La suppression des heures de philo...j'ai eu une discussion un jour avec un de mes vieux professeurs, il prophétisait cela. Selon lui, c'était le début de la barbarie.
Supprimer en terminale pour quelque catégorie d'élèves du général que ce soit les heures de philo, c'est supprimer tout court cet enseignement pour toute une vie puisqu'on ne l'enseigne qu'en terminale, puisqu'il est peu probable qu'un élève estampillé scientifique suive un futur cursus philosophique. Du reste, en université, on ne fait pas à proprement parler de philosophie (tout au plus, enseigne-t-on ce que l'on nomme absurdement l'histoire des idées).
C'est supprimer la seule discipline dont l'essence est d'exercer son libre arbitre. Soit, précisément, le début de la barbarie ou un germe totalitaire.
Michel Tournier (que vous n'avez pas en affection, je le sais bien) et Michel Onfray militent pour la philo dès la 6ème. (tiens, Montaigne aussi s'appelait Michel)
Je n'ai trop rien en vérité contre Tournier, par contre Onfray m'agace au plus haut point.
Dès la sixième, c'est impossible selon moi. En 6ème, on n'a pas une maîtrise de la langue satisfaisante et puis on est une éponge à savoir. Ce serait totalement contradictoire en fait...
A la limite, dès la première...et encore. Je pense que la terminale, c'est le temps idéal pour désapprendre tout ce que l'on a appris, ce que l'on a cru savoir. Et une année réussie suffit. La philosophie, c'est toujours la même chose, il suffit de parvenir à enclencher le rouage une fois, c'est le plus difficile, ensuite, il est toujours plus aisé d'y parvenir encore. Et c'est là le but et le seul, non d'avoir parcouru les notions ou de connaître la date de naissance d'Auguste Comte.
L'horaire d'HG augmente en 2de et 1re, il passe de 2 h 30 à 4 h afin de boucler le même programme et de permettre le passage de l'épreuve à la fin de la première comme c'était déjà le cas avant les années 60 pour les épreuves anticipées. Les historiens ne disent pas que cela a été la même situation auparavant !
L'horaire d'HG est obligatoire en L et ES, il est optionnel en S, mais cela concerne alors de la méthodologie. Or, l'option (obligatoire ou facultative) ne sera pas sanctionnée par une épreuve et le résultat sera : 1) du gardiennage en L et ES ; 2) des cours facultatifs désertés en S, puisque ce ne sera pas utile pour la poursuite d'études. Je souhaite bien de la patience et la compréhension envers des élèves qui n'en auront rien à fiche...
Le lobby de l'HG a bien joué en maintenant le volume horaire de sa discipline (d'autant que le volume de l'ECJS augmente et qu'il préempte cette discipline), mais il a joué un jeu d'idiot surtout. (En revanche, le lobby du français a perdu deux heures en seconde qui seront versées dans un pot commun, les heures de module et d'aide ont bien servi à la réduction d'horaire disciplinaire.)
Bien entendu, il n'y a aucun mot au sujet des séries technologiques (SMS, STG, STI, STSS...), il n'y aura pas d'option ni facultative, ni obligatoire pour eux. Ce qui est le plus choquant dans la maquette, c'est que les sections technos sont évoquées en deux lignes, avec cette seule indication "elles seront revalorisées". Comment ? On ne sait. La série STG n'est même pas citée !
Autre point encore : il circule le chiffre faux que 51 % des nouveaux bacheliers sont issus de S. Ce sont les bacheliers généraux (S, L et ES), mais les bacheliers technos représentaient 26 % et les pros 21 % de toutes les séries. Les fameux 50 % de S ne représentent que la moitié d'une moitié ! Un quart. On larmoie au sujet de la culture générale qui ne serait plus donnée à la moitié des élèves de terminale alors qu'en fait c'est aux trois quarts. Mais comme on n'aime pas se coltiner ces classes qualifiées de poubelles par mes chers collègues, on ne s'inquiète pas du tout du contenu de leurs programmes.
Voir aussi les horaires lamentables de LV1 et LV2 dans les classes de lycée, avec les regroupements des sections et les effectifs ainsi que l'hétérogénéité qui en découlent. A propos, n'oubliez pas d' aller voir la pétition sur le blog de SOS Education.
Que Chatel dise une connerie ne me surprend qu'à moitié. Mais quel est le bien fondé d'une telle réforme, à part faire chuter le niveau de culture général des les lycéens. D'accord avec Dorham, supprimer l'hist & G au moment ou on prétend lancer un débat sur l'identité nationale... Après avoir supprimé l'éducation civique... On marche sur la tête
Dominique: j'ai été obligée de gougueuler pour me rappeler ce qu'était l'ECJS, alors que j'ai un enfant en classe de troisième... (je n'ai aucune confiance dans les disciplines qui changent tout le temps de nom). Le lobby HG, le lobby du français... eh, ça craint, si les choses sont comme ça. Alors, on n'est pas sur un "bateau enseignement" dans lequel tout le monde rame ou monte les voiles en même temps ? Sinon, bien d'accord avec ce que vous dites sur l'appauvrissement des matières "culturelles" pour les classes techno.
Dorham: votre dernier paragraphe... le lyrisme vous guette, comme dirait DG, mais il y a de ça ! Olivier P: comme il a déjà bien chu, on se dit que moins on demandera d'efforts, moins on aura de problèmes (plus de matières discriminantes, et le bac pour tout le monde)
L'ECJS n'est pas enseignée au collège, cela reste juste de l'éducation civique à ce niveau. La particularité de l'ECJS, c'est qu'elle est enseignée pour une bonne moitié par des profs de SES et non d'HG dans les lycées que j'ai vus. Normalement, selon la doctrine du ministère, tous les enseignants peuvent enseigner cette discipline bâtarde, mais en général en collège on préfère laisser cela aux profs d'HG afin d'arrondir leurs horaires et de voir un poste supprimé. Ce qui fait qu'elle sert parfois de palliatif pour boucler le sacro-saint programme d'HG.
Quant à savoir si nous en sommes là, oui ! Mais c'est aussi parce que les SES ont failli disparaître dans la réforme et qu'elles sont violemment attaquées par le patronat, parce que trop critiques. Darcos représentait lui le lobby des lettres et il voulait faire la peau de section ES afin de revaloriser la section L. Darcos parti, l'arbitrage est moins favorable au français et la bataille se passe ailleurs : entre profs de STG et de SES par exemple.
Renforcer les rangs de ceux qui veulent : -que les sciences humaines continuent d'être enseignées en France; -que l'autorité du maître soit rétablie -que l'école redevienne un lieu où l'on enseigne
Merci d'avoir évoqué cela chez vous, Suzanne. Merci aussi à Dominique de ramener les choses à de plus justes (et tragiques) proportions en rappelant l'existence des filières technologiques. Je suis atterrée par ce projet. Coller à l'Education Nationale un spécialiste du marketing me semble symbolique de la manière dont le gouvernement envisage la question de l'éducation en France...
C'est dingue hein ? Je ne sais plus qui a relevé que cette étonnante proposition voyait le jour en plein débat sur l'identité nationale.
RépondreSupprimerEtonnant non ?
J'ai lu le projet.
RépondreSupprimerIl y aurait plus de cours d'histoire-géo en seconde, et plus du tout en terminale...
Je pense que la philo va suivre.
Davantage d'heures en seconde, pardon.
RépondreSupprimerLa suppression des heures de philo...j'ai eu une discussion un jour avec un de mes vieux professeurs, il prophétisait cela. Selon lui, c'était le début de la barbarie.
RépondreSupprimerSupprimer en terminale pour quelque catégorie d'élèves du général que ce soit les heures de philo, c'est supprimer tout court cet enseignement pour toute une vie puisqu'on ne l'enseigne qu'en terminale, puisqu'il est peu probable qu'un élève estampillé scientifique suive un futur cursus philosophique. Du reste, en université, on ne fait pas à proprement parler de philosophie (tout au plus, enseigne-t-on ce que l'on nomme absurdement l'histoire des idées).
C'est supprimer la seule discipline dont l'essence est d'exercer son libre arbitre. Soit, précisément, le début de la barbarie ou un germe totalitaire.
Michel Tournier (que vous n'avez pas en affection, je le sais bien) et Michel Onfray militent pour la philo dès la 6ème.
RépondreSupprimer(tiens, Montaigne aussi s'appelait Michel)
Suzanne,
RépondreSupprimerJe n'ai trop rien en vérité contre Tournier, par contre Onfray m'agace au plus haut point.
Dès la sixième, c'est impossible selon moi. En 6ème, on n'a pas une maîtrise de la langue satisfaisante et puis on est une éponge à savoir. Ce serait totalement contradictoire en fait...
A la limite, dès la première...et encore. Je pense que la terminale, c'est le temps idéal pour désapprendre tout ce que l'on a appris, ce que l'on a cru savoir. Et une année réussie suffit. La philosophie, c'est toujours la même chose, il suffit de parvenir à enclencher le rouage une fois, c'est le plus difficile, ensuite, il est toujours plus aisé d'y parvenir encore. Et c'est là le but et le seul, non d'avoir parcouru les notions ou de connaître la date de naissance d'Auguste Comte.
Mais ça se fera, il n'y aura que de tous petits débats, parce que tout le monde s'en fiche in fine !
RépondreSupprimerL'horaire d'HG augmente en 2de et 1re, il passe de 2 h 30 à 4 h afin de boucler le même programme et de permettre le passage de l'épreuve à la fin de la première comme c'était déjà le cas avant les années 60 pour les épreuves anticipées. Les historiens ne disent pas que cela a été la même situation auparavant !
RépondreSupprimerL'horaire d'HG est obligatoire en L et ES, il est optionnel en S, mais cela concerne alors de la méthodologie. Or, l'option (obligatoire ou facultative) ne sera pas sanctionnée par une épreuve et le résultat sera :
1) du gardiennage en L et ES ;
2) des cours facultatifs désertés en S, puisque ce ne sera pas utile pour la poursuite d'études.
Je souhaite bien de la patience et la compréhension envers des élèves qui n'en auront rien à fiche...
Le lobby de l'HG a bien joué en maintenant le volume horaire de sa discipline (d'autant que le volume de l'ECJS augmente et qu'il préempte cette discipline), mais il a joué un jeu d'idiot surtout. (En revanche, le lobby du français a perdu deux heures en seconde qui seront versées dans un pot commun, les heures de module et d'aide ont bien servi à la réduction d'horaire disciplinaire.)
Bien entendu, il n'y a aucun mot au sujet des séries technologiques (SMS, STG, STI, STSS...), il n'y aura pas d'option ni facultative, ni obligatoire pour eux. Ce qui est le plus choquant dans la maquette, c'est que les sections technos sont évoquées en deux lignes, avec cette seule indication "elles seront revalorisées". Comment ? On ne sait. La série STG n'est même pas citée !
Autre point encore : il circule le chiffre faux que 51 % des nouveaux bacheliers sont issus de S. Ce sont les bacheliers généraux (S, L et ES), mais les bacheliers technos représentaient 26 % et les pros 21 % de toutes les séries. Les fameux 50 % de S ne représentent que la moitié d'une moitié ! Un quart. On larmoie au sujet de la culture générale qui ne serait plus donnée à la moitié des élèves de terminale alors qu'en fait c'est aux trois quarts. Mais comme on n'aime pas se coltiner ces classes qualifiées de poubelles par mes chers collègues, on ne s'inquiète pas du tout du contenu de leurs programmes.
Voir aussi les horaires lamentables de LV1 et LV2 dans les classes de lycée, avec les regroupements des sections et les effectifs ainsi que l'hétérogénéité qui en découlent.
RépondreSupprimerA propos, n'oubliez pas d' aller voir la pétition sur le blog de SOS Education.
Que Chatel dise une connerie ne me surprend qu'à moitié.
RépondreSupprimerMais quel est le bien fondé d'une telle réforme, à part faire chuter le niveau de culture général des les lycéens.
D'accord avec Dorham, supprimer l'hist & G au moment ou on prétend lancer un débat sur l'identité nationale... Après avoir supprimé l'éducation civique... On marche sur la tête
Dominique: j'ai été obligée de gougueuler pour me rappeler ce qu'était l'ECJS, alors que j'ai un enfant en classe de troisième... (je n'ai aucune confiance dans les disciplines qui changent tout le temps de nom). Le lobby HG, le lobby du français... eh, ça craint, si les choses sont comme ça. Alors, on n'est pas sur un "bateau enseignement" dans lequel tout le monde rame ou monte les voiles en même temps ?
RépondreSupprimerSinon, bien d'accord avec ce que vous dites sur l'appauvrissement des matières "culturelles" pour les classes techno.
Dorham: votre dernier paragraphe... le lyrisme vous guette, comme dirait DG, mais il y a de ça !
Olivier P: comme il a déjà bien chu, on se dit que moins on demandera d'efforts, moins on aura de problèmes (plus de matières discriminantes, et le bac pour tout le monde)
L'ECJS n'est pas enseignée au collège, cela reste juste de l'éducation civique à ce niveau. La particularité de l'ECJS, c'est qu'elle est enseignée pour une bonne moitié par des profs de SES et non d'HG dans les lycées que j'ai vus. Normalement, selon la doctrine du ministère, tous les enseignants peuvent enseigner cette discipline bâtarde, mais en général en collège on préfère laisser cela aux profs d'HG afin d'arrondir leurs horaires et de voir un poste supprimé. Ce qui fait qu'elle sert parfois de palliatif pour boucler le sacro-saint programme d'HG.
RépondreSupprimerQuant à savoir si nous en sommes là, oui ! Mais c'est aussi parce que les SES ont failli disparaître dans la réforme et qu'elles sont violemment attaquées par le patronat, parce que trop critiques. Darcos représentait lui le lobby des lettres et il voulait faire la peau de section ES afin de revaloriser la section L. Darcos parti, l'arbitrage est moins favorable au français et la bataille se passe ailleurs : entre profs de STG et de SES par exemple.
Dominique: c'est pire que de l'argot marin, tous ces sigles, mais je comprends ce que vous voulez dire.
RépondreSupprimerQu'est-ce qu'on peut faire ?
Renforcer les rangs de ceux qui veulent :
RépondreSupprimer-que les sciences humaines continuent d'être enseignées en France;
-que l'autorité du maître soit rétablie
-que l'école redevienne un lieu où l'on enseigne
Marine, tu pen', comme d'hab
RépondreSupprimerOlivier P:
RépondreSupprimerAh Ah Ah
Merci d'avoir évoqué cela chez vous, Suzanne.
RépondreSupprimerMerci aussi à Dominique de ramener les choses à de plus justes (et tragiques) proportions en rappelant l'existence des filières technologiques.
Je suis atterrée par ce projet.
Coller à l'Education Nationale un spécialiste du marketing me semble symbolique de la manière dont le gouvernement envisage la question de l'éducation en France...