mardi 18 janvier 2011

C'est une révolution, sire ?


J'ai lu, à propos de la Tunisie, un très bon billet daté du 15 janvier, sur le blog de quelqu'une avec qui je me suis souvent engueulée, mais avec qui, sur ce sujet, je suis d'accord.

[...] c’est très intéressant, ce qui se passe en Tunisie. Ça m’a fait penser à la fin des régimes dictatoriaux d’Espagne, du Portugal ou de Grèce autrefois, à la chute de Ceaucescu en Roumanie plus récemment plus qu’à ce qu’on a l’habitude d’entendre dès qu’il s’agit de pays musulmans; ça n’a rien de « révolutions islamiques », rien d’iranien ni d’algérien années 90: ça n’a rien de religieux.

C’est une rébellion populaire, laïque et légitime, contre la misère et la corruption, une rébellion apparemment réussie, et une rébellion réussie, c’est une révolution. Et c’est la première fois qu’il se produit une chose semblable dans un pays musulman, quelque chose d’inédit.[...] La suite ici.


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20 commentaires:

  1. Ah oui, c'est intéressant, la tunisie, ses manifs, ses morts, ses gens qui crèvent la dalle, pendant que nous nous prélassons devant nos ordis... avec la bénédiction de Sarkozy.

    Virez les tous !

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  2. Mais certainement, GDC !
    Je veux bien vous tricoter des chaussettes si vous rejoignez illico le juste combat clandestin des Brigades de
    Lutte Urbaine, Rurale et Prolétariennes (le BLURP, je viens de créer le concept devant mon ordinateur), qui doit envoyer quelques hommes en Tunisie la nuit prochaine puis revenir à Paris pour travailler au Grand Soulèvement Populaire pour virer Sarkozy. Les nuits sont fraîches, dans le désert et dans le quartier latin.

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  3. Nicolas: je suis d'accord avec ce qu'elle écrit dans ce billet-là, c'est tout.

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  4. (et comme je suis d'accord, je me dis, évidemment, que c'est un excellent billet).

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  5. Je l'ai cité en réaction au billet de Didier Goux , que je trouve catastrophiste, et à celui du Coucou, qui aurait voulu que du passé l'on fît là-bas table rase.

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  6. La promesse d'une paire tricotée à la main me motiverait pour rejoindre le BLURP. En fait tout ce qui peut s'enfiler me motive.
    Je vous sens quand même un peu tiède sur ce coup, pour d'autres causes vous proposez tout de suite de faire rempart de votre corps, il me semble. C'est quand même plus engagé.

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  7. Oh que c'est bête, j'ai oublié le mot chaussettes, oh que je suis confus.

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  8. "Je vous sens quand même un peu tiède sur ce coup" (Jazzman)
    C'est que vous ne savez pas le temps qu'on met à tricoter des chaussettes sur quatre aiguilles, avec le talon en nid d'abeille, les diminutions de la pointe impeccables, et le petit fil de laine qu'on laisse, au bout...

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  9. Je sais tout ça, j'ai eu une grand-mère, il y a longtemps et j'avais tricoté un bonnet sous sa direction. Elle m'avait aussi tricoté des mitaines pour jouer du piano.
    Vous voyez que j'apprécie à sa juste valeur le cadeau d'entrée au BLURP.

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  10. Jazzman : jour historique, donc. Du coup, je vous nomme sous-commandant du Blurp.

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  11. Je connais mes classiques: ça veut dire passe-montagne en plus des chaussettes...waouh !

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  12. Pas trop d'accord avec Floréal, au moins dans son parallèle avec le Portugal et l'Espagne : ces deux pays étaient alors entourés par des démocraties parlementaires et fortement liés avec elles, ce qui leur a facilité le passage. Pour la Tunisie c'est le contraire quasiment : aucun dictateur arabe ne fera rien pour faciliter l'instauration d'une démocratie à ses portes. Et c'est un euphémisme.

    Et puis, ni le Portugal ni l'Espagne n'avaient de barbus en embuscade.

    Cela étant, je souhaite de tout cœur le meilleur aux Tunisiens. Mais j'ai du mal à y croire.

    Et nos petits révolutionnaires en mie de pain qui voient déjà l'embrasement du monde à partir de l'étincelle tunisienne me font me taper le cul par terre.

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  13. Perso, je pencherais plutôt vers le commentaire de Didier Goux plutôt que vers le papier de Floréal ; hélas ! (excès maladif de lucidité peut-être...)
    Ceci-dit, le BLURP me semble une initiative intéressante pour renouveler le paysage politique. Nous serions en d'autres temps, le FOPOD aurait bien avec lui vu un accord d'apparentement... (strictement politique, s'entend^^)

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  14. Didier,

    La Tunisie est une des rares dictatures à avoir des administrations très structurées. Ben Ali a commencé à doter le pays d'une structure démocratique avant d'aimer trop le pouvoir pour persévérer. Mais elle est là, en état de marche, cette adminstration. Donc, le parallèle n'est pas si infondé.

    Quant aux religieux, ils ne sont pas tant que ça en embuscade, ils ont une influence très circonscrite en Tunisie et gageons qu'une influence ne se gagne comme cela.

    Ce qui moi me rend plus sceptique, c'est que cette insurrection ne suffise pas à totalement nettoyer l'état de la clique "Ben Ali". Qu'un dictateur en supplante sobrement un autre (du même clan).

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  15. Entendu ce matin au journal de France-Culture: des ministres ont démissionné, il y a des manifestations où les islamiste marchent en tête...
    Aïe aïe aïe.
    La situation change de jour en jour. J'espère que les pessimistes ont tort. Même Dorham.

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  16. Dorham a toujours raison (si, il faut argumenter)

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  17. Nicolas: faut voir ses munitions aussi: des milliers de salves de milliers de mots!

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  18. Je signale à ceux que ça intéresse que l'émission Du Grain à moudre de ce soir, sur France Culture à 18h20, devrait, si j'ai bien compris, être consacrée aux soutiens du président Ben Ali en France du temps de son règne, avec, entre autres invités, Nicolas Beau, fondateur de Bakchich Infos et auteur d'une des rares enquêtes de fond sur le défunt régime tunisien.

    Je ne résiste d'ailleurs à retranscrire un passage de l'intervention de ce dernier vendredi dernier, aux Rendez-vous de Laurent Goumarre, sur cette même radio :


    Laurent Goumarre – Nicolas Beau, vous y croyez aussi, à cette contamination [des pays arabes par la révolution tunisienne] ?

    Nicolas Beau – Là, je dois dire qu'on peut regretter que notre ami metteur en scène
    [Fadhel Jaïbi, inteviouvé juste avant sur les déboires qu'il avait connus sous l'ancien régime] n'ait pas été sur les listes des heureux bénéficiaires de la légion d'honneur dressées par notre ministre de la Culture Frédéric Mitterrand. Il y avait beaucoup de Tunisiens. Mais apparemment pas de ce bord-là. Voilà.

    LG – Justement, comment vous comprenez ce que pouvait dire par exemple Frédéric Mitterrand dernièrement : « Dire que la Tunisie est une dictature univoque me semble exagéré » ? Vous pensez que c'est ce genre de prises de positions que fustige dans l'entretien qu'on a mené avec Fadhel Jaïbi ?

    NB – Écoutez, alors sur ce point-là, à la limite, il faut presque saluer Frédéric Mitterrand, parce que, au moins, il a le courage d'être constant et qu'il y a un vrai débat sur le terme de dictateur... Ben Ali n'était pas Saddam Hussein.

    LG – Exactement !

    NB – Donc, là-dessus, saluons-le. Quand on compare l'attitude d'un Frédéric Mitterrand et celle d'un Délanoë, qui après, vraiment, avoir soutenu ce régime de façon, mais vraiment... constante, j'en suis le témoin parce que, quand j'étais au Canard enchaîné, il a tenté de faire intervenir des socialistes amis du Canard pour que je n'écrive plus sur la Tunisie. Je me rappelle, dans son bureau, pendant deux heures, je lui dis : « Mais, M. Delanoë, faites un communiqué pour dire que Ben Ali a tellement fait pour la Tunisie, mais qu'il pourrait faire un petit effort en matière de libertés », et sa réponse a été : « Je préfère agir discrètement »... comme Chirac avec la Chine. Voilà. Alors, si vous voulez, entre Mitterrand (Frédéric) et Delanoë, je préfère le comportement d'un Frédéric Mitterrand.

    LG – Et un commentaire sur les prises de position de Michelle Alliot-Marie ?

    NB – Écoutez, Michelle Alliot-Marie, je pense que, effectivement, quand elle a maladroitement proposé des renforts policiers, faisons lui quand même ce crédit qu'elle pensait effectivement envoyer des professionnels qui évitent qu'on tire dans la foule tout de suite. Peut-être après, mais pas immédiatement. D'accord.
    Mais, ceci dit, Mme Alliot-Marie était encore à Noël à Hamamet, elle y était l'été dernier, elle y était comme beaucoup, et son compagnon M. Ollier avait connu... pour avoir fait beaucoup d'affaires avec les Libyens. Quand on connaît les liens du régime libyen avec le clan Ben Ali, là il y a une piste intéressante à explorer, et donc je pense que cette réaction qu'elle a eue, cette précipitation qu'elle a mise au pire moment pour proposer de l'aide en matière sécuritaire, elle vient de loin.

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  19. Chieuvrou: ah, j'ai lu trop tard votre commentaire pour avoir la radio toute fraîche en direct.
    Ben Ali n'est pas le pire dictateur que les politiciens français de gauche et de droite aient soutenu ou soutiennent encore, hélas.

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Modération parfois, hélas, mais toujours provisoire, ouf.