(je n'ai pas trop le temps de bloguer en ce moment. J'espérais qu'un écolo remarquerait que tous les pots sont en plastique. Mais où sont nos jolis pots de fleurs d'antan ?)
Catherine, vous avez un hérisson qui hiberne dans des boules de papier journal, au fond d'un placard du garage ? J'en ai eu un deux ans de suite. Quand il se réveillait au printemps, il mangeait les croquettes du chat et venait faire un petit tour dans la maison. Il s'appelait Georges (Dgeorges hérisson)
Une partouze de hérissons...pft. Voilà. Je mets UNE malheureuse petite photo artistique de chose artistique, il n'en faut pas davantage. (s'en tenir aux paysages, on avait dit, ou aux petites fleurs).
La terre a tremblé hier près du petit cimetière breton de Kenavobabe,provocant de nombreux dégâts matériels. La secousse a durement ébranlé la petite communauté de hérissons qui hibernaient, le réveil brutal et la faim ont donné lieu à des scènes de panique et d'horreur, toutefois notre reporter Suzanne qui a pu se rendre sur les lieux affirme qu'il n'y a pas eu de pillage ni de viols. Notre photo: un groupe déterminé prenant d'assaut un convoi d'aide herissonnaire.
En (très modeste) hommage – longue vie à lui ! – à Youri Norstein (avec l'aide précieuse de ce bon vieux Charles )
Le gravier gris est comme une austère limite Que recouvre le givre, qui ainsi l'embellit. Une blanche gelée envahissante emplit L'espace cloisonné qu'aucun vivant n'habite.
Nulle vie et nul bruit. Les résidents, fourbus, Dorment au fond du trou que chacun, en ces lieux, S'est fait confectionner, dames comme messieurs, À l'abri des cyprès des mésanges connus.
Seul un merle moqueur va, fouettant de son aile L'air glacial où se meurt un semblant de soleil. Parfois quelque araignée, dédaignant le sommeil, Répare encor sa toile assaillie par le gel.
La nuit happe bientôt jusqu'à la croix altière. Mais, tandis que tout dort aux froides solitudes, Les hérissons fugueurs, passé leurs turpitudes, Regagnent lentement leur coin de cimetière.
Depuis le vieux portail, petites taches brunes, Ils dévalent l'allée de gravier, et l'on voit, Pour ne point dévier du chemin le plus droit, Leurs griffes s'emparer des pierres importunes.
Celui qui tient la tête est un vieux chef. Son corps Est parsemé de pics que le temps ronge et mine, Sa tête est comme un soc qui s'enfonce et fouine À l'affût du lombric récompensant l'effort.
Sans ralentir jamais et sans hâter sa marche, Il guide au but certain ses compagnons pouilleux ; Et, parsemant l'allée de crottes derrière eux, Les piquants pèlerins suivent leur patriarche.
Les oreilles dressées, le museau sous le vent, Ils cheminent, l'œil clos. Leur gueule presque écume, Et, afin de ne pas s'égarer dans la brume, Ils vont à la façon dite de l'éléphant.
Mais qu'importent le froid et la tique vorace, Et les puces grouillant sous leur dos hérissé ! Ils rêvent en marchant de ce coin délaissé Sous le vieux cupressus où s'abrita leur race.
Ils reverront ces pots en grès de Pierrefonds, Où s'attarde parfois un scolopendre énorme, Où, blottis et en boule – ah, l'admirable forme ! –, Ils pourront hiberner... En écraser, crénom !
Aussi, pleins de courage et de lenteur, ils passent Comme une ligne noire au milieu de l'allée ; Et dans le cimetière la tranquillité Se fait quand dans les pots les hérissons s'effacent.
Le gravier gris est comme une austère limite Mais qui brille sous le givre qui l'embellit.
C'est mieux ainsi (car ça la foutait quand même un peu mal, un alexandrin de treize syllabes dès la première phrase...)
Il ne m'a pas échappé, sinon, Suzanne, que les deux vers que vous retenez sont justement ceux que j'ai le moins touchés... (à peine trois lettres modifiées).
Mais que voulez-vous, j'adorais Lecomte de Lisle, enfant. J'ai appris Les éléphants par cœur en CM, et je trouvais ce poème excellent pour pédaler dans la côte qui menait à l'école. Rien que de l'écrire, je scande les vers à coups de pédale, avec un petit "han" de temps en temps, et je finis toute rouge. Plus tard, il s'accordait à merveille au rythme des essuie-glaces de ma première voiture. La deuxième carburait à la Légende des siècles (C'était un rêve errant dans la brume, un mystère, une procession d'ombres sous le ciel noir), mais Lecomte de Lisle, quand j'étais môme, c'était la poésie, et les Desnos ou Queneau que la maîtresse intercalait avec modernité dans nos cahiers ne lui arrivaient pas à la cheville.
Votre petit poème est néanmoins très drôle. L'image des hérissons pouilleux, fugueurs et égrenant leurs petites crottes est d'une grande délicatesse. L'allusion au merle moqueur ne m'a pas échappé, bien entendue, j'y suis très sensible.
(à la base, c'était une photo de chrysanthèmes fanés. Les voies de la poésie sont impénétrables)
Oups, en voyant la photo, j'ai cru à une partouze de hérissons, la photo du billet précèdent sans doute;)
RépondreSupprimerFidel, tu fais chier : je voulais dire la même chose !
RépondreSupprimerAh, c'est malin !
RépondreSupprimer(je n'ai pas trop le temps de bloguer en ce moment. J'espérais qu'un écolo remarquerait que tous les pots sont en plastique. Mais où sont nos jolis pots de fleurs d'antan ?)
Ils auraient pu jeter les pots à part ! Fidel, les hérissons dorment en ce moment...
RépondreSupprimerPareil : j'ai d'abord cru que c'était des hérissons qui s'étaient coincés le museau dans des pots...
RépondreSupprimerCatherine, vous avez un hérisson qui hiberne dans des boules de papier journal, au fond d'un placard du garage ? J'en ai eu un deux ans de suite. Quand il se réveillait au printemps, il mangeait les croquettes du chat et venait faire un petit tour dans la maison. Il s'appelait Georges (Dgeorges hérisson)
RépondreSupprimerUne partouze de hérissons...pft. Voilà. Je mets UNE malheureuse petite photo artistique de chose artistique, il n'en faut pas davantage. (s'en tenir aux paysages, on avait dit, ou aux petites fleurs).
La terre a tremblé hier près du petit cimetière breton de Kenavobabe,provocant de nombreux dégâts matériels.
RépondreSupprimerLa secousse a durement ébranlé la petite communauté de hérissons qui hibernaient, le réveil brutal et la faim ont donné lieu à des scènes de panique et d'horreur, toutefois notre reporter Suzanne qui a pu se rendre sur les lieux affirme qu'il n'y a pas eu de pillage ni de viols.
Notre photo: un groupe déterminé prenant d'assaut un convoi d'aide herissonnaire.
Clap clap clap, Fidel!(mille hérissons applaudissent avec leurs petites pattes, et leurs piquants crépitent de joie)
RépondreSupprimerEn (très modeste) hommage – longue vie à lui ! – à Youri Norstein
RépondreSupprimer(avec l'aide précieuse de ce bon vieux Charles )
Le gravier gris est comme une austère limite
Que recouvre le givre, qui ainsi l'embellit.
Une blanche gelée envahissante emplit
L'espace cloisonné qu'aucun vivant n'habite.
Nulle vie et nul bruit. Les résidents, fourbus,
Dorment au fond du trou que chacun, en ces lieux,
S'est fait confectionner, dames comme messieurs,
À l'abri des cyprès des mésanges connus.
Seul un merle moqueur va, fouettant de son aile
L'air glacial où se meurt un semblant de soleil.
Parfois quelque araignée, dédaignant le sommeil,
Répare encor sa toile assaillie par le gel.
La nuit happe bientôt jusqu'à la croix altière.
Mais, tandis que tout dort aux froides solitudes,
Les hérissons fugueurs, passé leurs turpitudes,
Regagnent lentement leur coin de cimetière.
Depuis le vieux portail, petites taches brunes,
Ils dévalent l'allée de gravier, et l'on voit,
Pour ne point dévier du chemin le plus droit,
Leurs griffes s'emparer des pierres importunes.
Celui qui tient la tête est un vieux chef. Son corps
Est parsemé de pics que le temps ronge et mine,
Sa tête est comme un soc qui s'enfonce et fouine
À l'affût du lombric récompensant l'effort.
Sans ralentir jamais et sans hâter sa marche,
Il guide au but certain ses compagnons pouilleux ;
Et, parsemant l'allée de crottes derrière eux,
Les piquants pèlerins suivent leur patriarche.
Les oreilles dressées, le museau sous le vent,
Ils cheminent, l'œil clos. Leur gueule presque écume,
Et, afin de ne pas s'égarer dans la brume,
Ils vont à la façon dite de l'éléphant.
Mais qu'importent le froid et la tique vorace,
Et les puces grouillant sous leur dos hérissé !
Ils rêvent en marchant de ce coin délaissé
Sous le vieux cupressus où s'abrita leur race.
Ils reverront ces pots en grès de Pierrefonds,
Où s'attarde parfois un scolopendre énorme,
Où, blottis et en boule – ah, l'admirable forme ! –,
Ils pourront hiberner... En écraser, crénom !
Aussi, pleins de courage et de lenteur, ils passent
Comme une ligne noire au milieu de l'allée ;
Et dans le cimetière la tranquillité
Se fait quand dans les pots les hérissons s'effacent.
A. Chieuvrou, Les Hérissons, Tours 2010
Pour en savoir plus :
http://www.dailymotion.com/video/xhrf8_le-herisson-dans-le-brouillard-197_animals
http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_H%C3%A9risson_dans_le_brouillard
Chieuvrou: alors là, merci pour ce long commentaire parnassien !
RépondreSupprimerSans ralentir jamais et sans hâter sa marche,
Il guide au but certain ses compagnons pouilleux ;
C'est BEAU.
Je recommande chaudement le film d'animation dont Chieuvrou donne le lien plus haut. Un des meilleurs de tous les temps, dit-on.
Le gravier gris est comme une austère limite
RépondreSupprimerMais qui brille sous le givre qui l'embellit.
C'est mieux ainsi (car ça la foutait quand même un peu mal, un alexandrin de treize syllabes dès la première phrase...)
Il ne m'a pas échappé, sinon, Suzanne, que les deux vers que vous retenez sont justement ceux que j'ai le moins touchés... (à peine trois lettres modifiées).
Ah ! Poète maudit je demeurerai donc !
Chieuvrou, ah, que je vous aime !
RépondreSupprimerMais que voulez-vous, j'adorais Lecomte de Lisle, enfant. J'ai appris Les éléphants par cœur en CM, et je trouvais ce poème excellent pour pédaler dans la côte qui menait à l'école. Rien que de l'écrire, je scande les vers à coups de pédale, avec un petit "han" de temps en temps, et je finis toute rouge. Plus tard, il s'accordait à merveille au rythme des essuie-glaces de ma première voiture. La deuxième carburait à la Légende des siècles (C'était un rêve errant dans la brume, un mystère,
une procession d'ombres sous le ciel noir), mais Lecomte de Lisle, quand j'étais môme, c'était la poésie, et les Desnos ou Queneau que la maîtresse intercalait avec modernité dans nos cahiers ne lui arrivaient pas à la cheville.
Votre petit poème est néanmoins très drôle. L'image des hérissons pouilleux, fugueurs et égrenant leurs petites crottes est d'une grande délicatesse. L'allusion au merle moqueur ne m'a pas échappé, bien entendue, j'y suis très sensible.
(à la base, c'était une photo de chrysanthèmes fanés. Les voies de la poésie sont impénétrables)