La petite Sarah, onze ans, nattes rousses et nez en trompette, est venue me montrer son agenda de rentrée scolaire. C'est histoire-géo, celui des profs que j'ai préféré, il est beau, et il est nouveau, personne le connait. Il a dit qu'on commençait notre vie de collégien, qu'on était plus des petits, qu'on devait se concentrer et se contrôler, qu'il allait nous faire travailler dans le silence et que les profs de cette année allaient nous apprendre plein de choses qu'on n'oublierait jamais de toute notre vie. C'est bien, hein ?
Elle a écrit sur la deuxième page le nom de tous ses professeurs et la matière qu'ils enseignent en changeant de couleur à chaque ligne, avec des couleurs vives. Elle s'inquiète maintenant, ça ne fait pas trop gamin ? Non non, je lui réponds, c'est gai et joli. Elle a un professeur d'epéesse (en rouge) et un d'arplastyc (en bleu turquoise). Je lui demande si elle connait déjà le professeur d'arts plastiques. Bien sûr, répond-elle, il est méchant.
Voir ce nom écrit sur l'agenda de Sarah m'a ramenée quelques années en arrière, quand un de mes enfants est rentré du collège et m'a raconté son premier cours d'arts plastiques avec ce même professeur . Le prof il nous a dit de prendre une feuille de papier Canson, il a engueulé ceux qui n'avaient pas de 220g, puis il nous a dit de la plier en deux. Alors, on l'a pliée en deux. Alors, il nous a dit qu'on l'avait tous pliée en deux parties égales, et qu'il nous l'avait pas demandé, ça. Que ça prouvait qu'on était formatés, tous pareils, qu'on n'avait pas d'esprit créatif et que ça montrait bien que le monde de l'art et notre vie ça faisait deux. Qu'on aurait pu plier la feuille n'importe comment, en plier un coin, la plier en huit, mais que TOUT LE MONDE l'avait pliée en deux parties pareilles, et qu'on était bien partis pour être des moutons obéissants, et que l'artiste c'était tout le contraire.
Et alors, Sarah, comment s'est passé ce premier cours d'arts plastiques ?
Oh, il ne nous a pas eus, ceux qui ont des frangins et des frangines plus vieux nous avaient bien raconté comment il casse. Il leur a fait le coup de "tracez un trait" ou "coupez la feuille" en redisant toujours les mêmes choses après, qu'ils n'étaient pas des artistes s'ils mettaient un truc au milieu ou s'ils coupaient la feuille en deux morceaux pareils. Ce qui fait que quand il nous a dit "placez un point sur la feuille", nous on a tous écrit en lettres "UN POINT", mais attention, hein, avec plein de couleurs, et surtout pas au milieu.
Elle a écrit sur la deuxième page le nom de tous ses professeurs et la matière qu'ils enseignent en changeant de couleur à chaque ligne, avec des couleurs vives. Elle s'inquiète maintenant, ça ne fait pas trop gamin ? Non non, je lui réponds, c'est gai et joli. Elle a un professeur d'epéesse (en rouge) et un d'arplastyc (en bleu turquoise). Je lui demande si elle connait déjà le professeur d'arts plastiques. Bien sûr, répond-elle, il est méchant.
Voir ce nom écrit sur l'agenda de Sarah m'a ramenée quelques années en arrière, quand un de mes enfants est rentré du collège et m'a raconté son premier cours d'arts plastiques avec ce même professeur . Le prof il nous a dit de prendre une feuille de papier Canson, il a engueulé ceux qui n'avaient pas de 220g, puis il nous a dit de la plier en deux. Alors, on l'a pliée en deux. Alors, il nous a dit qu'on l'avait tous pliée en deux parties égales, et qu'il nous l'avait pas demandé, ça. Que ça prouvait qu'on était formatés, tous pareils, qu'on n'avait pas d'esprit créatif et que ça montrait bien que le monde de l'art et notre vie ça faisait deux. Qu'on aurait pu plier la feuille n'importe comment, en plier un coin, la plier en huit, mais que TOUT LE MONDE l'avait pliée en deux parties pareilles, et qu'on était bien partis pour être des moutons obéissants, et que l'artiste c'était tout le contraire.
Et alors, Sarah, comment s'est passé ce premier cours d'arts plastiques ?
Oh, il ne nous a pas eus, ceux qui ont des frangins et des frangines plus vieux nous avaient bien raconté comment il casse. Il leur a fait le coup de "tracez un trait" ou "coupez la feuille" en redisant toujours les mêmes choses après, qu'ils n'étaient pas des artistes s'ils mettaient un truc au milieu ou s'ils coupaient la feuille en deux morceaux pareils. Ce qui fait que quand il nous a dit "placez un point sur la feuille", nous on a tous écrit en lettres "UN POINT", mais attention, hein, avec plein de couleurs, et surtout pas au milieu.
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C'est amusant de reprocher à des enfants de n'être pas des artistes, quand on croupit soi-même depuis des années dans les bas-fonds de l'Éduc' nat'…
RépondreSupprimerDidier: et il va y sévir au moins dix ans encore.
RépondreSupprimerHahahaha, punaise, quel baltringue...
RépondreSupprimerPar contre, je ne suis pas d'accord avec Didier ; j'ai recontré dans ma vie des profs enseignant au lycée, notamment de philosophie, qui publiaient dans des revues, étaient agrégés et tout et tout, mais pour qui l'enseignement était la seule chose valable. Bien sûr, la philosophie et les arts plastiques, c'est différent...
En philosophie on prend seulement les meilleurs, c'est pour ça.
Supprimeril a trouvé un système, la créativité et LUI ça fait deux.
RépondreSupprimerMère Castor: on se venge comme on peut d'un monde qui ne comprend rien à l'Art...
RépondreSupprimerDorham: je crois qu'il n'y a rien de pire pour un peintre qu'être peintre en bâtiment ou professeur d'art plastique, ou pour un écrivain d'être professeur de lettres en collège, etc. à moins d'être très fort ou très saint, comment "faire avec" ?
Suzanne, j'ai vu le moment où vous alliez parler des écrivains en bâtiment !
RépondreSupprimerHeu... C'est pour cela que j'ai écrit :
RépondreSupprimer"Bien sûr, la philosophie et les arts plastiques, c'est différent..."
Didier: c'est du pire encore pire pour les écrivains en bâtiment, qui souffrent au grattage et au tirage s'ils écrivent autre chose, surtout s'ils sont assez bêtes pour l'écrire sur un blog. Sauf s'ils sont sourds et lucides .
RépondreSupprimerMon Dieu mais il est idiot ce prof d'art plastique. Comme si les enfants ne faisaient pas la différence entre "suivre une règle" à l'école et être créatif parallèlement à ça. Savoir discerner, et agir dans un contexte précis, c'est aussi ça, l'intelligence.
RépondreSupprimerVas-y que je te plie la feuille en deux !
Balmeyer: il éprouve sans doute un plaisir sadique à asseoir son autorité en mettant les enfants mal à l'aise.
RépondreSupprimerEn tout cas, son attitude idiote permet d'expliquer aux enfants: "tu vois, plus tu vas grandir, plus tu te rendras compte qu'il faut supporter une proportion de gens plutôt insupportables, et faire avec. La preuve, dans ton équipe de professeurs, il y en a un merveilleux, huit satisfaisants, et un qui ne devrait pas être là, et ce sera tous les ans la même chose, grosso modo."
Mhhh, ça c'est un bon prof...
RépondreSupprimerdans un genre plus subtil
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