"Vous êtes étudiants en première année de Lettres, mettons. Vous avez eu deux ou trois de moyenne à peu près dans toutes les matières? Peu importe. Il vous suffira d’un petit quelque chose, mettons un 15 en initiation à l’informatique (tout le monde a 17) et en «découverte du système éducatif» (vous pondez un petit rapport de quatre pages et vous avez forcément au-dessus de 14), voire en sport, pour passer en deuxième année. Là, rebelote pour passer en troisième année. Jusque là, tout cela n’a pas exigé trop d’efforts de votre part. Problème: à la fin de la troisième année, votre moyenne générale est tout de même quasi nulle. Les matières littéraires vous ont plombé.
Qu’à cela ne tienne: Si vous avez réussi à obtenir la moyenne dans la moitié des enseignements, quand bien même vous auriez des 4 partout ailleurs, vous avez la licence. Et vous serez titulaire d’une licence de lettres avec du sport, de l’informatique rudimentaire et toutes sortes d’options rigolotes. D’UNE LICENCE DE LETTRES. Vous avez donc le droit de vous inscrire au master, puis à vous présenter aux concours. Vous échouez? Peu importe. L’éducation nationale a besoin de vacataires mal payés et sous-diplômés (les titulaires diplômés coûtent cher). Vous voilà prof. De Lettres. Le tour est joué. Merci UNEF, merci M. le Ministre. Voilà une réforme adoptée par un ministre de droite et un syndicat paraît-il de gauche. Inutile de dire que si la droite s’est efficacement employée, depuis l’élection de Sarkozy, à démolir l’université, il n’y a aucun recours à attendre de la gauche sur ce sujet."
Ce long extrait provient du blog de Pierre Jourde. Je vous conseille vivement d'aller lire l'intégralité du billet : la licence dans une pochette surprise.
Je vais arrêter de me plaindre du niveau des jeunes professeurs de mes enfants, car le pire est à venir, et il est certain !
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C'est merveilleux ! On en redemande. Et vous allez voir débouler trois ou quatre enseignants de gauche qui vont, avec la régularité du métronome (et son intelligence), vous expliquer que tout est question de moyens et d'effectifs.
RépondreSupprimerL'article précédent du blog de Jourde est bien aussi: vu la toute proportion de non bacheliers maintenant, pourquoi maintenir le bac ? Il suffirait de le donner à tous les élèves qui ont été assidus en Terminale, ça éviterait l'hypocrisie de feindre de croire que c'est toujours un examen, et ça ferait des économies.
RépondreSupprimerMais il y a aussi des problèmes de moyens (et donc d'effectifs !) et d'organisation, et de formation... et maintenant de sélection au niveau des enseignants. Mille CAPES n'ont pas été obtenus l'année dernière, non faute de candidats, mais faute de candidats ayant un niveau suffisant.
RépondreSupprimerBelle dégringolade ! Il y a une vingtaine d'années, l'accès en Maîtrise Lettres Modernes (Bac + 4)était refusé si la moyenne n'atteignait pas 12 ou 13. Et pour s'inscrire en DEA (Bac + 5)il fallait avoir 15 de moyenne au minimum...
RépondreSupprimerGeneviève
Et encore, ceux-là font au moins l'effort de pointer aux examens... J'enseigne une matière certes secondaire dans leur cursus, mais néanmoins indispensable, à des masters dans une grande Ecole de l'élite et patatipatata, et régulièrement j'ai des demandes de "notes factices" genre j'ai pas envie de venir pour l'examen, pouvez-vous me mettre une bonne note quand même ?
RépondreSupprimerEt quand vous mettez une note minable (parce que ça le mérite, hein, même pas pour saquer), ils tombent de l'armoire : pour la plupart de ces jeunes gens, il est strictement INCONCEVABLE qu'un prof d'une matière "mineure" puisse leur coller des 1/20.
Pour le moment Dieu merci je n'ai pas encore eu de plaintes, mais chaque année un cap de plus est franchi.
Tout le monde à droit à un diplôme : rrhhôô, Suzanne, quand on veut chambrer les étudiants en Lettres Modernes (à juste titre...), on se doit d'être impeccable.
RépondreSupprimerArtémise et Geneviève: l'Université se tire une fameuse balle dans le pied.
RépondreSupprimerRemettre l'étudiant au cœur de la licence, et "amortir le choc de la rentrée universitaire", c'est mignon.
Malavita: le rouge de la honte m'envahit partout, hou la la... (C'est corrigé, merci)
Suzanne,
RépondreSupprimerJe suis sûr que ça vous va bien au teint.
(j'arrive à transformer un merle en rouge-gorge, abracadabra)
Les conséquences de ces pratiques ne se font pas attendre : on observe, à l'oeil nu, que les gens autour de soi deviennent de plus en plus stupides.
RépondreSupprimerCe qui a des conséquences tout à fait concrètes. Je ne parle même pas d'emploi, de PIB ou de découvertes scientifiques. Je parle de la vie quotidienne qui devient plus pénible, plus compliquée, plus frustrante, parce que les abrutis se multiplient.
Marchenoir: J'ai peur que les diplômes ne valent plus rien, pour le dire simplement. Qu'ils ne soient que des hochets, des médailles en chocolat, du collège à l'université.
RépondreSupprimerC'est déjà le cas de Brevet des Collèges qui n'est qu'un certificat d'assiduité scolaire et de non débilité profonde, et presque celui du Bac. Et les politiciens de gauche et de droite ne se distinguent pas les uns des autres quant aux solutions qu'ils proposent. (Montebourg, par égalitarisme républicain, veut supprimer toutes les options qui génèrent des différences entre bons élèves et élèves faibles)
Si les diplômes ne valent plus rien, seules les grandes écoles tireront leur épingle du jeu, et encore. Il est question d'en supprimer carrément certaines, et d'imposer la mixité dans d'autres.
Non-redoublement, moins de notes, évaluations bidons, collège unique, lycées professionnels d'où les bacheliers sortent avec un niveau de culture générale moins exigeant que celui du CM2... J'ai peur que notre système scolaire finisse par ressembler comme un petit frère au modèle américain: enseignement public tellement déprécié, mauvais, pour des élèves de plus en plus désintéressés, déconnectés,indisciplinés, qu'il sera délaissé par de plus en plus de monde. Et quand la pompe s'amorce ainsi, c'est quasiment impossible d'inverser le courant.