vendredi 27 septembre 2013
Construis-moi une cité idéale
Il y avait hier soir un reportage d'Envoyé Spécial sur la cité de Villeneuve, à Grenoble. Je l'ai trouvé émouvant. Il y a quarante ans, des architectes, des urbanistes rêvaient de mixité sociale, de quartiers modernes, agréables à habiter, et bien faits. On revoit certaines de ces personnes dans ce reportage et c'est ça qui est émouvant. Ils vivent encore dans leur cité "bien sûr, puisque c'est nous qui l'avons construite", ils ont plus de quatre-vingt ans et avouent qu'ils ont peur. Ils se sont fait agresser, frapper sur la tête, ils ne se voilent pas les yeux, ils savent qu'ils risquent de souffrir beaucoup avant de de crever, butés pour trois fois rien sur leur palier, mais ils restent.
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Idem au Mirail de Toulouse, sauf que là, des premiers habitants, il ne reste personne
RépondreSupprimerLe Mirail, c'est bien plus isolé, séparé du reste de la ville, et construit dans l'urgence surtout pour des habitants à revenus très modestes. Là, à la Villeneuve, il y avait un projet de mixité sociale avec les moyens pour le faire. Le problème est que les habitants des classes moyennes, motivés pour l'achat dans le quartier, l'ont déserté quelques années après.
SupprimerComment peut-on qualifier un endroit doté d'une telle architecture comme un endroit agréable à vivre? Il y a quelque chose de fascinant là-dedans.
RépondreSupprimerPierre, par rapport à ce qui avait été fait avant et se faisait encore, c'était beaucoup plus réfléchi et mieux, il y avait les équipements sportifs et culturels, la proximité d'un beau parc... et même maintenant, si on compare à beaucoup de Zup, c'est beau et bien entretenu.
SupprimerDe si grands bâtiments, quand même...
SupprimerJe n'ai malheureusement vu que la fin hier soir, et j'ai apprécié le commentaire d'un papy justifiant le fait qu'ils y habitent encore, 20 ans après. C'était un livre signé de son fils, qui le remerciait de les avoir fait grandir dans cette cité (diversité, multi-cultures..)
N'empêche, qu'en dehors de la population et de toutes ces histoires, je me dis que des bâtiments fermés sur eux-mêmes, et aussi grands, peuvent être un piège.
Il y a 4 ans déjà, un reportage avait été diffusé, et un des rares habitants historiques relevait qu'y régnait une réelle mixité dans les classes d'école, et que les habitants vivaient dans la paix sociale. Tant qu'il y avait des familles Françaises, à priori ça se passait bien. dès lors qu'elles ont toutes déserté, les problèmes ont commencé à s'accroître.
Maintenant, ce sont les familles Roms qu'on y installe. Je ne vous raconte pas les tensions. On avait déjà du mal à faire régner l'ordre, du coup j'ai du mal à comprendre comment les acteurs politiques de la ville imaginent une seule seconde qu'ils peuvent installer des Roms sans rajouter de la tension à une cité électrique comme la Villeneuve.
Comme vous dîtes, je ne retiendrai, par respect pour les habitants, les pelouses bien entretenues.
Excellent billet
RépondreSupprimerPas vu.
RépondreSupprimerJe crois que la mixité doit être "totale". Il ne doit pas s'agit de mélanger les riches et les pauvres mais les immeubles d'habitation, de bureaux et des commerces (des vrais pas des galeries marchandes...). Mon quartier est exemplaire pour ça. Logements sociaux, logements de standing, pavillons particuliers, sièges d'entreprise et plein de commerce. Je ne vais pas refaire l'histoire de Bicetre. On a de la chance : le scénario ne peut pas se reproduire partout. Néanmoins je suis effaré quand je vois qu'on continue à faire autrement ailleurs.
Je suis allé en réunion à Velizy récemment. Il y a un immense territoire ave. Que des sièges modernes d'entreprises. À un ou deux kilomètres, il y a le centre commercial Vélizy 2, un des plus grands du secteur. Pas d'habitants. Je suppose qu'ils sont parqués ailleurs.
J'ai trop causé, je vais en faire un billet tiens !
Le maire de Bicêtre est un Chevènementiste réélu trois fois. Y est-il pour quelque chose ?
SupprimerJe redis ce que j'ai dis dans mon billet : on a de la chance. Ce n'est pas le maire qui a installé Bicêtre à deux doigts de Paris avec une ligne de métro... Par contre, il a favorisé l'installation du siège d'entreprises et la rénovation de certains quartiers.
SupprimerMais quel billet ?
SupprimerDans mon commentaire, pardon. Je viens de faire un billet. Trop long mais j'ai trop bossé aujourd'hui. J'ai fait ça dans la foulée.
SupprimerA St Denis ils ont assez bien réussi leur coup. Aussi bien population qu'architecture. Il y a du bureau, un parc et des immeubles. C'est entre les 2 stations de rer qui entourent le stade de France. J'ai bossé là-bas 5 ans et je dois dire que ça se passait bien. Il n'y avait pas d'équipes dans les rues, ça allait. La journée, quartier grouillant, le soir, il ne restait que les habitants. C'est dans e quartier du Landy, historiquement le quartier des ateliers d'assemblage de tgv ou de train, je sais plus.
SupprimerLe quartier dont je parle sont venus s'implanter Générali et d'autres grosses boîtes.
Pour que ça marche vous avez raison, il faut de la mixité fonctionnelle(?). Du bureau, du petit commerçant, de l'immeuble, mais pas trop haut!!!!! Et le tout avec une station de rer à proximité.
ça va Nicolas ? Dans un autre blog, vous écrivez que vous n'avez jamais sauté un putois, même réactionnaire, et là vous semblez un petit peu confus... Un peu de verveine?
SupprimerCa y est, je viens de le voir.
RépondreSupprimerSympa d'avoir un ancien enfant soldat dans son immeuble, qui le soir vous jette des pierres dans les fenêtres car vous avez osé lui dire de faire moins de bruit.
Pour certains habitants, on doit pas être loin du cauchemar.
Bon week-end Suzanne.
Ce type est visiblement un dingue, un fou dangereux, un malade qui devrait être empêché de nuire.
SupprimerJe n'ai pas vu le reportage.
RépondreSupprimerMais votre billet et les commentaires ci-dessus me rappellent que j'avais parcouru la ZUP de Blois en compagnie d'un architecte du Conseil en architecture, urbanisme et environnement, il y a une quinzaine d'années. Ça craignait: dégradations, cage d'escaliers qui sentent l'urine, dealers en bas des immeubles, carcasses de voitures crâmées. L'architecte m'avait expliqué que le projet de départ avait pourtant pour seule ambition de donner aux premières générations du baby-boom des logements décents dans un cadre de vie agréable. Entre chaque barre d'immeuble, on avait d'ailleurs prévu des espaces verts. Or l'architecte m'expliqua que c'étaient justement ces espaces verts, n'en déplaise aux écolos, qui avaient rendu ces quartiers inhospitaliers. Selon lui, c'étaient des espaces sans réelle utilité, des no man's land qui participaient au délitement de l'espace urbain: ils faisaient chuter la densité de population et desserraient ainsi le tissu social. Ses arguments m'avaient frappé.
J'avoue que je ne saisis pas très bien la pertinence de ces arguments.
RépondreSupprimerJ'avoue aussi que je ne comprends pas très bien pourquoi on a donné l'ordre à la police de ne plus entrer dans ces quartiers. Enfin, je comprends mais je trouve ça horrible.
En fait, cet architecte avait une approche fonctionnaliste de la ville: les différentes parties de l'espace urbain doivent répondre à des besoins -logements, services, entreprises, commerces... Selon cette conception, les espaces verts doivent être entretenus et fermés, comme n'importe quel autre espace, et destinés explicitement à la promenade et aux loisirs. Or, dans la ZUP, les espaces verts qui s'étirent entre les barres d'immeubles n'ont aucune fonction, hormis donner l'impression d'un simulacre de nature. Ce sont souvent des non-lieux qui accentuent l'étalement urbain et la sensation d'isolement: ils sont voués à se dégrader et génèrent de l'insécurité. Bref, cet architecte a changé mon regard sur les espaces verts en ville...
SupprimerBon, pardonnez-moi d'avoir été si long... Comme Nicolas, je devrais peut-être en faire un billet.
Noix Vomique : d'accord. Tout le monde pense que les espaces verts autour des immeubles c'est bien. Dans la Zup sud de Rennes, il y a de grandes pelouses, des tilleuls et d'immenses chênes dont les branches chatouillent les balcons. Ce n'est pas délabré. Avec métro et les pistes cyclables, on est à cinq minutes du centre ville. Rien ne sépare cette zone des autres quartiers, enfin pas de périphérique ou de frontière matérielle. Les enfants jouent dans des petits parcs pour eux avec des jeux, au pied des immeubles, et si les plus grands crament les poubelles, ils vous tiennent aussi la porte du bas de l'immeuble. Depuis quelques années, ça craint de plus en plus, la violence et les trafics en tous genres augmentent, et ceux qui peuvent partir le font. J'ai connu cet endroit beaucoup plus habitable.
SupprimerVilleneuve, une utopie de la 2e gauche mais une utopie qui a très longtemps fonctionné.Avec du partage, des lieux prévus pour être ensemble.
RépondreSupprimerpar contre le reportage uniquement à charge oublie les énormes vies associatives et collectives du quartier.J'invite tout le monde à aller voir.
RépondreSupprimerRomain, je crois que les auteurs du reportage ont voulu questionner les responsables d'associations, mais qu'ils ont refusé par peur de se faire agresser, car certains d'entre eux l'avaient déjà été. Mais c'est vrai: il y a des hommes de bonne volonté et des associations actives qui méritent d'être soutenues. Il est question aussi d'implanter un commissariat de police dans les lieux.
RépondreSupprimerUn œil a publié un billet sur un sujet parallèle. J'espère n'être pas hors-sujet, Suzanne.
RépondreSupprimerJe l'ai lu. Je ne connaissais pas cette cité Disney, la description est assez cauchemardesque.
SupprimerMarinaleda, le Familistère de Godin... C'est intéressant les projets (et les échecs) des cités idéales.
Ah, la Villeneuve. C'est un des premiers trucs qu'on apprend quand on est étudiant à Grenoble : éviter de traîner seul dans le sud de la ville le soir.
RépondreSupprimerOn a repoussé l'aéroport de Grenoble derrière les montagnes, on s'est retrouvé avec un grand espace à urbaniser, et on a cru qu'il suffirait de construire des grands équipements (Alpexpo, Summum, centre commercial Grand Place) et des immeubles pour donner vie à un quartier.
La Villeneuve, c'était une utopie socialiste de mixité sociale. La gauche Dubedout y croyait tellement qu'elle refusait de voir que les plus aisés se barraient au bout de quelques années, et la droite Carignon (qui a gagné la ville en 1983) a enterré l'idée de mixité sociale, préférant consacrer son argent à construire un beau quartier d'affaires (qui a beaucoup endetté la ville)…entraînant encore davantage Villeneuve/Village Olympique dans la pauvreté.
Et puis maintenant… Grenoble est une grosse ville universitaire/scientifique, avec l'électorat bobo qui va avec (22 % pour la liste autonome des Verts aux municipales !), une droite incapable de se débarrasser de l'ombre de Carignon. Continuer à laisser pourrir la Villeneuve, c'est un bon moyen pour la gauche de s'assurer des quartiers pauvres qui voteront pour eux,et ça évite de faire du sécuritaire qui pourrait faire peur aux bobos.
Un sacré gâchis…