause
RépondreSupprimerOh que vous avez raison, Suzanne !
RépondreSupprimerA cette petite différence près, c'est que c'est le ministère et les académies qui rédigent les programmes ... bien des instits détournent le sujet en le rendant plus ludique, mais ... gare à leur note .
Oh que vous avez raison, Suzanne !
RépondreSupprimerA cette petite différence près, c'est que c'est le ministère et les académies qui rédigent les programmes ... bien des instits détournent le sujet en le rendant plus ludique, mais ... gare à leur note .