Hier, en sautillant de lien en lien, j'ai mis le pied dans un blog où personne ne répond jamais. Presque jamais, ou c'est tout comme: ceux qui ont laissé un message l'ont fait par erreur ou par malentendu.
Ce blog avait - pourquoi avait ? - il a, ce blog a trois ans. L'auteur, le narrateur, le parleur, le blogueur, écrit aussi bien qu'un autre. Mieux que beaucoup d'autres, d'ailleurs. Il va sur d'autres blogs, il laisse des messages partout. Il suffit de cliquer sur son prénonyme et hop, on tombe chez lui. C'est ainsi, dit-on, qu'on se fait connaître, c'est ainsi qu'on invite l'autre à venir prendre un mot chez soi. Il est gentil, il est affable, il est amoureux, il voyage, il raconte sa vie, la clé qui coince dans la serrure, le prunier tué par les dernières gelées de printemps, sa voiture qui le laisse en rade dans un village hostile en hiver, son chat , le rouge-gorge sur la fenêtre, son premier bébé, son deuxième bébé. Il s'étonne, sans aller jusqu'à se plaindre, que personne ne lui réponde. Il parle de bouteille à la mer, de cyberocéan, d'ancre qui sèche.
Parfois il écrit: je serai absent pendant trois jours, je vais ici ou là, je vous raconterai tout à mon retour. Et il le raconte.
Un lien ! Un lien !
RépondreSupprimerQuestions (c'est un cas intéressant) : commente-il sur les mêmes blogs ou vadrouille-t-il au hasard ? Est-il sympathique ou drôle dans les commentaires qu'il dépose ?
Non, je ne veux pas donner de liens, mais je connais (enfin, connais), je suis tombée sur au moins trois blogs comme ça la semaine dernière. J'avais envie d'écrire: je vous ai lu, au moins un peu, et puis, bizarre, je n'ai pas osé déranger.
RépondreSupprimerIl doit y en avoir des centaines comme cela, je pense.
RépondreSupprimer(Et j'aime beaucoup prénonyme.)
Pas envie de donner un lien qui signalerait un blog désert en tant que blog désert, ce ne serait pas très délicat de les désigner comme curiosité plutôt que comme personne intéressante, mais au moment où je recherche dans ma mémoire plutôt proche, hier en l'occurrence, le nom du blog, le prénom du bloggueur, le titre d'un billet... Je me rends compte que je n'ai pas de souvenir.
RépondreSupprimerDidier : au moment de répondre quelque chose comme "je l'ai inventé" (prénonyme) je gougueule un coup, et je vois que c'est déjà trouvé.
RépondreSupprimerC'est dur ce que tu dis
RépondreSupprimercomm and come :
RépondreSupprimerSolitude dans la foule, crier dans le désert, oui, c'est dur.
Suzanne, un lien permettrait de le faire connaitre à nous, qui avons des dizaines de blogs à lire et qui cherchons parfois la nouveauté sans pour autant tomber sur ceux qui le méritent !!
RépondreSupprimerBonjour Suzanne, cela fait quelque temps que je fais moi aussi cette constatation en passant, chez plusieurs confrères et consoeurs... Et chaque fois je m'autoflagelle en pensant que le nombre de commentaires par billet chez moi (faible mais suffisant a` mon gout) n'est pas vraiment mérité, ou que leur insuccès a` eux est vraiment injuste.
RépondreSupprimerJ'ai un début d'explication par le fait que j'ai commencé a` bloguer en 2004 au début de la grande époque en France (il y avait belle lurette que ça bloguait aux states). A cette époque bénie, il suffisait effectivement de commenter de ci-delà pour se faire de nouveaux amis. Et il y avait des "rencontres de blogueurs" qui ne se font plus depuis quelques années déjà.
Les temps changent, et le nombre des blogues a considérablement augmenté, ce qui est une excellente chose je pense.
On apprend maintenant qu'il faut gérer (c.a.d. faire connaitre) son identité numérique et multiplier ses profils sur des réseaux sociaux bien choisis. Sans aller jusqu'à twitter toute la journée, ceux qui souffrent de leur "isolement" internautique devront bousculer un peu leur fierté individualiste, aller s'inscrire sur 2 ou 3 réseaux, et entretenir leur image numérique...
Mais pourquoi ne pas mettre de lien si ce blog est intéressant ?
RépondreSupprimerCatherine et Homer : je le ferai quand ils écriront quelque chose que je trouverai bien, si je les retrouve.
RépondreSupprimerTilly: les conseils que vous donnez là sont presque ceux qu'on donnerait à une entreprise commerciale. Il est vrai que certains blogs le sont. Je ne sais pas trop quoi en penser, en fait.
Suzanne, ces conseils ne sont pas les miens...
RépondreSupprimerJ'écris lâchement "On apprend maintenant que..."
Ils sont dans l'air ambiant, a` chacun d'en tirer le moins mauvais pour son propre usage et ses propres aspirations, même et surtout individuelles.
Curieux comme le fait de parler d'un blog sans le nommer excite la curiosité. S'il y avait eu un lien, j'y serais allé.
RépondreSupprimerJ'ai eu un blog comme celui que vous décrivez. Personne ne savait que j'en avais un. Je signais avec un pseudonyme ridicule. Dans la vie je pensais toute seule je riais toute seule j'élevais mes enfants je faisais des gâteaux je travaillais à mi-temps. J'avais l'impression que personne ne me voyait, que j'étais transparente, sans substance. J'ai participé à des salons de tchat et j'ai répondu à des hommes qui me trouvaient drôle et géniale, c'était nouveau. J'ai couché avec eux, je ne sais pas s'ils étaient aussi vides que moi, mais je me suis ennuyée. C'était toujours bien de parler de livres de films de musique, mais c'était avant de baiser. Post coïtum omne internota triste comme tout le monde.
RépondreSupprimerJ'ai fait un blog comme un journal intime mais personne ne répondait jamais jamais. Après, je crois que les gens n'osaient pas rompre le silence. Et puis, que répondre à quelqu'un qui raconte sa vie ?
Qu'il écrit bien, qu'on a la même opinion de Sollers, qu'un bébé c'est fatigant on en sait quelque chose?
Un jour j'ai supprimé mon blog d'un clic, je n'ai gardé aucun brouillon, rien, c'est très bien comme ça.
Sinon, vous écrivez bien, avec le sens de la formule et une espèce de poésie à la fois méchante et pataude.
Isabelle.
Isabelle: bienvenue, et merci pour ce message désenchanté et intéressant. Vous aimez bien Houellebecq ?
RépondreSupprimerC'est quand même perturbant, des journeaux intimes terriblement tristes parce qu'ils ne sont pas assez publics !!
RépondreSupprimerOn a l'impression que les gens passent leur vie à être vacants et errer, agitant leurs bras mollement et gémissant "et moi et moi et moi" ("je suis là").
C'est affligeant, et presque, ça donne envie d'aller prendre une bonne giboulée de mars au lieu de rester devant son ordi.
Y a quelque chose qui tourne pas rond.
Mais ch'sais pas quoi.
J'ai découvert le blog en septembre 2006, il m'a fallu 4 mois pour faire un 2ème billet. EN quinze jours j'avais 3 commentaires, qui me remplissaient d'orgueil. Puis a débarqué le roi de la toile où j'évoluais timidement... Il m'a fait peur avec ses 70 coms par billet, et ses 80 contacts... Me suis dit.. c'est quoi ce trafic, ce carefour (genre grande surface).. l'histoire continue puisque cet homme là est même devenu mon amoureux pendant 2 ans.. je ne vous raconte pas le succés que j'ai eu... pfff..
RépondreSupprimerPour cela que j'ai quitté ma planète.. je voulais rompre avec cette popularité qui ne tenait finalement qu'à ce "couple mythique"... une fois la rupture annoncée, la foule s'est faite plus rare... les filles surtout.. hum...
j'ai pris mon bagage à mots... et me voilà ici, un peu perdue, un peu craintive.. mais autonome... :)
Tou ça pour dire, que au début d'un blog, la pudeur est forte pour certains.. ils n'osent pas.. ça fait un peu peur à l'égo tout ça... un p'ti coup de pouce à certains pourrait les sublimer je pense... je le fais régulièrement, tout en douceur...
Je viens de créer un nouveau blog, et pour en avoir déjà fait un autre auparavant, il est vrai qu'on est tiraillé entre raconter son histoire, être lu, être commenté, mais à partir d'un certain moment, on se demande vraiment si les gens ne sont pas seulement un peu "voyeurs", surtout lorsqu'on parle de notre vie privée.
RépondreSupprimerAlors, il faut faire un choix, un tri dans ce qu'on écrit, mais également dans les blogs qu'on visite en laissant (ou non) un commentaire.
Je découvre ton blog, et cet article qui m'a interpellé m'a donné envie d'en lire un peu plus.
A bientot donc.
Eh bien bonsoir et bonne lecture, Aubepine :)
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