samedi 12 juillet 2014

Grâce à nous

                                                                       au sinistre Marco Polo

Un jour, il y a quelques années, j'amenai ma fille à l'anniversaire d'une camarade de camp de vacances.  C'était un peu loin, et la dernière partie de la route, qui se transformait en chemin en côtoyant une rivière sinueuse,  n'était pas facile. La camarade nous attendait à grille du château. Grille  monumentale, ouverte sur une longue allée de chênes. Le petit château, au bout, miroitait de toutes ses fenêtres. À vue d’œil, c'était un de ces derniers manoirs  construits à la fin du 19ème siècle, sans grand charme mais pas vilain, avec des dépendances, de grands espaces, une statue de Diane,  des allées, un bassin et des lions à la chevelure de lierre. La fillette monta dans la voiture et nous fit emprunter une allée  bordée de houx,  aboutissant à  la cour de sa maison  qui devait être autrefois un logis de jardinier  ou d'autre domestique.
J'acceptai  le café offert par la mère et, histoire de discuter, la félicitai pour la beauté du rosier blanc qui tapissait la façade. La fille de dix ans rigola grassement: ils avaient foutu assez de désherbant dessus, pourtant, pire que les ronces cette saloperie increvable. Des lambeaux de vigne vierge desséchée pendaient sur le mur ouest. Foutues plantes grimpantes qui attiraient des tas  de parasites ! Heureusement qu'ils allaient déménager bientôt !
La mère sortit un album du tiroir du buffet pour me montrer  les photographies du pavillon qu'ils faisaient construire dans un lotissement du  bourg voisin. On y  serait mieux, et bien chez soi...
Je posai des questions sur les châtelains. On me répondit que c'était un couple d'instituteurs en retraite qui avait racheté le bâtiment assez bon marché. Qui viendrait habiter à onze kilomètres de la première boulangerie, dans une vallée, et avec une route pleine de trous en plus ? Des toqués comme ces deux-là, qui se donnaient l'air de ne pas se donner l'air,  qui n'avaient même pas la télé et qui faisaient chier leur monde en laissant les fenêtres ouvertes les soirs d'été et en jouant du piano et du violon toute une partie de la nuit, encore heureux quand ils n'avaient pas l'idée idiote d'organiser leurs soirées de  musique de chambre -ou de pot de chambre, ha ha ha !- avec d'autres cinglés  de leur connaissance comme au mois d'août dernier.
Mais on les encule comme on veut, a conclu la mère. Nous, on met du Johnny hyper fort, alors, leurs fenêtres, ils les ferment.  La boulangère nous a dit que grâce à nous, quand on sera parti, ils ne prendront pas d'autres locataires.


15 commentaires:

  1. Très bel uppercut dans les gencives de kid Polo. Allez-y Madame Merle, je vous soutiens à fond.

    Signé : votre coach, Ana Maria

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    1. Pas du tout. C'est un truc qu'elle a entendu à la télé et elle fait croire que c'est elle.

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    2. Eh bien voilà ! Là on sent le vécu, le réel, le brut de décoffrage !

      Et merci pour la spéciale dédicace.

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    3. Bravo. Cela dit, si les châtelains ont toujours ce petit pavillon avec rosier grimpant et musique de chambre, je suis volontaire pour le louer avec mon Luminaire et je peux leur assurer qu'il n'y a pas plus calmes et discrets que nous.

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    4. Catherine: sans compter que vous avez de l'expérience en gestion de châteaux !

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    5. Nicolas, on sent la haine des châteaux, là... Communiste !

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    6. Marco Polo, ha la la... (no future !)

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  2. Virez ce malpropre qui arrive même à faire honte à son pseudo...

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    1. Je ne crois pas, non... Sauf, peut-être, si vous êtes flûtiste...

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  4. Un peu hors-sujet, mais ce nouveau schéma des régions, avec une fusion Poitou-Charentes, Aquitaine et Limousin, ça devrait donner quelque chose d'assez proche de l'entité Corrèze Atlantique (de Tulle à Hossegor ?) que vous aviez imaginée jadis.

    Vous êtes donc une blogueuse vachement influente, question aménagement du territoire !

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  5. "Vous êtes donc une blogueuse vachement influente, question aménagement du territoire !"

    et pas qu' un peu, mon n'veu !

    J'ai reçu le président Hollande chez moi, et il s'est bien amusé avec la porte du réfrigérateur. Il est reparti sans l'ouvrir, dommage, j'avais mis un petit gris de Loire au frais...

    Quand même... Dommage que la cryogénisation ne soit pas une technique efficace. Imaginez, on aurait pu réveiller De Gaulle et lui faire déclamer, avec sa voix de grand Charles "Vive la Corrèze atlantique LIBRE" sur l'air de "Vive le Québec libre !"

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  6. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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Modération parfois, hélas, mais toujours provisoire, ouf.