Qu'est-ce qu'il y a comme mot français pour exprimer "je suis overdosée" ? Écœurée, bof bof. Raslbollée ? Ça n'existe pas. Exaspérée ? Lassée ? Oui, aussi, mais ce n'est pas tout à fait pareil.
C'est à l'expression "dans c'pays" que j'en ai aujourd'hui, et à ses soeurs plus discrètes "dans ce pays-là, dans ce pays".
Est-ce qu'il y fut un temps où l'on disait "Dans notre pays," ou "chez nous", ou tout simplement "en France"? Est-ce qu'on a toujours dit "dans c'pays", et si non, quand a-t-on commencé ? Est-ce qu'on écrit "dans ce pays" dans les journaux autant qu'on le répète, le brame, le claironne et le braille dans ma radio et dans ma télé ?
Un musardage dans Google m'amène à un texte de Charles Pennequin, La ville est un trou:
"Y a un soucis dans c’pays chut. Taisez-vous. Laissez-moi parler. On envoie un message aux parents. Laissez-moi parler. Laissez-le parler chut. Y a un soucis dans c’pays. On envoie un message la république est là. Aux parents. Dans c’pays. Y a un soucis. Et je suis pas pour l’assistanat. Vivez votre vie. Dans c'pays. La vie la vraie chut. Chez certains jeunes. Pour l’assistanat je suis pas. Pas tous. Chez certains jeunes. Pour l'assistanat. Pas tous les jeunes. Taisez-vous. Tous ne sont pas tous les jeunes. Chut. Faut pas les prendre pour des idiots. Taisez vous. Chez certains idiots. Tous ne sont pas des taisez-vous. Hystérie collective. On va aller à la catastrophe. Enfants de l’immigration. De la catastrophe. De l’hystérie collective. Y a un soucis dans c’pays."
... et sur le blog JazzThierry :
"En effet, ils ont tous pour habitude d’achever leur propos par un lancinant « dans-c’pays ». Je pensais naïvement qu’au départ, il s’agissait d’un tic de langage, ou d’une simple mesure de précaution visant à prévenir l’auditeur un moment inattentif, que la démonstration valait surtout pour l’hexagone et non pas pour le Burkina Faso… Je me trompais, naturellement. J’ai pu constater en écoutant quotidiennement la radio ces jours-ci, qu’ils appartiennent tous à des formations de gauche avec une surreprésentation de l’extrême gauche. Pour preuve, Olivier Besancenot en fait un usage systématique et quasiment pathologique durant les campagnes électorales (sévèrement concurrencé au vrai, par un Noël Mamère jamais en reste).
Un autre constat guère original celui-là: “dans-c’parti”, les hommes semblent plus nombreux que les femmes, à l’exception notable de Clémentine Autain qui abreuve toutes ces interventions du même mot d’ordre, véritable signe de ralliement : «dans-c’pays» !"
Est-ce qu'en Espagne, en Italie, en Allemagne, plus loin, ailleurs, on dit aussi "dans ce pays", en parlant de son pays à soi, de celui dans lequel on vit ?
C'est à l'expression "dans c'pays" que j'en ai aujourd'hui, et à ses soeurs plus discrètes "dans ce pays-là, dans ce pays".
Est-ce qu'il y fut un temps où l'on disait "Dans notre pays," ou "chez nous", ou tout simplement "en France"? Est-ce qu'on a toujours dit "dans c'pays", et si non, quand a-t-on commencé ? Est-ce qu'on écrit "dans ce pays" dans les journaux autant qu'on le répète, le brame, le claironne et le braille dans ma radio et dans ma télé ?
Un musardage dans Google m'amène à un texte de Charles Pennequin, La ville est un trou:
"Y a un soucis dans c’pays chut. Taisez-vous. Laissez-moi parler. On envoie un message aux parents. Laissez-moi parler. Laissez-le parler chut. Y a un soucis dans c’pays. On envoie un message la république est là. Aux parents. Dans c’pays. Y a un soucis. Et je suis pas pour l’assistanat. Vivez votre vie. Dans c'pays. La vie la vraie chut. Chez certains jeunes. Pour l’assistanat je suis pas. Pas tous. Chez certains jeunes. Pour l'assistanat. Pas tous les jeunes. Taisez-vous. Tous ne sont pas tous les jeunes. Chut. Faut pas les prendre pour des idiots. Taisez vous. Chez certains idiots. Tous ne sont pas des taisez-vous. Hystérie collective. On va aller à la catastrophe. Enfants de l’immigration. De la catastrophe. De l’hystérie collective. Y a un soucis dans c’pays."
... et sur le blog JazzThierry :
"En effet, ils ont tous pour habitude d’achever leur propos par un lancinant « dans-c’pays ». Je pensais naïvement qu’au départ, il s’agissait d’un tic de langage, ou d’une simple mesure de précaution visant à prévenir l’auditeur un moment inattentif, que la démonstration valait surtout pour l’hexagone et non pas pour le Burkina Faso… Je me trompais, naturellement. J’ai pu constater en écoutant quotidiennement la radio ces jours-ci, qu’ils appartiennent tous à des formations de gauche avec une surreprésentation de l’extrême gauche. Pour preuve, Olivier Besancenot en fait un usage systématique et quasiment pathologique durant les campagnes électorales (sévèrement concurrencé au vrai, par un Noël Mamère jamais en reste).
Un autre constat guère original celui-là: “dans-c’parti”, les hommes semblent plus nombreux que les femmes, à l’exception notable de Clémentine Autain qui abreuve toutes ces interventions du même mot d’ordre, véritable signe de ralliement : «dans-c’pays» !"
Est-ce qu'en Espagne, en Italie, en Allemagne, plus loin, ailleurs, on dit aussi "dans ce pays", en parlant de son pays à soi, de celui dans lequel on vit ?
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Crainte rétrospective: est-ce que, moi aussi, j'aurais pas utilisé récemment l'expression "dans ce pays"?
RépondreSupprimerOuf, non.
J'ai créé sur mon blog une catégorie "Ma France", et le dernier billet que j'y ai casé se termine par "Il se passe toujours quelque chose au royaume d'UBU".
Tu vois la différence? Moi, oui, mais je peine à l'expliquer.
C'est un marqueur idéologique que l'on trouve assez souvent chez les militants de la IVème internationale, à en croire un ancien de l'OCI :
RépondreSupprimerEt il est de fait que même dire «la France», en son acception de «notre pays», ça continue de m'arracher la gueule. Quant à la locution «ce pays», c'est bien pire encore : chez les trotskystes internationalistes, on l'employait jadis, et c'était assez dire en quel mépris nous tenions les fonctions patriotiques de la nomination. Notre «ce pays» le réduisait à un morceau d'universalité.
(Pierre Marcelle, in Quotidienne, chroniques 2000-2001)
Malavita: Tout le monde le dit maintenant, de Le Pen à Besancenot, en passant par Aubry et Zemmour. Le "jadis" de Pierre Marcelle se réfère à quelle époque ?
RépondreSupprimerCTJ: oui, je vois la différence.
En Italie, on s'en branle du "pays".
RépondreSupprimerLes italiens n'ont aucun sens de l'état ou de la nation : l'Italie n'est qu'un conglomérat malheureux de provinces et de régions. Ceci explique sans doute pourquoi ils se foutent que Berlusconi écorne l'image des institutions...
Dorham, oui, mais Berlusconi dit "ce pays, notre pays" ? Et les politiciens italiens? (je pourrais chercher moi même, remarque, je suis fainéante)
RépondreSupprimerC'est quoi cette manie de mettre les citations en rouge ?
RépondreSupprimerTiens ! Je n'ai rien à sur le fond. Mais une connerie.
RépondreSupprimerJe vais juste rebondir sur la remarque de Dorham : souvent on emploie le terme pays pour une zone géographie (sans rapport avec l'Etat). Ca peut être un trou dans la campagne.
Nicolas: c'est marron chez moi, pas rouge.
RépondreSupprimer"souvent on emploie le terme pays pour une zone géographie (sans rapport avec l'Etat). Ca peut être un trou dans la campagne."
Oui, mais il ne s'agit pas de ça.
Suzanne,
RépondreSupprimerCa m'amusait juste de retrouver les mêmes couleurs que chez moi (marron, en effet).
Et non, ça n'a rien à voir (mais je n'ai pas constaté le phénomène).
(il faut dire que j'écoute assez peu les discours des politiques sauf quand ils viennent au bistro).
RépondreSupprimerNicolas, inventeur-typographe !
RépondreSupprimerDorham : que le pays soit un pays ou une région, ou même un village, c'est le "notre" et le "ce" qui me paraissent important, dans la très judicieuse remarque de Suzanne.
RépondreSupprimerIl y dans ce pays, une fracture...
RépondreSupprimerSuzanne, êtes-vous sûre que ce soit une expression proprement hexagonaie ? Je l'ai plus souvent entendue exprimée sous la forme de "c'te pays" et on la retrouve même dans le Nouveau Monde. Par exemple dans cette chanson indépendantiste québécoise :
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=BqCREOVUg_0
C'est une vieille expression française qui est passée outre-flaque et les considérations sur le sens de gauche ou de droite n'ont pas grand-sens, parce qu'elle est d'abord d'origine populaire.
Didier,
RépondreSupprimerCe que je voulais dire, puisque Suzanne demandait ce qu'il en était ailleurs, c'est que les italiens n'éprouvent aucun sentiment particulier envers leur pays.
Le régionalisme (au sein d'un état) poussé à l'extrême est autant un problème qu'un sentiment d'être extérieur à son propre pays.
En Italie, le régionalisme n'est même pas vraiment militant, comme ce peut l'être en Espagne. Et contrairement à l'Espagne, il n'y a rien pour cimenter un tant soit peu le peuple. Il est juste communément admis que l'Italie en tant que telle n'est qu'une façade, un mastic de salle de bains qui se fait la malle.
C'est très triste aussi, je trouve.
Il me semble que ça vient du PCF ça, non? Je les ai toujours entendu parler "des gens" et dire "dans c'pays".
RépondreSupprimerJe viens de lire les commentaires et de voir que Blog Trotter dit la même chose que moi :)
RépondreSupprimer@ Carine ;)
RépondreSupprimerDans c'pays c'était aussi la ponctuation de la langue de bois stalinienne. Entre autres...
Blog-trotter, il faut se lever de bon matin pour trouver des staliniens et même des communistes au Québec.
RépondreSupprimerVous voulez nous embarquer au Québec Dominique. Et bien soit. Vous confondez volontairement "c'te pays"avec "dans c'pays." Ce n'est pas du tout la même chose. Il y a effectivement, comme vous dites, une expression populaire (du 17ème siècle) qui a traversé l'Atlantique et une expression très en vogue chez les personnes peu enclines au débat mais toujours prêtes à épouser, en elle, "la cause" du bon peuple et ainsi lui laisser à penser que l'on s'occupe bien de lui. Oui, c'est un vestige de la langue de bois, à gauche, inaugurée par Jacques Duclos, fin orateur, et, dans la foulée, reprise par l'extrême gauche en 68. Une expression bichonnée par tous ceux qui ont conservé des copeaux dans leur bouche comme Robert Hue, Madame Buffet et aujourd'hui Mélenchon,sans oublier la petite Clémentine et le facteur.
RépondreSupprimerAutrement dit "Le parti à toujours raison, c'est la réalité qui se trompe".
"êtes-vous sûre que ce soit une expression proprement hexagonale ?" Dominique, non, justement, je n'en sais rien, je demande.
RépondreSupprimerBlog trotter, je pensais aussi à Marchais, et j'ai visionné quelques vidéos, mais au bout de quelques secondes j'ai oublié de faire attention tellement je le regardais. (C'était quelque chose, les débats télévisés avec Marchais)
Il y a un débat de 88 entre JF Kahn et JM Le Pen dans lequel ils le disent tous les deux. Est-ce que De Gaulle le disait aussi?
De Gaulle disait parfois "Notre pays" et surtout "la France" ;)
RépondreSupprimerSuzanne, je préfère ne pas répondre à la désespérante mauvaise foi de blog-trotter. C'est simplement une locution populaire ancienne et si le parti communiste a pu s'en emparer à un moment, cela ne veut nullement dire que cela fasse partie de la langue de bois ou que ce soit d'origine stalinienne. Que les locutions puissent changer de camp selon les circonstances lui échappe, il lui faut se référer à une mythologie gaulliste qui aurait existé en tout temps, tout comme il y aurait eu des communistes à toutes les époques. J'aime bien cette manière d'être dupe de l'histoire de sa langue et de l'histoire tout court...
RépondreSupprimerIdem, je ne répondrai plus à ce charmant monsieur. ;)
RépondreSupprimerBon, personne ne me répond du fin fond de la Russie (et pourtant, sans me vanter, j'ai des lecteurs russes) ni de Finlande (je n'ai aucun lecteur finlandais).
RépondreSupprimerDominique, je ne crois pas qu'il s'agisse d'une locution populaire, mais d'un banal démonstratif qui essaie d'éviter ce que pourrait avoir de nationaliste "notre pays", ou "la France", ou "chez nous". C'est sans doute tiré par les cheveux, et contradictoire avec le fait qu'à droite, où l'on se dit plus patriote, on ne dise pas davantage "notre pays", ou "En France". Je me demandais comment s'en sortaient nos voisins.
"Les ressources existent dans ce pays" disait Krivine en 1974 (sur le site de l'INA)
RépondreSupprimerÇa nous rajeunit pas.
(le "jadis" n'est pas explicité dans la chronique de Pierre Marcelle)
Malavita: merci !
RépondreSupprimerSuzanne, une petite recherche rapide dans Google montre en tout cas que de Gaulle a employé plusieurs fois l'expression "ce pays" dans ses discours et ses mémoires malgré ce que prétend blog-trotter qui veut inventer la langue de bois gaulliste.
RépondreSupprimerC'est curieux cette obstination à vouloir oublier l'essentiel:"Dans...ce pays."
RépondreSupprimerC'est même le titre du billet.
Rien à voir avec "c'te pays" ou "ce pays."
Non, Malavita, non, non, non ! Pas "ma France" de Ferrat !
RépondreSupprimer« Qu'est-ce qu'il y a comme mot français pour exprimer "je suis overdosée" ? »
RépondreSupprimerAu Québec vous diriez : « Chus tannée ! » ou « P'us capââp'... »
C'est intéressant de mettre en évidence le fait qu'un pays n'est jamais univoque. Il semble aller de soi que l'Allemagne de Goethe, Mozart, Beethoven et celle de Hitler ne sont pas les mêmes.
RépondreSupprimerAu Vietnam, certains parlent de la libération de Ho-Chi-Minh Ville, d'autres de la prise de Saïgon, et on comprend bien à quoi se réfère cette distinction.
Pourquoi ne serait ce vrai que pour les autres? Parce que, en l'absence de miroir, on connaît le visage du voisin mieux que le sien propre. Mais les miroirs existent, il suffit de les utiliser.
CTJ: ma question n'allait pas si loin, je voulais savoir si, par exemple, dans un débat politique russe ou espagnol ou anglais, les participants disaient aussi dans leur langue "ce pays" en parlant du leur, par exemple: "le problème de l'emploi, en Espagne,..." ou "le problème de l'emploi, dans ce pays...". Si c'était une façon de parler généralisée, ou propre à nous.
RépondreSupprimerYanka: ok pour "chus tannée".