jeudi 19 juin 2014

Un R a disparu...


Alors là, je tombe des nues. On me l'aurait dit avant que je ne l'aurais pas cru. Et quoi qu'on m'aurait dit ? Qu'un r de Rrom aurait mouru, comme ça. Serait tombé comme un brave petit soldat au combat, ou comme une feuille morte à l'automne alors qu'on est en été. Se serait évanoui, évaporé, pulvérisé. Mais pourquoi, pourquoi ?  Pourquoi nos Bohémiens, Romanichels, Manouches, Tziganes, Voyageurs, Roms, transfigurés en Rroms pendant quelques années, dégringolent-ils maintenant au point de se déglinguer l'appellation, et de rouler tout cabossés, avec un r en moins  ?  Mystère. Il n'y a rien de bon là-dedans, je prédirais même que ça craint pour eux. Les fiers gitans, les circasiens de génie, les guitaristes musclés aux semelles de vent, c'est fini. On le pressentait déjà un peu.  Le coup de la belle étrangère dans  des bas-quartiers de bohémiens a pris un coup dans l'aile. Si même les militants antiracistes acharnés, les défenseurs du Rrom et de la burqa à tous les étages,  les dames pleines de bonté bonne leur ont soufflé une partie de leurs r, c'est mauvais signe: signe qu'il y a du laisser aller (qui n'est pas sans rappeler les compromissions les plus sombres de nos heures les plus rances de notre Histoire la plus moisie) dans la défense du Rom, surtout quand elle pourrait faire de l'ombre à celle du mmusulman. Rappelons qu'il n'est pas beau d'ethniciser les difficultés des pauvres et des victimes du colonialisme. Les mots sont importants, et tuer une lettre n'est pas innocent.

17 commentaires:

  1. vous faites du Didier Goux, ou bien ?
    Ca change de Vialatte.

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    1. Mère Castor, j'en serais incapable, mais... Si ça peut rappeler le bon vieux temps !

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    2. goux est trop verbeux ! par ailleurs, c'est quoi, cette histoire de r ?????

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    3. Eh bien, fut un temps où les Roms n'étaient plus des Roms, mais des Rroms. Dès qu'il fallait combattre le racisme dont ils étaient l'objet, on les magnifiait en leur ajoutant un R supplémentaire, va donc savoir pourquoi. Pour se donner des airs tziganologues, ou pour s'entendre entre associatifs au cœur pur ? Dans le même temps, on a cessé de dire "immigrés", les immigrés étaient devenus des "migrants". Les nauséabonds et les suspects écrivaient "Roms et immigrés" , les combattannts de l'antiracisme écrivaient "Rroms et migrants".
      L'abandon du R supplémentaire est éloquent, le Rom a perdu. En cas de concurrence à l'antiracisme, le Rom se place sous la victime d'islamophobie vivant dans les quartiers sensibles. Ce n'est pas étonnant. Le tzigane a toujours été en bas de l'échelle, toujours.

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    4. Madame Brebis : Goux ne peut pas être trop verbeux, dans la mesure où la notion d'excès est déjà contenue implicitement dans l'adjectif.

      (Sinon, quand j'avais 11 ans, alors que j'habitais Lahr, je suis t'été un mois en colonie de vacances à Schönwald…)

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  2. Ça n'explique pas pourquoi vos deux liens sur "Roms" et "Rroms" conduisent au même billet de Juan (ou de Jjuan)…

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    1. Sinon, il était plutôt enlevé, ce petit passage de Corentin à la Comète…

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    2. ... et le petit passage était pas mal du tout. Figurer dans une série mythique, c'est quelque chose!

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Modération parfois, hélas, mais toujours provisoire, ouf.